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Quand Le Monde joue aux apprentis sorciers du trône marocain 4/6
Publié dans Maroc Diplomatique le 31 - 08 - 2025


Messieurs Ayad et Bobin,
Fidèle à sa tradition estivale, Le Monde s'est offert son feuilleton : après les romances sur sable fin, voici la monarchie marocaine transformée en opérette de pacotille, kilims flamboyants et décapotables en arrière-plan. Et l'annonce tonitruante : Mohammed VI serait un « Roi des manœuvres ». On attend le scoop mais on récolte un bâillement. Ce que vous promettez en enquête se dissout en mise en scène, où l'accessoire remplace la preuve. Votre article du 27 août 2025 ne décrit pas le Maroc, il le décore. Pas de chronologie, mais des clichés ; pas de textes, mais des impressions ; pas d'analyse, mais un théâtre où protocole et politique se confondent. Vous cadrez le satin des tuniques et les voitures décapotables, mais détournez les yeux des instruments sérieux de la diplomatie : notes verbales, communiqués, positions assumées au fil des années. Résultat : une fantaisie brillante, mais creuse.
Or la diplomatie ne se juge pas à l'éclat des cortèges, mais à la continuité des alliances et à la constance des choix. Depuis vingt-six ans, le Maroc parle le langage du temps long, sécuritaire, économique, africain, euro-méditerranéen. Contester ses orientations est légitime ; les réduire à des « chantages » ou « caprices » est une caricature. Ce que vous nommez « manœuvres » s'appelle, partout ailleurs, stratégie. Vous dépeignez un souverain « dilettante« , flânant de bazar en salon. En réalité, vous décrivez votre propre angle, incapable de voir l'alignement entre institutions, doctrine et réalités régionales. Pendant que vous fixez l'objectif sur un tapis rouge, la véritable scène se joue dans les dates, les lettres et les positions diplomatiques gravées noir sur blanc.
On vous concède un style, certes, vos phrases ont la couleur des albums de voyage. Mais l'image, en politique, accompagne l'argument ; elle ne le remplace pas. Vous filmez les cuivres de la fanfare, quand d'autres lisent la partition, l'un amuse, l'autre démontre. Et l'on n'explique pas une trajectoire nationale par des instantanés mondains. Ce qui manque à votre texte n'est pas l'éloquence, mais la rigueur. Il eût suffi de dérouler la chronologie, de confronter la mise en scène aux faits, de répondre à la question basique : qu'a dit, écrit, acté le Maroc, et quand ? Vous auriez trouvé une ligne constante, documentée, difficile à enfermer dans vos tiroirs commodes du « marchandage ». Autrement dit, un pays, pas un décor.
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Et puisque vous aimez les symboles, en voici un : face à votre série d'été, le Maroc a répondu avec une ironie glaciale. Aucun numéro saisi, aucune page confisquée, pas même un froncement de sourcil administratif. Pour un « scandale » annoncé, c'est la réplique la plus cruelle : l'indifférence souveraine. Vous espériez provoquer la censure ; vous repartez avec la liberté... d'admettre que votre grand dévoilement n'a même pas mérité un tampon.
Le Sahara, une cause nationale, pas une « lubie » Royale
Messieurs Ayad et Bobin,
Vous écrivez que le Sahara serait « l'obsession » du Roi Mohammed VI. Permettez qu'on éclate de rire puis qu'on rectifie. Quand Paris défendait l'Alsace-Lorraine, on parlait d'honneur national. Quand Londres protège les Malouines, c'est la souveraineté sacrée. Mais quand Rabat défend son Sahara, c'est de « l'obsession ». Le double standard a la vie dure … le réflexe colonial est intact. Réduire cette lutte à une marotte Royaliste n'est pas une analyse, c'est une condescendance. Le Sahara n'est pas un caprice Royal mais une cause nationale qui traverse l'Etat, les partis et la société, de Tanger à Lagouira. On peut débattre des modalités mais pas de la réalité politique. Sur ce dossier, le Maroc parle d'une seule voix. Si cela vous échappe, c'est peut-être que la conscience nationale des peuples du Sud n'a jamais figuré dans vos catégories d'analyse.
Les faits, eux, sont têtus. Depuis 2007, la proposition marocaine d'autonomie est saluée par le Conseil de sécurité comme « sérieuse et crédible » et jugée « réaliste » par un nombre croissant d'Etats. Les Etats-Unis, l'Espagne, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et une majorité africaine n'ont pas « cédé à un chantage », ils ont simplement reconnu que l'autodétermination version référendum est devenue un mirage procédural, et que l'autonomie représente la seule issue viable et durable. Prétendre que ces capitales se seraient laissées manipuler par un souverain « dilettante » relève du roman-photo diplomatique. Paris, Washington, Madrid ou Berlin ne sont pas des marionnettes animées entre deux dîners. Ce réalignement est le fruit de la patience, de la constance et d'un pragmatisme assumé. Bref, de la politique étrangère telle qu'elle se pratique, textes et documents à l'appui.
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Contestez ce choix si vous voulez, critiquez-le, c'est légitime. Mais le réduire à une anecdote mondaine, c'est passer à côté de l'essentiel. Le Sahara n'est pas un décor de palace pour vos reportages d'été ; c'est un dossier d'Etat, une ligne de fond, un destin national.
Macron, « otage du Makhzen » ? Le vaudeville version Le Monde
Messieurs,
Votre trouvaille relève de l'opérette : Emmanuel Macron serait arrivé à Rabat « contraint et forcé », prisonnier d'un Maroc rusé. On imagine presque le Roi le Mohammed VI, sabre à la main, enfermant le président français dans un riad contre une déclaration sur le Sahara ! À force de chercher l'effet, vous perdez le réel et ce que vous présentez comme une prise d'otage n'est qu'un choix de politique étrangère. La réalité, pourtant, n'a rien d'ésotérique. Paris n'a pas cédé, Paris a décidé. Elle s'est réalignée sur Rabat non par faiblesse mais par raison d'Etat. Ignorer le Maroc, c'était se marginaliser au Maghreb, se couper de l'Afrique et hypothéquer ses intérêts sécuritaires et économiques. Ce n'est pas du « chantage », c'est du réalisme stratégique.
Il faut le dire, votre dramaturgie « Macron humilié, pris en otage par le Makhzen », relève du thriller. La séquence, elle, est administrative, documentée, prosaïque : la lettre présidentielle du 30 juillet 2024 affirmant que « l'avenir du Sahara s'inscrit dans la souveraineté marocaine » est un acte d'Etat. Et la visite d'octobre 2024 n'est pas relevée d'une pièce de théâtre, mais de la continuité diplomatique. Or plutôt que de lire les documents, vous gonflez des bulles. Pegasus recyclé, sans élément nouveau, « conversations glaciales », « refus d'appels », « vexations », une litanie d'anecdotes invérifiables. Vous poussez même la farce jusqu'à transformer le report du Marrakech du Rire en sanction contre Jamel Debbouze, quand un simple communiqué officiel rappelait que l'édition 2023 avait été annulée pour travaux au Palais El Badii. Quand la rumeur contredit les faits, vous choisissez la rumeur. C'est plus esthétique.
Venons-en à vos « lapins » diplomatiques à Sanchez, Erdogan ou Xi ? Petites vignettes sans date ni source, décorations narratives plus que faits. Quant au chambellan éconduit pour avoir osé réveiller le Roi, voilà un ragot de coulisse livré, sans doute, depuis une armoire à costumes. Et bien sûr, l'inévitable « diplomatie parallèle des princesses » : un déjeuner à l'Elysée, en février 2024, transformé en clé de voûte du dégel. Or la reconnaissance française s'est formalisée des mois plus tard, par lettre officielle. La photo souriante ne fonde pas une doctrine, elle illustre un climat.
Au final, vous alignez confidences mondaines, recyclez des on-dit, convoquez Tahar Ben Jelloun comme oracle improvisé. Mais la diplomatie ne s'écrit pas dans vos colonnes ni dans les salons, elle s'écrit dans les lettres, les communiqués et les positions assumées. Et ces documents disent une chose claire c'est que la France s'est réalignée sur Rabat non par contrainte mais par intérêt bien compris.
Ceuta 2021 : raconter l'instant... et la séquence
Messieurs,
Vous raffolez de l'instantané. Gros plan sur Ceuta, mai 2021 : « 8 000 entrées », indignation madrilène, manchettes scandalisées. L'image vous suffit, vous la figez en vérité éternelle. Mais une enquête digne de ce nom ne s'arrête pas à la photo, elle raconte la séquence. Oui, il y a eu tension. Oui, Madrid a crié au « chantage ». Mais dix mois plus tard, le même Pedro Sánchez signe une lettre historique reconnaissant le Plan d'autonomie marocain comme « la base la plus sérieuse ». Voilà donc une chronologie : crise, négociation, réalignement. Mais vous, vous gardez la première image et coupez avant le générique.
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Vous assénez aussi « évidente complicité de la police locale ». Ce n'est pas un fait, c'est un effet. Les observateurs ont parlé d'un relâchement des contrôles, nuance capitale, car relâchement tactique ne rime pas avec complicité institutionnelle. Sauf que la nuance gâche vos effets de manche ; l'« évidence » assénée brille mieux que la complexité assumée. Et puisqu'il faut aimer les manchettes, rappelons celle du 18 mars 2022 : « L'Espagne soutient le Plan d'autonomie marocain ». Ici, pas de rumeurs parfumées ni de « sources anonymes », mais un document d'Etat, clair et signé. Vous appelIez cela du « chantage » ; la diplomatie l'a transformé en résultat.
Bref, Ceuta 2021 n'était pas une fin, mais une étape. Votre téléobjectif fige l'instant ; la réalité, elle, déroule la séquence. Elle passe du fait divers à la cohérence d'une politique, mouvement que votre récit préfère ignorer, parce qu'il contredit la photo que vous aviez déjà cadrée.
Israël, Gaza et la morale à géométrie variable
Messieurs,
Vous tombez dans votre travers favori : présenter la normalisation avec Israël comme une « trahison » de la cause palestinienne. Le Monde se mue en tribunal improvisé, toge sur les épaules, verdicts moraux à géométrie variable. Pourtant quand Paris, Bruxelles ou Washington pactisent avec Riyad, Doha ou Abou Dhabi, c'est de la « realpolitik ». Quand Rabat choisit ses alliances pour défendre sa sécurité et sa souveraineté, c'est aussitôt la grande excommunication. Etonnante souplesse morale, qui change d'heure en fonction du fuseau. La réalité, elle, est moins spectaculaire mais pas commode pour vos gros titres. Le Maroc n'a pas « découvert » Israël en 2020. Les échanges datent des années 1960, les communautés sont liées depuis des siècles, et près d'un million d'Israéliens d'origine marocaine gardent un attachement viscéral à leur terre d'ancêtres. Vous appelez cela un « troc » ; c'est une continuité historique, inscrite dans le temps long.
En parallèle, Mohammed VI, président du Comité Al-Qods, n'a jamais cessé de plaider pour les droits palestiniens. Mais protéger un peuple ne se fait pas à coups de slogans, cela exige des alliances tangibles dans une région minée par l'instabilité et la course aux armements. Coopérer avec Israël, c'est un acte de souveraineté et de stratégie, pas une conversion idéologique. Réduire cette ligne au cliché « Sahara contre Gaza » n'est pas une analyse mais un raccourci commode, facile à vendre, mais faux. Rappelons que le Roi assume un double devoir : défendre l'intégrité territoriale du Royaume, ce qui est une cause existentielle, et maintenir un engagement constant pour les Palestiniens, cause de solidarité nationale. L'un n'exclut pas l'autre ; au contraire, c'est leur combinaison constante qui donne à la voix marocaine son poids diplomatique.
Rabat l'a dit sans détour : « le Sahara prime ». Non par cynisme, mais parce que sans intégrité territoriale, il n'existe pas de politique étrangère crédible. Ce n'est pas une négation de la Palestine, mais une hiérarchie de priorités qu'impose la géopolitique. Et c'est en combinant défense nationale et solidarité internationale que le Maroc entend peser là où d'autres se contentent d'indignation sélective. Vous êtes libres de critiquer cette ligne mais la réduire à un marchandage de bazar, c'est refuser d'admettre sa profondeur, son histoire et sa cohérence. Et c'est surtout livrer au lecteur une caricature au lieu d'une analyse. Reflet fidèle, non pas du Maroc, mais de votre morale élastique.
Profondeur africaine : la stratégie, pas le folklore
Messieurs,
Vous concédez que le Maroc a « repris pied » en Afrique... pour aussitôt réduire cet ancrage à de la « communication ». Comprenez : si Paris échoue, c'est de la géopolitique ; si Rabat réussit, c'est du folklore. Le clou de votre récit c'est qualifier la diplomatie africaine marocaine de « propagande ». Les faits, pourtant, sont vérifiables : réintégration de l'Union africaine, diplomatie religieuse structurée, réseaux bancaires et assurances régionales, hubs logistiques et industriels arrimés à un écosystème exportateur. Ce ne sont pas des slogans, ce sont des chaînes de valeur.
Et que faites-vous du Nigeria-Morocco Gas Pipeline ? Vous l'enterrez d'avance, au nom de la « décarbonation ». loin d'être une chimère, il repose sur des accords officiels et constitue une alternative crédible au projet algérien, alors même que l'Europe cherche à diversifier ses approvisionnements. Ce n'est donc pas un mirage, mais un chantier soutenu par plusieurs Etats africains. Et l'Initiative Atlantique (annoncée en 2023), destinée à désenclaver le Sahel via des ports marocains ? Vous la raillez comme « illogique géographiquement », sauf que le Mali, le Niger et le Burkina Faso y adhèrent publiquement en 2025. Mais, bien sûr, les voix africaines pèsent toujours moins que vos jugements parisiens. Banques marocaines actives du Sénégal au Nigeria ? Des « mirages ». Accords stratégiques avec Abuja, Dakar, Abidjan ? De simples « illusions d'optique » pour vous.
Bref, derrière vos sarcasmes, c'est toujours la même gêne. Le Maroc réussit là où la France patine. Plutôt que de l'admettre, vous brandissez le mot magique, « propagande », pour masquer l'évidence. Alors oui, le Maroc est en Afrique, il parle à l'Afrique, et l'Afrique répond. Pas parce que c'est joli dans les communiqués, mais parce que cela construit une réalité.
« Roi absent » ? Essayez « diplomatie de résultats »
Messieurs,
Votre grand finale sonne comme une tirade de boulevard : le Roi Mohammed VI serait un « Roi dilettante », coupable de sécher les grands-messes internationales. Ah, tragédie ! Moins de selfies, moins de photos de famille, moins de poignées de main immortalisées sur CNN ! Quelle catastrophe pour l'humanité mondaine ! Mais, messieurs, la diplomatie n'est pas une chasse aux badges, c'est une affaire de résultats. Et les résultats, eux, ne posent pas devant les caméras ; ils s'impriment dans les communiqués. Et pendant que vous comptez les absences aux cocktails, Paris réécrit sa ligne, Madrid se réaligne, Berlin ajuste, Londres endosse. Appelez cela comme vous voulez ; nous y voyons une diplomatie de résultats.
Si c'est cela l'« absentéisme », alors bien des chefs d'Etat qui paradent aux sommets devraient venir prendre des leçons de stratégie à Rabat. Car enfin, il faut choisir : vaut-il mieux collectionner des photos de groupe ou obtenir noir sur blanc un changement de position diplomatique dans les grandes capitales ? Vous recensez les « lapins » diplomatiques ; nous, les acquis stratégiques. Le Maroc du Roi Mohammed VI n'est pas un Royaume « obsédé » ou « manipulateur » ; c'est un Etat lucide, ambitieux, qui refuse de subir et impose son agenda par constance. Ce que vous appelez dilettantisme n'est autre qu'une diplomatie qui sacrifie le spectacle au profit de l'efficacité. Moins de bavardages, plus de chantiers ; moins de micros, plus de résultats. Ces acquis sont le fruit d'une stratégie Royale qui privilégie la continuité et la vision de long terme, loin du court-termisme politique occidental. Vos colonnes ironisent mais les cartes géopolitiques, elles, bougent.
Le Monde contre le réel
Messieurs,
Votre quête de « l'énigme Mohammed VI » tourne à la farce. L'énigme n'est pas au Palais, mais rue des Italiens, dans une Rédaction qui peine à avaler une évidence : le Maroc est une monarchie enracinée, une institution séculaire, pas une série Netflix pour lecteurs en mal de fantaisie. Vous pouvez empiler anecdotes mondaines et confidences de couloir, le réel demeure : le Maroc avance. Ports, gazoducs, alliances africaines, reconnaissances internationales … voilà ce qui dessine une trajectoire.
Vos sarcasmes prêtent à sourire. Vous prenez le réel pour du théâtre et vos clichés pour des révélations. Mais il ne s'agit pas ici de défendre un homme contre deux journalistes, il s'agit de rappeler que derrière ce règne se tient une institution, garante de stabilité, de continuité et de vision. Ce que vous appelez « manœuvres » est une stratégie de souveraineté ; ce que vous baptisez « chantage » est une diplomatie ferme, assumée ; et ce que vous qualifiez de « dilettantisme » est une efficacité discrète, mais redoutablement productive.
Votre article prétend « dévoiler » un Roi insaisissable et opportuniste. La réalité est celle d'un Souverain qui, depuis un quart de siècle, a hissé le Maroc au rang d'acteur régional incontournable, conciliant tradition et modernité, fidélité aux causes justes et pragmatisme stratégique. Plutôt qu'un jeu d'ombres, c'est une vision de priorité saharienne, d'arrimage africain, de diversification des alliances, de montée en gamme sécuritaire, de puissance logistique et industrielle.
En définitive, le Maroc n'est pas un salon mondain mais un Etat en mouvement. Que vos colonnes le confirment ou non, cela ne change rien : c'est une histoire en marche.


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