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Le Monde et sa chronique mondaine déguisée en enquête – 5/6
Publié dans Maroc Diplomatique le 01 - 09 - 2025


Messieurs Ayad et Bobin,
Votre entrée en matière se veut grave, mais elle sonne creux. Vous annoncez des « secrets de palais », et le lecteur découvre... un carnet mondain. À vous lire, l'Etat marocain se réduit à un plan de table : qui dîne, qui manque à l'appel, qui salue. Un banquier « écarté » d'un iftar devient « affaire d'Etat », une absence à la prière se mue en symptôme de crise. Voilà votre science politique ; le menu des convives élevé au rang d'analyse. Ce n'est pas une enquête que vous livrez, c'est du commérage pur et simple. Pas d'archives, pas de documents, seulement des « il paraît », « dit-on », « suppute-t-on ». Autant d'incantations qui feraient sourire n'importe quel lecteur attentif. Vous transformez les rumeurs en preuves, le conditionnel en certitude. C'est, bien entendu, la rhétorique des chroniqueurs de Cour, pas celle de journalistes sérieux.
Pire, vous vendez comme « mystère marocain » ce qui n'est que mécanique ordinaire du pouvoir à savoir cercles d'influence, rivalités discrètes, fidélités anciennes. Rien d'exotique, rien de mystérieux puisque le même jeu se joue à Rabat, Paris ou Washington. Mais vous enrobez cela du mot « makhzen », comme des ethnologues fascinés par un rituel qu'ils ne comprennent pas. Et parce que le réel vous échappe, vous inventez un casting qui amuse, mais qui ne dit rien du fond : « vice-roi », « super-flic », « prince rouge »… Un feuilleton mais surtout pas un reportage. Et pendant que vous brodez sur les humeurs d'un salon, le Maroc agit : stabilité intérieure, projection africaine, défense du Sahara, modernisation économique. Voilà la politique, la vraie, que vous contournez. Votre prétendue « enquête » n'ouvre aucune porte du palais, elle reste au vestibule, collée aux échos de rumeur.
Invitations Royales, signes de disgrâce ou ragots de salon ?
Messieurs,
Vous ressortez Othman Benjelloun comme une vieille ficelle dramatique … invité, désinvité, réinvité, et vous en faites l'alpha et l'oméga de la vie politique nationale. Or ce que vous baptisez « disgrâce » n'est qu'un banal protocole, un siège déplacé, une distance mondaine, l'équivalent de ce qui arrive à l'Elysée chaque semaine. Rien d'une rupture d'Etat, rien d'une crise de régime, rien d'un exil politique. Mais sous votre plume, un carton manquant devient séisme institutionnel. Sauf que les faits, eux, ne tremblent pas. Benjelloun est toujours patron de son groupe, acteur majeur de l'économie, partenaire durable de l'Etat. Où est donc la « chute » ? Dans vos colonnes, seulement, où une mondanité anodine se grime en révélation.
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Puis vous brandissez un deuxième « scoop » : l'absence de Yassine Mansouri à la mosquée de Tétouan ! Un homme manque, et vous fabriquez une guerre froide au sommet. Vous rêvez de luttes de clans, de « yoyo des éminences ». Mais voyons, Mansouri dirige le renseignement extérieur et sa mission est l'ombre, pas la parade. Croyez-vous qu'un chef des services secrets valide son autorité en serrant des mains devant vos carnets ? Faudrait-il qu'il défile en fanfare pour rassurer deux reporters en mal de symboles ? L'Etat n'est pas une scène de Molière, et chaque absence n'a pas valeur de tragédie. Les responsables d'Etat ont des missions, des contraintes, parfois des raisons de ne pas être visibles à tel ou tel moment. Le reste, c'est votre imagination qui meuble.
Encore une fois, vous grossissez un détail jusqu'à l'absurde. Là où le lecteur attend l'analyse d'un système, vous lui servez des potins habillés de formules emphatiques. Vous promettiez l'« art des secrets » ; vous livrez la mécanique du ragot. En somme, vous confondez l'Etat avec la rubrique mondaine. Et tandis que vous scrutez des plans de table, Rabat gouverne. Voilà la vraie distance entre vos pages et la réalité.
Le « cœur du réacteur » et le mythe du makhzen figé
Messieurs,
Encore une fois, vous sortez le mot « makhzen » comme d'autres exhibent un talisman. Prononcez-le, et aussitôt surgissent vos fantasmes d'alcôves et de complots feutrés. Chez vous, le terme devient fétiche ; bloc monolithique, « cœur du réacteur », énigme insondable... Bref, un décor d'Orient mystérieux taillé pour vos lecteurs, plus qu'une analyse politique. Sauf que ce « makhzen » n'est rien d'autre que ce que vous appelez, chez vous, Etat, avec ses continuités, ses réseaux, ses contre-pouvoirs, ses institutions qui se perpétuent et s'adaptent. À Paris, vous l'appelez République ; à Rabat, vous préférez l'étiquette « makhzen », parce que l'exotisme fait vendre.
Et pour donner du lustre, vous convoquez l'étymologie arabe comme une incantation de bazar. Toutefois, la dynastie alaouite n'est pas un folklore, c'est une institution de quatre siècles, qui a traversé protectorats, crises régionales, bouleversements mondiaux. Preuve en est que si le Roi Mohammed VI en a préservé les fondamentaux, ce n'est pas par frilosité mais par lucidité. Aussi ne démolit-on pas une architecture d'Etat séculaire pour satisfaire l'appétit narratif de quelques éditorialistes parisiens. Par ailleurs, ce que vous baptisez « énigme » est une continuité. Ce que vous maquillez en mystère oriental est une stabilité politique. Votre « cœur du réacteur » n'a rien de secret. C'est simplement un Etat qui dure, un luxe que vos lecteurs, peut-être, envieraient si vous aviez le courage de l'admettre.
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Fouad Ali El-Himma, ou votre obsession du « vice-roi »
Messieurs,
Vous adorez affubler Fouad Ali El-Himma d'un costume de « vice-roi », Richelieu oriental, comploteur en djellaba, cardinal de l'ombre. Un rôle taillé bien évidemment pour vos récits mais loin de la réalité. Ironie de circonstance, c'est un secret de polichinelle que El-Himma est... le premier et principal Conseiller du Roi. Rien de clandestin ni de mystérieux, rien de sulfureux ; une fonction officielle, assumée, inscrite dans les institutions. Mais pour vous, dire « Conseiller » est trop terne, il faut enjoliver, inventer un monstre de coulisses. Vous lui prêtez des revers, des humiliations, des victoires clandestines, toujours racontées comme des saynètes de coulisses. Pourtant, son rôle n'a jamais été masqué, il a fondé le PAM, ce parti n'a pas gagné les élections, point final. Preuve, soit dit en passant, que le Maroc connaît une compétition électorale réelle, ce que vos lignes refusent d'admettre. Mais réduire une défaite à de la « domestication » politique, c'est cracher sur le fait même du suffrage.
Et puisqu'on y est, laissez-moi vous dire que votre obsession trahit votre biais. Chez vous, un Conseiller influent est une « éminence grise » ; à Washington, un « Beltway insider » ; à Londres, un « mandarin de Whitehall ». Normal, banal, institutionnel. Mais à Rabat, vous sortez le mot magique « makhzen » et hop, complot ! Deux poids, deux mesures. Quand c'est chez vous, c'est l'Etat. Quand c'est chez nous, c'est l'intrigue. Voilà votre objectivité. Et quand le Roi choisit d'alléger un protocole ou de supprimer un discours, vous y voyez des « caprices ». Sérieux ? C'est ce qu'on appelle l'adaptation lucide d'une institution aux exigences de modernité. Mais il est plus commode, n'est-ce pas, de transformer la simplification en lubie et le pragmatisme en tropisme.
Voilà où vous en êtes, là où il y a continuité, vous collez des conspirations et là où il y a stratégie, vous inventez des cabales. Pour ne pas changer, là où il y a pragmatisme, vous fabriquez des caprices. C'est dire que loin de décrire un Etat, vous fabriquez une fable orientaliste. Fouad Ali El-Himma n'est pas votre « vice-roi » fantasmé. Il est ce qu'il a toujours été : un Conseiller d'Etat, canal assumé d'un système qui gouverne au grand jour, pas dans vos ombres de théâtre.
La garde rapprochée et le « club des sept »
Messieurs,
Vous nous servez le Cabinet Royal comme une loge maçonnique, un « club des sept » sorti de vos fantasmes. El-Himma devient votre « vice-roi », Majidi « 3M » aux poches profondes, Mansouri « civil parachuté »... On se croirait dans le générique d'un soap-opera. Mais derrière vos sobriquets de pacotille, il n'y a pas d'intrigue, juste un Cabinet Royal pluridisciplinaire avec ses juristes, diplomates, économistes, banquiers. Autrement dit, des Conseillers d'Etat comme il en existe partout. À part que chez vous, c'est l'administration ; chez nous, vous le transformez en « cœur de l'ombre ».
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Quant à André Azoulay, vous l'enfermez dans une carte postale « vivre ensemble », oubliant qu'il a façonné des politiques culturelles et diplomatiques, saluées bien au-delà du Maroc. Mais évidemment, vos lunettes parisiennes préfèrent l'anecdote folklorique aux faits tangibles. La vérité, Messieurs, est claire. Le Roi Mohammed VI s'entoure de fidèles, comme Kennedy plaçait ses frères au cœur du pouvoir, comme De Gaulle gouvernait avec son Etat-major de confiance. Etait-ce une monarchie occulte ? Non. C'était l'Etat en action. Partout ailleurs, normalité ; au Maroc par contre, « makhzénisation ». Hypocrisie assumée.
Au fond, vous ne faites pas de politique, vous fabriquez plutôt du storytelling. Un « club des sept » digne d'un polar, un « vice-roi » en carton-pâte, un « gérant de fortune » nourri de fantasmes. Mais derrière vos effets de manche, un constat s'impose, c'est que le Maroc fonctionne avec un appareil d'Etat solide, qui produit de la stabilité, trace une ligne, obtient des résultats. Le reste, vos insinuations mondaines, ne relèvent pas de l'analyse politique, mais de la littérature de gare.
Oligarques, Akhannouch et l'économie
Messieurs,
Vous présentez Aziz Akhannouch, comme « l'ami du Roi », parachuté Premier ministre par « caprice Royal » insinuant une mainmise arbitraire. Omission utile : il a gagné les élections de 2021, son parti a été choisi par les urnes et la Constitution impose sa nomination. Ce n'est donc pas une faveur mais une règle institutionnelle. Qu'il soit entrepreneur n'est pas une tare ; Trump, Berlusconi ou vos ministres millionnaires ne vous choquaient pas autant. Vous agitez ensuite la « bombe sociale » du Mondial 2030, oubliant que bâtir des infrastructures est un choix de développement. Le Roi a reconnu les fractures du pays, et c'est par lucidité et courage et pas un aveu de faiblesse. Chez vous, on parlerait de responsabilité ; ici, vous y voyez désarroi et panique. Toujours le même biais : l'Europe s'autocritique, l'Afrique s'effondre.
Vous opposez artificiellement « oligarques » et « sécuritaires », comme si Rabat n'était qu'un ring de clans. Vous feignez d'oublier, bien sûr, de dire que ces forces s'articulent et produisent des résultats ( croissance, stabilité, investissements, partenariats stratégiques). Si c'est cela une « guerre de clans », bien des pays développés rêveraient d'en avoir une aussi efficace. Venons-en à votre refrain qui reste le même : « le Roi décide tout ». Or les élections tranchent, les partis s'affrontent, le Parlement fonctionne. Faut-il rappeler que le PJD n'a pas perdu dans un salon mais dans les urnes ? Vous réduisez une mécanique institutionnelle à une caricature orientaliste : « le Roi gratifie, le Roi retire ». Non. Il arbitre et protège la stabilité.
En somme, derrière vos clichés d'orientalisme de salon, la réalité est autre. Le Maroc avance, construit, arbitre et assume. Vos « révélations » sont des fables ; nos institutions, elles, fonctionnent. Vous prenez des tensions normales pour des fractures fatales et rêvez d'un Maroc à genoux, alors qu'il progresse en les maîtrisant.
Montée des sécuritaires : votre film noir, notre sécurité nationale
Messieurs,
Vous agitez les « sécuritaires » comme un épouvantail, transformant le Maroc en décor de film noir, peuplé de flics ombrageux et de luttes de clans, sauf que la réalité est moins romanesque. Après Casablanca 2003 et ses cinquante morts, le Royaume n'a pas eu le luxe de l'angélisme. Il s'est doté d'outils modernes pour protéger des vies. Vous appelez cela « raidissement » ; nous appelons cela « responsabilité ».
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Et pour le grand frisson orientaliste, vous transformez Abdellatif Hammouchi en personnage de théâtre gothique. Muraille un jour, rival jaloux le lendemain. Belle fiction. Un petit rappel utile ? Il a consolidé la coopération sécuritaire avec l'Europe, empêché des attentats, démantelé des cellules djihadistes et fait du Maroc un partenaire clé d'Europol, d'Interpol et de la CIA. Bruxelles, Madrid et Paris (le vrai, pas le vôtre), parlent de « coopération vitale » dans un monde ravagé depuis 2011 ; vous, de « dérive autoritaire ». Quand l'Europe profite de nos services, c'est une bénédiction mais quand le Maroc les renforce, c'est une menace. Belle constance dans l'hypocrisie.
Quant au Rif (2016-2017), vous tronquez encore une fois les faits. Oui, il y a eu des protestations sociales, mais aussi des violences et des dérives séparatistes. Aucun Etat n'aurait toléré une insurrection rampante ; ni la France avec les Gilets jaunes, ni l'Espagne avec les Catalans, ni les Etats-Unis avec le Capitole. Mais au Maroc, maintenir l'unité nationale devient « tyrannie ». Pour la suite, votre récit est cousu du même fil. Vous inventez une « guerre » DGST contre DGED, comme si l'Etat marocain était condamné à l'intrigue de clans. En réalité, c'est un équilibre fonctionnel, une complémentarité institutionnelle. Chaque appareil ( sécurité intérieure, renseignement extérieur, forces armées ) a sa mission. Des rivalités existent ? C'est tout comme entre la DGSI et la DGSE en France, ou le FBI et la CIA aux Etats-Unis. Cela s'appelle, en principe, bureaucratie, pas apocalypse. Ce que vous érigez en drame marocain est en vérité une mécanique universelle de la gouvernance.
Et bien sûr, il fallait que ça sorte ! Vous citez la fuite de Mehdi Hijaouy comme preuve d'une « guerre d'appareils ». Or c'est la démonstration d'un Etat qui sanctionne et assainit ses rangs, ce qui prouve que nul n'est au-dessus de l'institution. Vous voyez « nervosité » là où il y a vitalité. Cela révèle surtout votre manque de culture institutionnelle. Si le Maroc était figé, vous crieriez au blocage ; s'il évolue, vous criez à la crise. Décidément, quoi qu'il fasse, il sera coupable dans vos colonnes.
Au bout du compte, votre grand final se voulait révélation, il n'est qu'un ressassement : intrigues, colères royales supposées, successions fantasmées... Bref, l'éternelle rengaine orientaliste servie à chaque génération par des observateurs qui n'ont jamais admis qu'une monarchie marocaine puisse durer, se réformer et s'affirmer comme une puissance régionale. Vous parlez d'« incertitude », mais la Constitution, la dynastie et l'héritier assurent la continuité d'un Etat stable, envié dans la région. Avouez que là où vous voyez complots, il y a doctrine de sécurité nationale. Là où vous dites autoritarisme, il y a stabilité. Votre série n'aura révélé qu'une chose : votre malaise face à un modèle qui ne rentre pas dans vos cases. Vous rêviez de la chute d'un trône, vous n'avez trouvé que sa résilience. Vous rêviez d'un trône vacillant, vous tombez sur une monarchie debout. Votre énigme n'en est pas une, c'est simplement la solidité d'un Etat.
Le poids de la famille Royale ou l'art du voyeurisme déguisé en analyse
Messieurs Ayad et Bobin,
Faute de trouver des failles en diplomatie, économie ou sécurité, vous vous rabattez sur la rubrique people. Et soudain, votre « enquête » ressemble moins à Le Monde qu'à Voici. Mariages, divorces, cousins, héritiers … vous ne parlez plus d'institutions, mais de vie privée. Et, bien sûr, vous consacrez votre climax à Lalla Salma. Divorce et vie privée transformés en clé de lecture politique. En France pourtant, les présidents divorcent, refont leur vie, élèvent leurs enfants, et vos éditorialistes classent cela en rubrique société. Au Maroc, c'est vendeur ! Vous criez à la crise d'Etat. Hypocrisie ou voyeurisme ? Les deux.
La vérité, pourtant, est plus simple. La monarchie marocaine est une institution qui assume sa fonction dynastique avec sérieux. Elle a toujours su concilier continuité dynastique et adaptation au temps présent. Le Roi prépare son fils, protège sa famille, confie à ses sœurs des missions publiques et accepte même la voix dissidente d'un cousin critique. C'est une continuité, pas une faiblesse. Où est donc le scandale ? Louis XIV, la Reine Elizabeth II, Hassan II … toutes les monarchies s'assurent de la visibilité de l'héritier et du rôle de la famille. Mais ce qui est routine à Londres ou Madrid devient, dans vos colonnes sur le Maroc, une énigme exotique.
Vous savez quoi ? Votre texte tourne en rond parce qu'il manque d'angle. Votre obsession familiale trahit surtout un vide d'analyse ; à défaut de comprendre une monarchie de quatre siècles, vous fouillez dans les albums de famille. Mais un Etat ne se gouverne pas en pages people, et un trône ne vacille pas parce que deux journalistes parisiens se prennent pour des chroniqueurs mondains.
Le Monde contre les faits
Messieurs Ayad et Bobin,
Finalement, votre « plongée au cœur du pouvoir » n'est qu'un patchwork de ragots, de surnoms romanesques et de clichés orientalistes. Vous promettez des secrets, vous livrez des bruits de couloir. Vous cherchez du mystère, vous recyclez des rumeurs. Ce que vous appelez « secrets de palais » n'est finalement qu'un mélange d'anecdotes, d'exagérations et de clichés. Vous cherchez des mystères, vous ne trouvez que des hommes et des institutions qui font ce qu'ils doivent : gouverner, arbitrer, protéger. Et pendant que vous imaginez des intrigues d'alcôves et que vous fabriquez un feuilleton, le Maroc construit des faits.
Votre « énigme Mohammed VI » n'expose rien sinon vos obsessions de « favoritisme », « rivalités », « caprices ». Vous confondez rivalités bureaucratiques avec guerres de palais, gestes familiaux avec drames d'Etat, ajustements institutionnels avec « crises ». Or les faits, eux, sont concrets. Le Maroc est un Etat qui investit, modernise, sécurise et s'impose comme une puissance régionale. Vous, vous restez bloqués dans vos fantasmes de Cour.
À dire vrai, votre texte dit plus sur vos préjugés que sur notre réalité. Vous fixez l'objectif sur les coulisses pour ne pas montrer la scène. Mais l'histoire ne s'écrit pas dans vos apartés de salon, elle se construit sur le terrain.
Bref, votre « enquête » est un roman d'été qui se lit vite, s'oublie plus vite encore … et n'explique rien.


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