Le secteur de la santé, pilier fragile du service public, s'apprête à connaître un nouvel épisode de tensions sociales. Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amin Tahraoui, doit rencontrer dans les prochains jours le Comité national de coordination à six, structure fédérant les principales organisations syndicales du domaine. Ce rendez-vous, attendu avec impatience par les représentants du personnel, intervient dans un climat alourdi par des promesses et une base syndicale prête à hausser le ton. Le cœur du désaccord remonte à l'accord-cadre signé le 24 juillet 2023, censé constituer une feuille de route pour moderniser le système de santé et améliorer les conditions de travail. Plus de deux ans après, nombre de dispositions restent lettre morte. Cependant, la coordination syndicale souligne que cette inertie retarde les réformes structurelles, qu'il s'agisse de la gouvernance hospitalière, de la revalorisation salariale ou de la reconnaissance des professions paramédicales. « Le développement du système de santé est tributaire du respect des engagements pris », rappelle le comité, dénonçant un immobilisme qui mine la confiance. Parmi les doléances mises en avant, la publication du règlement intérieur de l'Autorité des infirmiers et techniciens de santé figure en tête de liste. Cet organe, attendu depuis des années, doit encadrer la profession et renforcer la qualité des soins. Les syndicats exigent également le règlement des dossiers administratifs encore en suspens, notamment ceux liés aux carrières et aux promotions. À cela s'ajoute la revendication récurrente du versement d'indemnités pour risques et responsabilités professionnelles, considérées comme un minimum pour un corps exposé aux aléas sanitaires et aux pressions quotidiennes. Le comité de coordination prévient : sans avancées tangibles, la contestation pourrait s'intensifier. Des grèves ou des sit-in ne sont pas exclus, au moment où le système de santé public peine déjà à répondre aux besoins de la population. Les tensions surviennent dans un contexte de pénurie de personnel médical, aggravée par l'émigration des compétences vers l'étranger, et d'infrastructures insuffisamment modernisées. La réunion annoncée sera scrutée comme un test de la volonté gouvernementale d'apaiser la grogne sociale et de relancer la dynamique de réforme. Pour Amin Tahraoui, l'équation est délicate : concilier les contraintes budgétaires d'un Etat engagé dans plusieurs chantiers sociaux et la nécessité de répondre aux attentes pressantes du corps médical. Pour les syndicats, l'heure n'est plus aux déclarations d'intention, mais à la mise en œuvre d'un calendrier précis. Faute de résultats concrets, la confiance entre les deux parties pourrait se rompre définitivement, ouvrant la voie à un cycle de confrontation dont le système de santé, déjà affaibli, sortirait encore plus fragilisé.