Il est des moments où l'Histoire bascule, portée non par le fracas des armes, mais par la puissance des mots et la foi inébranlable d'un peuple. Lors d'une intervention poignante au Forum MD Sahara, organisé du 13 au 16 novembre 2025 à Dakhla, M. Seddik Maâninou, journaliste et écrivain, ancien directeur de la TVM et ancien secrétaire général du ministère de la Communication, a transporté l'audience au cœur de l'épopée de la Marche Verte. Son témoignage n'était pas une simple analyse historique, mais une immersion intime et vibrante dans les coulisses d'un événement où la Parole Royale est devenue le souffle d'une nation tout entière. Avec une émotion palpable, M. Maâninou a décrit la tension extrême qui a précédé la Marche Verte. Il a rappelé ce moment crucial où, face à la décision espagnole de quitter le Sahara, le Maroc se trouvait à la croisée des chemins. « Que faire ? Rester ? Partir ? Fermer la porte ? » C'est la parole de Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, ferme et visionnaire, qui a tranché : « Nous signerons la convention aujourd'hui ». Cette décision, prise contre vents et marées, a scellé le destin du territoire et a démontré une détermination sans faille, une certitude que « le mensonge est plus grand que la vérité », mais que la vérité finit toujours par triompher. Le journaliste a ensuite levé le voile sur la guerre psychologique qui se jouait. Une « propagande négative » cherchait à terroriser les populations locales du Sahara, leur promettant le pire si les Marocains arrivaient. Face à cela, il fallait une contre-parole, une parole de réconfort et de conviction. C'est là que les Discours Royaux ont joué un rôle capital. Un discours fut spécifiquement adressé aux « Marocains du Sahara », non pour les menacer, mais pour les rassurer, pour instiller la confiance et déconstruire la peur. Chaque mot était pesé, chaque phrase était une main tendue, un pont jeté par-dessus le mur de la méfiance. Lire aussi : Nizar Baraka dévoile une décennie de réussites du Nouveau Modèle de Développement dans les provinces du Sud M. Seddik Maâninou a partagé des souvenirs personnels, où le peuple marocain était traversé par des moments de doute et d'anxiété. « Les gens posaient des questions, ils n'avaient pas de réponse ». C'est le Discours du 5 novembre 1975 qui a tout changé. Ce jour-là, le Souverain a annoncé sa décision irrévocable : « Je serai le premier dans la Marche. Je serai le premier à franchir la frontière ». Cette déclaration a agi comme un électrochoc, transformant l'incertitude en une ferveur nationale. Sa Majesté le Roi ne demandait pas à son peuple d'y aller : il lui annonçait qu'il s'y rendait lui-même, en tête. Le récit de M. Maâninou est devenu particulièrement émouvant lorsqu'il a évoqué le jour du départ, le 6 novembre. Journaliste embarqué dans l'un des premiers avions, il a décrit son propre sentiment, une « émotion nationaliste » pure, une fierté immense. Mais ce qui l'a le plus marqué, ce sont les images des marcheurs anonymes. « J'ai vu, avec beaucoup d'émotion, les femmes d'Errachidia, qui étaient les premières à marcher », a-t-il confié, la voix chargée de respect. Il a peint le portrait de ces femmes, de ces hommes, qui avançaient vers l'inconnu, « beaucoup d'entre eux sans chaussures », sans rien d'autre que leur foi et leur patriotisme. La vision de cette « femme en robe blanche », démunie mais digne, avançant avec détermination, est devenue pour lui le symbole ultime de cette épopée populaire. Après la Marche, il y eut la défense du territoire. M. Maâninou a rappelé la bravoure des Forces Armées Royales qui, à Amgala, ont repoussé des milliers de combattants qui voulaient « annoncer depuis Dakhla qu'elle était la capitale de leur république fantoche ». Il a rendu un hommage vibrant à ces soldats qui ont brisé le rêve des séparatistes et de leurs soutiens. En conclusion, Seddik Maâninou a partagé un détail intime et puissant : la décoration de la Marche Verte qu'il porte chaque jour. Pour lui, cette médaille n'est pas un simple ornement. C'est le symbole de l'engagement volontaire de 350 000 Marocains, un rappel quotidien de cette ferveur et de ce sacrifice. « Je suis heureux et ému de porter cette décoration », a-t-il conclu. À travers son témoignage, ce n'est pas seulement l'histoire qui a été racontée, mais l'âme d'un peuple qui a été révélée, une âme forgée dans l'union sacrée entre un Roi visionnaire et une nation prête à marcher pour son droit le plus juste.