En misant sur un corridor maritime direct avec l'Europe du Nord, le Maroc renforce son autonomie logistique et accélère la transition vers un modèle d'exportation plus souverain et durable. Le lancement du Moroccan Reefer Service (MRS) marque une rupture avec les circuits traditionnels, offrant des délais plus courts, un meilleur contrôle des flux et une réduction significative de l'empreinte carbone. Avec la mise en service du Moroccan Reefer Service (MRS), une ligne maritime reliant directement Agadir et Casablanca aux ports de Thamesport au Royaume-Uni et de Rotterdam aux Pays-Bas, le Maroc amorce un tournant stratégique. En effet, cette nouvelle initiative est portée par un partenariat structurant entre Samskip, spécialiste européen de la logistique multimodale, et le Moroccan Fruit Board, qui regroupe les grands exportateurs marocains. À travers ce service maritime, le Maroc gagne un levier direct sur ses flux commerciaux, particulièrement dans le secteur des fruits et légumes, un pilier de ses exportations agricoles. MRS vise à offrir des temps de transit porte-à-porte parmi les plus compétitifs du marché. En combinant des conteneurs frigorifiques de 45 pieds (compatibles avec les standards du transport routier) et une intégration logistique de bout en bout, les marchandises marocaines peuvent atteindre l'Irlande en seulement six jours, contre des délais bien plus longs via les circuits classiques mêlant ferry et route. L'accès rapide aux marchés de Suède, Norvège, Finlande, Pologne ainsi que des pays baltes est également facilité grâce au réseau européen de Samskip. Mais au-delà de la performance commerciale, ce service s'inscrit dans une démarche écologique forte. Samskip estime que le recours à cette route maritime réduit jusqu'à 80 % des émissions de CO2 par rapport au transport routier intégral, selon les médias. Une donnée essentielle dans un contexte de transition énergétique mondiale, et un atout compétitif pour les exportateurs marocains sur un marché européen de plus en plus exigeant en matière de durabilité. En outre, l'année 2025 illustre d'ailleurs l'accélération de cette stratégie. Le Maroc a consolidé son autonomie logistique grâce à des performances records dans ses infrastructures portuaires et des investissements massifs dans la chaîne du froid. À Tanger Med, le trafic commercial global a progressé de 11,6 % au premier semestre 2025, tiré notamment par une croissance de 15,5 % des opérations de transbordement, selon les données dévoilées par le ministère de l'Equipement et de l'Eau. Le complexe devrait dépasser les 10,5 millions de conteneurs EVP traités d'ici fin 2025. Parallèlement, le Subnational climate fund (SnCF), en collaboration avec le Green Climate Fund, injecte 150 millions de dollars dans le développement d'infrastructures frigorifiques via Ifria Cold Chain Development, avec pour objectif de mobiliser 750 millions en vue de renforcer la sécurité alimentaire au Maghreb, selon les données du Global Innovation Lab for Climate Finance. Par ailleurs, sur le terrain, les résultats sont éloquents. Au premier trimestre 2025, les exportations marocaines de fruits et légumes vers l'Espagne ont atteint 188 076 tonnes pour une valeur de 481 millions d'euros, soit une hausse de 24 % en volume et 23 % en valeur par rapport à 2024, selon les statistiques récentes de la Fédération espagnole des associations de producteurs et exportateurs de fruits, légumes, fleurs et plantes vivantes (FEPEX). Aujourd'hui, le Maroc représente 33 % des importations de fruits et légumes de l'Union européenne, selon les médias, confirmant sa position de leader sur le marché espagnol et sa capacité à diversifier ses débouchés, notamment à travers les petits fruits et les agrumes.