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Quand l' « autre Monde » se prend pour le psy du Palais 2/6
Publié dans Maroc Diplomatique le 27 - 08 - 2025


Lettre ouverte à Christophe Ayad et Frédéric Bobin
Messieurs,
Vous persistez, vous signez... et vous psychanalysez. Après un premier épisode, voici le deuxième : toujours la même posture condescendante, toujours le même fil narratif. Après avoir caricaturé Hassan II en « autocrate égomaniaque », voilà qu'on nous brosse son fils en « prince timide, complexé, fêtard ». Vous enterrez le père pour délégitimer le fils. Vous vous muez en psychanalystes improvisés et vous convoquez Freud en CDD dans votre Rédaction, Lacan en pigiste, et deux ou trois diplomates anonymes pour faire sérieux. Mais quand la caricature prétend remplacer l'Histoire, ça devient gênant. On ne lit pas une enquête, on feuillette un roman colonial, où l'Oriental doit rester mystérieux, fragile, extravagant, surtout pas souverain.
Vingt-six ans. Il vous aura fallu vingt-six ans de règne, de réformes, d'infrastructures, d'ouvertures africaines et internationales, d'énergie et de diplomatie pour que Le Monde se réveille, l'œil humide, pour nous livrer... l'enfance « difficile » de Mohammed VI et son père « trop sévère », les boums, les films d'horreur, les rancunes de famille. À ce rythme, on attend la page sur la description du doudou préféré de l'enfant de l'époque et l'horoscope du Roi ! Pourquoi exhumer les carnets d'écolier d'un Souverain qui a déjà marqué l'Histoire de son pays ? Pourquoi attendre vingt-six ans après l'accession au trône pour déterrer les souvenirs et les boums d'un adolescent Royal des années 1970, les colères paternelles, les anecdotes invérifiables ? Pour la simple raison que quand les faits résistent, on attaque l'homme. Quand le bilan gêne, on sort la loupe psychologique. Et quand on manque de preuves, on convoque le « dit-on ». Du grand journalisme ? Tant s'en faut. Plutôt un exercice d'acharnement, et surtout, une démonstration que quand on n'arrive pas à attaquer un règne sur ses réalisations, on choisit la psychanalyse de salon. Mohammed VI a gouverné plus d'un quart de siècle, traversé des crises régionales, lancé des réformes inédites, mais Le Monde décide de juger... l'enfant qu'il fut. Tout ce qu'il a fait est balayé, remplacé par des histoires de soirées à l'Amnesia, d'amitiés avec des boxeurs, de rumeurs médicales. Il faut bien dire qu'avec vous, l'intime se travestit en arme politique.
Mais quand même, votre méthode est un manuel. Blanchir la page, puis écrire « page blanche » après avoir gommé les faits. Effacer la formation, l'apprentissage, la transmission d'Etat, et baptiser cela « mystère ». Psychologiser les états d'âme et surtout pas de politique publique, d'économie, d'Afrique, d'énergie. Substituer l'anecdote au fait comme une piscine à Skhirat, un disque de go-go, un jean déchiré dans le Marais et vous croyez tenir le pays. Comme si l'histoire d'un Roi marocain devait forcément se lire au travers de regards occidentaux. Votre pièce a sa dramaturgie : d'un côté la « fragilité intime » (timidité, père écrasant, soupçons de maladie), de l'autre l'extravagance royale (boîtes, cadeaux, villas). Montage parfait pour conclure que l'homme est inapte et le règne, décoratif. C'est habile mais ce n'est pas honnête. Vous croyez révéler des secrets ? C'est dans Paris Match depuis vingt ans. Le Marocain de la rue, lui, n'a jamais été aveugle : il sait que son Souverain vit dans l'aisance. Ce n'est pas un scoop, c'est du recyclage.
Alors soyons sérieux ! Le Roi Mohammed VI que vous caricaturez est celui qui a changé la physionomie du pays, consolidé ses institutions, articulé sa stratégie africaine, et porté des chantiers qui dépassent de très loin vos rubriques de « Nuits parisiennes ». On juge un Souverain à son œuvre, pas à son carnet intime. Mais que dire ? À Rabat, on construit ; chez vous, on commente. L'Histoire sait faire la différence. Vous appelez cela « L'énigme Mohammed VI ». Mais finalement, l'énigme n'est pas Mohammed VI, l'énigme, c'est votre obstination à confondre analyse et commérage mondain, Histoire et psychologie de salon. Et surtout votre confort à appliquer un double standard : glamour indulgent pour certains trônes européens ou pétroliers ; inquisition voyeuse pour le Maroc.
Nous allons donc, dans cette lettre, rendre à la réalité ce que votre feuilleton lui a pris : la complexité d'un règne, la dignité d'un pays, et le droit élémentaire, d'être racontés autrement que par vos clichés en noir et blanc. La suite ? Votre « méthode », point par point.
Un Maroc vu à travers vos lunettes parisiennes
Messieurs Ayad et Bobin,
Dans votre épisode 2, la mise en scène est claire : Hassan II est « autocrate égomaniaque », Mohammed VI est « garçon timide et complexé ». Rideau sur la politique, place au casting occidental : Chirac en tonton, Delors en parrain, Clinton en invité inquiet. Le Maroc n'est plus sujet, il devient décor. Là encore votre méthode tient en trois gestes : Occidentaliser le réel. Et donc vos « témoins » sont des diplomates à la retraite, des journalistes européens, des « persona non grata » promus oracles. Et hop ! On croit avoir écrit l'Histoire du Maroc. Les voix marocaines ? Evaporées. Pas d'enseignants du Collège Royal, pas de compagnons de promotion, pas de diplomates africains ou arabes. Paris parle, Rabat se tait. La focale est toujours la même : La France et ses amis jugent, le Maroc subit. C'est un Maroc décor, un Maroc accessoire, un Maroc qui n'est jamais interrogé pour lui-même.
Voilà votre équilibre. Sauf que le Maroc n'est pas un décor pour vos diplomates nostalgiques. C'est un Etat qui se raconte aussi et surtout sans vous. Puis remplacer l'Histoire par le bibelot. La « meule de fromage » de Chirac … scène parisienne jolie et anecdotique, parfaite pour accessoiriser l'Etat et feuilletonner l'homme. Enfin, vous parlez de la Marche verte pour judiciariser par le lexique… Sauf qu'écrire que la Marche verte a « envahi » le Sahara « espagnol » n'est pas informer … c'est juger. Votre impartialité tient en un mot : « envahir ». Un verbe de trop, une vérité de moins. Vous convoquez l'historiographie la plus hostile et l'érigez en fait établi. Disons-le, vocabulaire n'est pas du tout neutre ; chez vous, c'est un verdict. Il trahit le procès idéologique.
LIRE AUSSI : Le Maroc avance, « Le Monde » s'accroche à sa canne
Même votre cortège funèbre fonctionne comme un casting occidental : « Chirac tonton, Clinton débriefé, Juan Carlos de passage ». Le Maroc est vécu par procuration. Et puis vous exhumez « Peu de dirigeants arabes... et la pique sur la Ligue arabe », un propos de Hassan II, extrait comme un trophée, pour opposer le Maroc à son environnement et isoler Mohammed VI avant même d'en parler. Cadrage malin : d'abord l'isolement symbolique, ensuite le portrait psychologisant du fils, un procédé de déstabilisation par l'amont. D'autant plus que le fil rouge de votre récit est cousu main : préparer « le mépris du père » pour accentuer « la fragilité du fils » … Tout est mis en scène pour que la grandeur du père devienne l'ombre portée qui rétrécit le fils. Or, entre 1999 et 2025, le fils a gouverné. Effacer ce morceau d'Histoire c'est de l'amnésie volontaire. J'ai au fait oublié qu'à Paris, vous collectionnez des souvenirs mais à Rabat, nous comptons des réalisations.
Messieurs,
Votre scène d'ouverture funèbre joue sur l'émotion pour mieux infantiliser l'héritier : ferveur populaire, chaleur écrasante... et au premier rang, « un jeune homme perdu ». Rien que ça. Mais le cadrage utile pour transformer un moment d'Etat en cliché psychologique. Mais un deuil d'Etat n'est pas un test de maturité filmé en gros plan. On enterre un père, on ne suspend pas la transmission. Le deuil n'infantilise pas un Etat mais votre cadrage, si. Puis vient le témoin providentiel, l'oracle : « un diplomate français » en vigie de la sécurité marocaine. Encore. Chez vous, l'œil occidental tient lieu de vérité révélée. Le Maroc devient figurant et votre diplomate narrateur. À ce compte-là, changez le titre : L'énigme du Quai d'Orsay.
Même les jugements viennent surtout de diplomates, journalistes ou hauts fonctionnaires européens. C'est un biais récurrent, la jeunesse de Mohammed VI est interprétée non pas par ses choix propres mais par le regard que portaient sur lui les élites occidentales. Ainsi votre « page presque blanche » n'est pas un constat, c'est l'aveu d'un choix d'écriture. Pour imposer l'effet « mystère », vous gommez vingt ans de formation Royale, de travail académique, de maîtrise des langues, d'Etat-major, d'ouverture culturelle, de réseaux diplomatiques construits dès les années 1980, de fonctions protocolaires et militaires, d'apprentissage des équilibres internes. Vous voyez bien que la page n'est pas blanche, vous l'avez délibérément blanchie. Ici, le choix narratif est de dénigrer plus que d'analyser. C'est dire que votre soi-disant enquête opère un glissement délibéré du politique vers le voyeurisme.
Ensuite, vous nous gratifiez de l'arsenal de la psychologie de comptoir. « soulagé », « effrayé », « morigéné par le cousin »... Vous montez des scènes familiales pour expliquer une transition d'Etat, or la transition marocaine est une mécanique constitutionnelle et sécuritaire maîtrisée, pas un huis clos d'humeurs. Vos scènes rassasient la curiosité mais elles n'expliquent rien. Et la pierre lancée puis la prudence … voici la méthode maison. Accuser, puis se couvrir. Vous écrivez que le Roi « en gardera une rancœur décuplée », puis vous concédez « anecdote difficile à faire confirmer ». La rumeur comme carburant, la parenthèse comme assurance. Rumeur en gras, prudence en italique, belle méthode mais simpliste. Même ficelle pour Le360. Le qualifier « d'organe officieux » est un procès d'intention qui permet de disqualifier toute contradiction à l'avance. Pratique rhétorique ainsi toute dénégation marocaine est écartée d'avance. Si le Palais ne répond pas, c'est qu'« il cache », s'il répond via un média local, « c'est officieux », et s'il parle officiellement, ce sera « langue de bois ». Cadre perdant-perdant.
Voyons voir encore. « Jamais il ne pardonnera une offense ». Vous confondez la rancune personnelle et la raison d'Etat. Ecarter Driss Basri, l'homme des années de plomb, devient dans vos colonnes une vendetta familiale. Le monde entier a salué ce geste comme une libération démocratique ; mais vous, vous le transformez en règlement de comptes. Vous allez encore plus loin : « jamais eu à traiter des affaires de l'Etat ». Quel syllogisme paresseux ! Vous passez des fonctions protocolaires (données) à l'inexistence d'expérience (conclusion). Entre les deux c'est le vide. Quant à la citation bonbon « jamais placé en situation de responsabilité », rappelons une évidence : responsabilité ne veut pas dire micros. La monarchie marocaine forme ses héritiers loin des caméras. Mais c'est un fait, au Monde, vous confondez parole et pouvoir ; au Maroc, on distingue communication et gouvernance.
Somme toute, vous faites de la psychologie là où il faudrait faire de la politique. Et sachez-le, un diplomate français n'est pas le miroir de notre pays, tout au plus votre alibi.
Un focus psychologique... et un voyeurisme paresseux
Messieurs,
Une enquête sérieuse confronte un dirigeant à son œuvre et aux réalités de son règne. La vôtre, elle, s'obstine à confondre Histoire et album intime. Vingt-six ans de règne, et que retenez-vous ? Des boîtes de nuit, des voitures de luxe, des selfies, des baskets. Pendant ce temps, vous passez sous silence ce qui relève du réel : réforme de la Moudawana (2004), Instance Equité & Réconciliation, Tanger Med, TGV, stratégie africaine, bascule énergétique portée par Noor. Tout ce que vous nommez « décor » est précisément ce qui transforme un pays.
Or votre choix n'est pas un oubli, c'est un système, substituer la rumeur au fait, l'anecdote au bilan, la psychologie au politique. La timidité devient thèse, un silence devient preuve, un dîner devient doctrine. Voilà qui résume la hiérarchie de vos priorités. Vous prenez la vie privée pour un document d'Etat et la rumeur pour une source.
Deux poids, deux mesures, un seul tropisme
Ce n'est pas surprenant que Le Monde – devenu anti-Maroc parce que ça vaut ce que ça vaut – se permette contre le Roi Mohammed VI ce qu'il n'oserait jamais faire contre d'autres. On rit jaune mais c'est compréhensible. Juan Carlos en Espagne ? Ses frasques sont minimisées pendant des décennies. Les princes du Golfe ? Leurs extravagances sont traitées avec fascination mondaine. Les excentricités, fortunes et mondanités des monarques du Golfe sont rarement traitées avec la même dureté. Familles royales européennes ( Monaco, Windsor)? Luxe « traditionnel », folklore aimable. Dirigeants français ? Leur jeunesse est racontée comme une saga formatrice, jamais comme une pathologie. Mais pour Mohammed VI, chaque sourire devient soupçon, chaque silence « preuve », chaque « rumeur » sentence.
Pour vous, Mohammed VI, lui, mérite un feuilleton de rumeurs, de « dit-on », de « difficile à confirmer ». Ironie de circonstance, quand Sarkozy fait la fête au Fouquet's, ou quand Macron fait la fête dans une boîte de nuit au Nigeria, bière à la main, c'est un détail, c'est même glamour. Et quand Mohammed VI écoute du rap, c'est un vice d'Etat. Mieux encore, quand un président occidental a une maîtresse, c'est du roman national. Quand la mère d'un Roi se remarie, c'est un drame shakespearien à la française. La neutralité journalistique, elle, a disparu dans la fumée des cigares que vous aimez tant citer.
Alors pourquoi cette asymétrie ? Parce que l'acharnement médiatique contre le Maroc est une vieille habitude payante. Parce que Rabat ne s'aligne pas toujours, parce que le Royaume avance quand on le préfère immobile, parce que le Maroc, en dépit de ses imperfections, construit et dérange quand on le croyait décoratif. Alors on réduit vingt-six ans de règne à un adolescent « complexé ». Crime de lèse-majesté médiatique : ne pas multiplier les conférences de presse. Vous oubliez qu'au Maroc, on fait des chantiers ; chez vous, des chapitres.
Un style différent, une légitimité intacte
Messieurs,
Votre « chef d'accusation » tient en une ligne : « Terriblement timide, il n'a jamais fait de conférence de presse. » Donc, pas assez de shows pour la presse, pas assez de micros, pas assez de « prime time ». Mais voyons ! Un Roi n'est pas un chroniqueur politique sur BFM TV. Les conférences font les titres du lendemain mais les réformes structurantes changent la vie de générations. On évalue un règne au béton des ports, à la cadence des trains, à la profondeur des réformes pas à la longueur des points presse.
Et comble du comble, votre témoin vedette ? Un journaliste espagnol, persona non grata, qui raconte un jus d'orange au bord d'une piscine, il y a de cela quarante ans… Gala fait mieux. Quand on en est réduit à comptabiliser les mots prononcés par un adolescent de 15 ans, c'est qu'on n'a rien trouvé de solide à dire sur l'homme d'Etat de 62 ans. Et puis quoi encore ? « Pas le plus brillant » ! Vous brandissez un 10/20 de droit constitutionnel comme un verdict politique. Comme si l'intelligence politique se mesurait à la note d'un devoir rendu à 17 ans ! Permettez : Churchill fut un élève médiocre, De Gaulle traînait ses profs au désespoir, Macron a raté l'ENS. Faut-il en conclure qu'ils étaient inaptes à gouverner ? Le bulletin n'est ni la boussole du destin, ni le programme de gouvernement. Par la même occasion, n'oubliez pas de nous sortir le carnet de notes de Mohammed VI en gymnastique.
Quant au Collège Royal que vous appelez « corset », nous, nous y voyons un Maroc en miniature : fils de notables et élèves méritants, régions mêlées, proximité quotidienne du prince avec la diversité du pays, mais pour ne pas changer, vous effacez l'essentiel. Vous décrivez un prince « ballotté » entre cours et obligations. Traduction : un futur chef d'Etat est formé de manière intensive. Quelle révélation ! Dans vos monarchies, une formation militaire et académique stricte s'appelle « tradition ». À Rabat, vous la baptisez « prison dorée ». Toujours la même grille exotisante.
Oui, le Roi Mohammed VI n'est pas son père, moins orateur, plus opérateur ; moins tribune, plus chantier. Il est plus discret, parfois distant, moins flamboyant. Est-ce un défaut ? C'est un style, pas une défaillance, et ce style correspond à un monde nouveau, où l'autorité se mesure moins au verbe tonitruant qu'à la capacité d'agir. Il fuit les micros ? De toute façon, le micro fait du bruit ; le chantier fait l'Histoire. Et pendant que d'autres parlent, lui, il construit … Le Maroc avance et c'est précisément cela qui vous dérange : un pays du Sud, qui plus est monarchique, et qui n'attend plus le regard parisien pour exister.
Les faits, eux, ne bégayent pas. Malgré sa timidité, malgré ses fragilités humaines tout comme tout le monde, le Roi Mohammed VI a tenu son pays debout, l'a modernisé, l'a projeté en Afrique et dans le monde. Le Maroc de 2025 n'est pas celui de 1999. Et ce différentiel, vous ne l'expliquerez jamais avec des anecdotes de piscine. La timidité n'invalide pas un règne mais le résultat, lui, le valide.
Le vrai complexe est à Paris
Alors Messieurs, posons la seule question qui vaille : qui est complexé ? Un Souverain que vous dites « introverti » mais qui porte, depuis vingt-six ans, un pays en transformation ? Ou bien Le Monde, qui, faute de reconnaître les évidences d'un Maroc qui avance, préfère exhumer les souvenirs de jeunesse pour bâtir un récit de fragilité sur mesure ? Votre arsenal est tristement constant. L'orientalisme de poche ( harem, concubines, exotisme à l'étagère, ah le passage obligé !), en oubliant de préciser que l'un des premiers gestes du règne fut justement d'abolir ces pratiques et d'accorder des droits nouveaux aux femmes avec la Moudawana en 2004. Mais quoi ! Chaque fois qu'on écrit sur le Maroc, il faut bien une pincée d'orientalisme sauf que c'est du cliché en conserve. Vous appelez cela une « tentative mitigée », nous appelons cela une réforme historique dans le monde arabe. Vous rêvez d'un Maroc de tapis volants et de harems ottomans, désolée, ici on construit des ports et des centrales solaires et plus encore.
En plus, de la psychanalyse familiale à géométrie variable puisqu'en France, les pères difficiles font des destins, au Maroc, ils font des tares. Et puis, votre citation-choc « erreur de chromosome » brandie comme sentence, bien sûr, sortie d'un livre français, pour faire parler un père défunt contre son fils vivant. Jolie trouvaille de dramaturge. Mais l'Histoire a déjà tranché : vingt-six ans de stabilité, d'infrastructures, de progrès économiques, et de projection africaine. Chez vous, on glorifie les blessures d'enfance des présidents ; chez nous, vous les transformez en procès à retardement. Mais tenez-vous bien, L' « erreur de chromosome », vingt-six ans plus tard, elle a un nom : le succès d'un Royaume moderne.
Enfin, Le corps du Roi, devient votre nouveau terrain d'investigation. Vous scrutez son visage, son poids, ses hospitalisations. Vous parlez de maladies rares à demi-mot, « secret de Polichinelle »... Bref, vous transformez une question intime de santé en feuilleton médical. La presse sérieuse informe, elle ne fait pas de diagnostics sauvages. Ce que vous appelez tabou, nous l'appelons décence. Pour vous dire, votre série ne documente pas un règne, elle fabrique un récit, un feuilleton mondain déguisé en enquête. Et pendant que vous recyclez des potins, un pays s'est refait une géographie.
Messieurs,
Qu'on aime ou qu'on critique le Roi Mohammed VI, une chose résiste à vos effets de manche : les résultats. Un style moins bavard ? Oui. Moins de micros, plus d'ouvrages. Alors voici ma conclusion, sans fard : Au Maroc, on érige des ports, des trains, des centrales, des stratégies, une diplomatie africaine respectée, une politique migratoire saluée, et une stature d'arbitre dans la région. Et c'est signé Mohammed VI. Au Monde, vous érigez des hypothèses. L'Histoire, la vraie, n'a pas le goût des petites perfidies. Et devinez quoi ? Elle retiendra les faits, pas les rumeurs, les œuvres, pas les ragots ni les petites obsessions d'un journal qui, depuis trop longtemps, confond analyse politique et commérage mondain. Quand elle écrira le bilan de Mohammed VI, elle écrira un Maroc debout, stable, souverain. Et, pour votre série, elle notera ceci : une tentative de délégitimation maquillée en journalisme d'investigation.
Messieurs, vous prétendez écrire l'histoire du Maroc, mais vous n'écrivez qu'un feuilleton mondain où l'on compte les concubines, les pourboires et les kilos en trop. Voilà votre obsession : rabaisser le Maroc au rang d'anecdote exotique. Le complexe n'est donc pas à Rabat. Il est dans vos colonnes… Celui que vous qualifiez de dépendant est devenu, en vingt-six ans, la référence que l'Europe courtise. Le Maroc a avancé, avec ses contradictions, ses lenteurs, ses blocages, oui. Mais il a avancé, il a résisté aux tempêtes régionales, il a consolidé ses institutions, il a construit ses infrastructures, il s'est affirmé comme une puissance africaine. Parce que oui, le Roi agit, son peuple le sait, ses chantiers le prouvent.
Grosso modo, en choisissant ce cadrage, cette série (L'énigme Mohammed VI) ou plutôt ce qui reste du Monde, ne cherche pas à informer, loin de là. Il se place non pas en observateur neutre mais en acteur d'une bataille d'image contre la monarchie marocaine. Il vise à façonner une perception négative du Roi auprès de l'opinion internationale. En somme, plus qu'une enquête, c'est une stratégie de délégitimation enrobée dans le vernis du journalisme d'investigation.
Alors pourquoi Le Monde s'acharne-t-il ainsi contre Mohammed VI et en ce moment précis ? Quand a-t-il consacré une telle série d'articles à la vie privée des autres chefs d'Etat ? Avez-vous vu une enquête fouillée sur la jeunesse de Macron, ses complexes, ses disputes familiales, ses boîtes de nuit ? Avez-vous lu un feuilleton sur les soirées de Juan Carlos, les caprices de Chirac, les excès des princes du Golfe ? Non. Silence. Circulez, il n'y a rien à voir. Le Monde est devenu malheureusement un instrument de diffamation pour le compte de certains agendas au service de nos voisins de l'est. Mais c'est aussi et surtout la voix de ceux qui ont développé un urticaire depuis que le Maroc et la France ont enterré la hache de guerre diplomatique.
Feu Hassan II l'avait bien dit : « On vous connaît mieux que vous ne nous connaissez »…


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