Plus de 4 millions de personnes sont actuellement déplacées au Burkina Faso, au Mali, au Niger et dans les pays voisins, a alerté vendredi le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), appelant à une mobilisation internationale urgente face à cette crise humanitaire sans précédent dans la région du Sahel. Ce chiffre alarmant représente une augmentation de près de 70 % en cinq ans, a déclaré Abdouraouf Gnon-Kondé, directeur régional du HCR pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, lors d'un point de presse au Palais des Nations à Genève. Il a attribué cette hausse à une combinaison de conflits armés, de l'insécurité persistante, de l'impact du changement climatique et de l'effondrement des services essentiels. « Ces 4 millions de personnes ne sont pas que des statistiques: ce sont des familles, des enfants, des femmes exposés à la violence, au déracinement, à la faim et à l'exclusion », a-t-il relevé, soulignant l'ampleur des besoins humanitaires et le manque criant de ressources. Le HCR met en garde contre une situation qui se détériore rapidement, avec des conséquences dramatiques. Ainsi, plus de 14.800 écoles étaient fermées à la mi-2025, privant 3 millions d'enfants d'éducation, plus de 900 établissements de santé fermés, affectant des millions de personnes, ainsi que quelque 80 % des déplacés sont des femmes et des enfants, particulièrement exposés aux violences sexuelles et aux abus. Lire aussi : Soudan : 328 000 personnes déplacées à El-Fasher De même, l'insécurité alimentaire devient un moteur majeur des déplacements, exacerbée par les effets du changement climatique et les tensions autour des ressources naturelles. Face à l'ampleur de la crise, le HCR appelle à renforcer la protection, l'inclusion et la résilience des personnes déplacées, tout en soutenant les Etats et les communautés d'accueil. Mais les moyens ne suivent pas: sur les 409,7 millions de dollars nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires en 2025, seulement 32 % ont été financés. Des activités cruciales comme l'enregistrement, l'éducation, la santé ou encore l'hébergement sont menacées, prévient l'agence onusienne. Malgré les défis, le HCR salue la solidarité des populations locales. Au Mali, 90 % des personnes déplacées se disent intégrées grâce à la générosité des communautés d'accueil. Au Burkina Faso, des mécanismes locaux favorisent la paix sociale et la cohabitation. Le HCR appelle enfin à une action internationale unifiée et à un engagement soutenu pour protéger ces millions de personnes en quête de sécurité et de dignité. « Les pays du Sahel ne peuvent faire face seuls à une telle crise. Une solidarité mondiale concrète est indispensable », a conclu M. Gnon-Kondé.