Le mercredi 19 novembre 2025, un nourrisson a trouvé la mort à la suite d'un accouchement dans un tramway, à Rabat. Face à la polémique, certains parlementaires ont vigoureusement interpellé le ministère de la Santé et de la Protection sociale. D'après le Réseau marocain de défense du droit à la santé et du droit à la vie, le débat au Parlement escamote les problématiques de fond que traverse le système de santé au Maroc. Le Réseau marocain de défense du droit à la santé et du droit à la vie, présidé par Ali Lotfi, secrétaire général de l'Organisation démocratique du travail (ODT), a exprimé, ce lundi 24 novembre 2025, dans un texte transmis à Maroc Diplomatique, « son étonnement face à la transformation du débat au sein du Parlement marocain en une plateforme pour le traitement d'incidents isolés (tels que l'accouchement dans le tramway), ignorant ainsi l'essence des grandes questions sociales et de santé qui touchent à la dignité des citoyennes et citoyens ». Pour le réseau marocain de défense du droit à la santé et du droit à la vie, le débat parlementaire s'est limité au seul lieu de l'accouchement, négligeant ainsi le contexte réel du drame humain. « Cette femme souffre de troubles psychologiques et d'itinérance, a été victime de viol et de grossesse forcée, et n'a reçu aucune prise en charge sanitaire ou psychologique tout au long de sa grossesse. Cette situation révèle le visage tragique de la réalité des femmes sans abri souffrant de maladies psychiques, qui sont laissées à la merci de la violence, de l'exploitation sexuelle, des grossesses non désirées et de l'abandon total, en l'absence d'établissements de traitement psychologique et de protection adéquate, ainsi que d'hébergement dans des structures de prise en charge sociale », lit-on dans le communiqué de l'organisation présidée par Ali Lotfi. La situation de cette catégorie vulnérable exige, selon le Réseau marocain de défense du droit à la santé et du droit à la vie, une attention urgente du gouvernement et du Parlement. Lire aussi : Accouchement d'une femme à bord d'un tramway : aucun passage de l'intéressée par l'hôpital Moulay Abdallah à Salé « n'a été constaté » « Elle nécessite notamment une coordination intersectorielle entre les représentants des ministères de l'Intérieur, de la Justice, de la Santé, de la Solidarité sociale et des Collectivités territoriales au niveau régional. Nous exigeons une action immédiate pour protéger les droits humains, assurer une prise en charge intégrée, développer et étendre des centres d'hébergement et de traitement polyvalents, afin d'offrir une prise en charge psychologique, sociale et médicale complète aux femmes sans abri souffrant de maladies mentales et psychiques », ajoute l'organisation. M. Lotfi demande également le lancement d'équipes de terrain spécialisées et d'unités mobiles ciblant les femmes sans abri dans les rues, et l'application de la loi 103.13 pour protéger cette catégorie contre les agressions et l'exploitation sexuelle. « Nous appelons le ministère de la Santé et de la Protection sociale à renforcer le Plan Stratégique National Multisectoriel pour la Santé Mentale 2030, en augmentant le budget alloué au programme national, en fournissant gratuitement les médicaments aux malades, en luttant contre la toxicomanie, en généralisant les services de santé mentale et psychique intégrés dans les hôpitaux publics, et en développant des unités de consultations externes pour la psychiatrie et le traitement des addictions », conclut le communiqué. Troubles psychiatriques Le ministère de la Santé et de la Protection sociale a fait savoir, samedi 22 novembre, que la Direction de l'hôpital Moulay Abdallah à Salé n'a enregistré aucun passage d'une femme ayant accouché à bord d'une rame de tramway à Rabat, contrairement aux informations faisant état d'un refus de prise en charge en raison de la fin de service de la gynécologue. Les informations recueillies sur le terrain révèlent que la femme a présenté les signes du travail d'accouchement alors qu'elle se trouvait à bord du tramway à Rabat, où elle a subi une hémorragie grave ayant nécessité l'intervention immédiate des équipes de la Protection Civile, ajoute le département de M. Amine Tahraoui. « La femme, qui souffre de troubles psychiatriques, a été transportée à l'hôpital de maternité Souissi, où elle a été examinée, prise en charge et placée sous surveillance médicale, avant de constater que le nouveau-né était en état de mort fœtale », écrit le ministère de la Santé et de la Protection sociale, qui exprime son profond regret suite à cet incident douloureux et adresse ses sincères condoléances à la famille de la dame, assurant qu'il traite ce type de cas avec « sérieux et transparence » et veille à fournir des informations fiables à l'opinion publique pour éviter toute confusion.