Le Maroc s'impose comme un acteur de premier plan dans la stratégie numérique africaine. La société Cassava Technologies, fondée par l'homme d'affaires zimbabwéen Strive Masiyiwa, a choisi le Royaume pour accueillir l'un des cinq centres d'intelligence artificielle de son ambitieux programme Sovereign AI Cloud, doté d'un investissement global de 720 millions de dollars. Conçu pour réduire la dépendance du continent vis-à-vis des serveurs étrangers, ce projet entend renforcer l'autonomie numérique de l'Afrique. Il s'appuie sur des infrastructures lourdes, notamment des milliers de GPU fournis par Nvidia : près de 3 000 en Afrique du Sud et environ 9 000 répartis entre le Maroc, le Kenya, le Nigeria et l'Egypte. Ces capacités inédites doivent permettre aux start-up, universités et entreprises locales d'accéder à une puissance de calcul jusqu'ici hors de portée. Au-delà des aspects techniques, cette initiative illustre une volonté politique et économique : placer l'Afrique sur la carte mondiale de l'IA. Le Maroc, déjà engagé dans une transformation numérique ambitieuse et hôte de plusieurs infrastructures critiques, apparaît comme un hub régional stratégique. En accueillant un tel centre, Rabat renforce sa position d'interface entre l'Afrique, l'Europe et le Moyen-Orient, et se dote d'un levier supplémentaire pour attirer les investissements dans l'économie de la connaissance. Lire aussi : Casablanca Finance City renforce son rôle dans les marchés carbone à la Climate Week NYC Le projet de Cassava combine ainsi technologie de pointe, financement massif et vision géopolitique. En consolidant l'écosystème numérique africain et en facilitant un accès local à l'intelligence artificielle, il ouvre la voie à une nouvelle étape d'innovation, portée par un modèle africain de souveraineté numérique. La portée du projet dépasse enfin les frontières nationales. En intégrant un réseau transcontinental, le Maroc participe activement à la construction d'une souveraineté numérique africaine. Sa position géographique, à la croisée des continents, et son rôle de médiateur dans plusieurs initiatives régionales, renforcent sa légitimité comme architecte d'une Afrique numérique intégrée. En accueillant l'un de ces centres d'intelligence artificielle, le Royaume consolide son image de moteur de transformation technologique et s'impose comme l'un des pays les mieux placés pour porter la voix de l'Afrique dans les grandes négociations sur l'avenir de l'IA mondiale.