Lors du sommet de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), tenu en février 2025 à Dar-es-Salaam, la tentative de l'Afrique du Sud et de ses alliés d'inscrire un soutien explicite au Polisario dans le communiqué final a échoué. Cet épisode illustre le recul progressif de la cause séparatiste au sein même des enceintes traditionnellement favorables à ses thèses. Le sommet de Dar-es-Salaam devait initialement offrir à Pretoria et à Alger un terrain propice pour réaffirmer leur appui au Polisario. Selon des sources diplomatiques relayées par Africa Intelligence, l'Afrique du Sud, appuyée par le Zimbabwe et le Mozambique, a cherché à inclure dans le communiqué final un passage reconnaissant et soutenant ouvertement l'entité séparatiste. Cette tentative a toutefois été contrée par une opposition ferme, portée par un groupe de pays décidés à préserver le caractère économique et coopératif de la SADC. Bien que le Maroc ne soit pas membre de la SADC, son influence s'y est faite sentir par le biais d'alliés de poids. Le roi d'Eswatini, le chef du gouvernement mauricien et le président malgache se sont particulièrement distingués en dénonçant le risque de politisation d'un forum censé rester centré sur l'intégration économique régionale. Ils ont rappelé que le différend autour du Sahara est déjà encadré par un processus onusien, et qu'une prise de position unilatérale affaiblirait la crédibilité de l'organisation. Lire aussi : Le Mirage Polisario s'effondre : Un demi-siècle d'imposture dévoilé Les délégations favorables au Royaume ont également mis en garde Madagascar contre les conséquences diplomatiques et économiques d'un éventuel alignement sur les thèses séparatistes. L'argument n'est pas anodin : Rabat est aujourd'hui un investisseur et un partenaire financier incontournable sur le continent, en particulier dans les secteurs stratégiques liés aux infrastructures et à l'énergie. Cet épisode rappelle le précédent du sommet de Tokyo (TICAD), en 2022, où la délégation du Polisario avait été écartée des travaux. Le fait que la SADC – longtemps considérée comme un bastion de la cause séparatiste – ait renoncé à une position explicite en faveur du Polisario témoigne d'un basculement plus profond. Les soutiens de ce dernier n'ont obtenu qu'une mention vague sur « l'autodétermination », bien loin de l'objectif initial d'un aval collectif à leur protégé. La déconvenue subie par Pretoria et Alger s'inscrit dans une dynamique plus large : la diplomatie marocaine, combinant investissements stratégiques, partenariats bilatéraux et influence discrète, parvient à remodeler progressivement les rapports de force en Afrique. De plus en plus de pays privilégient désormais la stabilité et la coopération économique à la reproduction de clivages politiques hérités de la guerre froide.