À Fès, le scandale du lixiviat a conduit les autorités à envisager une désodorisation temporaire des bassins de stockage, pour un coût supérieur à 20 millions de dirhams. Cette solution soulève des questions sur son efficacité, tandis qu'un transfert vers la station de traitement de Meknès apparaît comme une alternative plus durable. À la suite du scandale du lixiviat à Fès, les autorités locales envisagent un plan d'urgence visant à atténuer temporairement les odeurs des bassins de stockage. Selon les médias, cette solution provisoire, dont le coût dépasserait 20 millions de dirhams, suscite de vives interrogations sur son efficacité et sa pertinence économique, surtout dans un contexte où l'urgence de la CAN impose une visibilité rapide de la ville. Le dispositif proposé repose sur la pulvérisation de produits spécifiques via des canons à brouillard pour neutraliser les nuisances olfactives. L'objectif affiché est de limiter les désagréments pour les visiteurs et les délégations officielles pendant la compétition. Cependant, cette mesure demeure avant tout cosmétique : le lixiviat stocké conserve son volume et son potentiel polluant pour la nappe phréatique, laissant intacte la problématique environnementale de fond. Lire aussi : Casablanca mise sur l'énergie des déchets pour verdir son avenir urbain Le coût de cette initiative suscite de vifs débats. Certains experts estiment qu'allouer plus de 20 millions de dirhams à une solution provisoire, alors qu'une station de traitement complète reviendrait à environ 80 millions, illustre un dilemme entre gestion immédiate de crise et planification à long terme. Pour beaucoup, ce choix reflète un gaspillage de ressources publiques, révélant la tension entre la nécessité d'agir rapidement et l'urgence d'investir dans des solutions durables. Les autorités centrales paraissent également réservées, jugeant ce projet onéreux, peu efficace et symptomatique d'une approche de facilité, plutôt que d'une véritable ambition environnementale. Dans ce contexte, une solution plus pragmatique semble se profiler : d'après plusieurs experts consultés, le lixiviat pourrait être acheminé vers la station de traitement de Meknès, exploitée par Suez. Ce transfert, organisé via un dispositif logistique de camions-citernes, serait estimé à 2 ou 3 millions de dirhams, soit dix fois moins que le projet de désodorisation. Selon ces mêmes spécialistes, cette approche permettrait de traiter efficacement le lixiviat, de réduire sensiblement les nuisances olfactives et de limiter les risques environnementaux. Elle pourrait en outre constituer une solution transitoire en attendant la construction d'une station permanente à Fès, conforme aux normes environnementales et économiquement durable. Fès se trouve ainsi à un carrefour stratégique : choisir une solution coûteuse pour sauvegarder l'apparence de la ville à court terme ou opter pour une démarche rationnelle, durable et respectueuse de l'environnement. La décision prise aura des conséquences directes sur l'image de la ville pendant la CAN, mais également sur la qualité de vie de ses habitants pour les années à venir.