Face à l'urgence hydrique planétaire, Marrakech s'apprête à accueillir, en décembre 2025, le rendez-vous majeur où chercheurs, institutions et décideurs repenseront la gestion de l'eau à l'heure des pressions climatiques et démographiques. Un congrès qui ambitionne de transformer la connaissance scientifique en solutions concrètes pour la sécurité hydrique mondiale. Lors de la conférence de presse tenue ce lundi 24 novembre à Rabat, le secrétaire général du ministère de l'Equipement et de l'Eau, Abdelfetah Sahibi, a ouvert les échanges en annonçant officiellement la tenue du XIXe Congrès Mondial de l'Eau, sous le thème « L'eau dans un monde qui change : Innovation et adaptation » du 1er au 5 décembre 2025 à Marrakech. Dans son allocution, le secrétaire général a expliqué que ce congrès, organisé conjointement par le ministère de l'Equipement et de l'Eau et l'Association Internationale des Ressources en Eau (IWRA), réunira des délégations issues des cinq continents. Chercheurs, experts, décideurs publics, acteurs économiques, représentants de la société civile et jeunes leaders se retrouveront autour d'un objectif commun, celui de « repenser la gestion de l'eau dans un monde en changement permanent ». Il a précisé que le thème retenu est le reflet d'une réalité mondiale marquée par le changement climatique, la pression démographique, l'urbanisation accrue et les mutations technologiques. Lire aussi : Sécurité hydrique : La DRPE lance un projet de planification et de gouvernance pour préparer 2050 Selon Abdelfetah Sahibi, ce congrès s'inscrit dans une dynamique où l'innovation et l'adaptation deviennent « des impératifs nécessaires » pour garantir la sécurité hydrique mondiale. Le Maroc ambitionne ainsi d'offrir une plateforme d'échanges permettant à la fois la circulation du savoir, le partage d'expériences et l'élaboration de solutions concrètes. Il a rappelé que ce retour au Royaume, après la 7e édition tenue en 1991 à Rabat, confirme la continuité de l'engagement national en faveur de la gestion durable de l'eau. Marrakech, une plateforme mondiale Le choix de Marrakech comme ville hôte est loin d'être fortuit. Le secrétaire général a mis en avant le caractère symbolique de la cité ocre qui incarne une longue tradition d'ingénierie hydraulique, notamment grâce aux khettaras, un système ancestral ayant permis l'essor de la vie en milieu aride. La ville deviendra ainsi, pendant cinq jours, « le carrefour mondial de l'intelligence collective au service de l'eau », où convergeront idées et engagements. Il a insisté sur les orientations nationales guidées par la Vision Royale, soulignant que le Royaume « a fait de la sécurité hydrique un pilier central » de son modèle de développement, en misant sur l'innovation, l'adaptation et l'anticipation des solutions résilientes. Un moment important de ce congrès sera la table ronde ministérielle prévue avec plusieurs pays africains, au cours de laquelle selon le secrétaire général, le débat portera sur « les sujets les plus stratégiques pour le continent, dans l'objectif de trouver des réponses communes ». Dans son intervention, le professeur Yuanyuan Li, président de l'Association Internationale des Ressources en Eau, a déclaré que « ce congrès marque un moment particulièrement spécial », car c'est la deuxième fois que l'IWRA organise son Congrès Mondial de l'Eau au Maroc. Le Président de l'IWRA a rappelé que ce congrès intervient dans un contexte de « mutations profondes », marqué par la raréfaction des ressources, la problématique de la qualité de l'eau, l'accélération technologique et l'exigence d'une gouvernance plus inclusive. Il a précisé que l'événement réunira plus de 26 délégations ministérielles, des organisations multilatérales telles que des entités onusiennes, 400 experts, 140 sessions, 30 exposants et qu'il aboutira à une « Déclaration de Marrakech et à un rapport du congrès ». Le Maroc au centre des solutions de l'eau Le professeur Yuanyuan Li a exprimé sa « sincère gratitude au Maroc » et au ministère de l'Equipement et de l'Eau, saluant l'engagement du Royaume dans la préparation de ce rendez-vous international, mais aussi dans sa contribution constante au partage d'expertise et à la coopération scientifique autour de la gestion durable des ressources hydriques. Il a relevé que l'organisation de ce congrès à Marrakech s'inscrit dans une dynamique portée par des stratégies nationales déjà engagées, qui font du savoir, de l'innovation et du partenariat les leviers essentiels des réponses aux défis majeurs liés à l'eau. Pour sa part, le directeur général par intérim de l'hydraulique, Salaheddine Dahbi, a présenté les grandes lignes du programme scientifique articulé autour de sept sous-thèmes définis pour répondre aux défis globaux de la ressource hydrique. Il a indiqué que le Congrès abordera les questions de gouvernance, de financement et de planification dans un contexte d'incertitude, ainsi que le nexus eau, énergie, agriculture et écosystème. Les débats porteront également sur la sécurité hydrique, la qualité de l'eau, le rôle de la ressource dans le développement durable et les opportunités liées aux eaux souterraines. Selon lui, l'objectif est de favoriser une approche collective, fondée sur la connaissance, l'innovation et la gestion intégrée, afin d'aboutir à des orientations communes dépassant l'horizon de 2030 et adaptées aux réalités des territoires. Salaheddine Dahbi a précisé qu'un comité scientifique international composé d'une soixantaine d'experts encadrera les travaux, répartis en plusieurs sous-comités dédiés au programme, à la communication, à la recherche et à l'évaluation. Des prix internationaux, dont le Crystal Drop Award, le Water Drop Award et le Wind Echo Award, distingueront les meilleures contributions, tandis que de jeunes ambassadeurs de l'eau auront l'occasion de présenter leurs projets, illustrant l'importance accordée à la relève scientifique. Le XIXe Congrès Mondial de l'Eau s'inscrit dans une dynamique internationale plus large, en cohérence avec les objectifs mondiaux liés à l'eau et au développement durable. Il se positionne comme un relais stratégique des principaux rendez-vous planétaires à venir, qu'il s'agisse de la Conférence des Nations Unies sur l'eau prévue en 2026, centrée sur l'accélération de l'Objectif de Développement Durable dédié à l'accès universel à l'eau et à l'assainissement, ou du deuxième Congrès de l'IWRA consacré aux défis spécifiques des ressources hydriques en milieu insulaire. Le XIXe Congrès Mondial de l'Eau contribuera également à la préparation des réflexions du Forum Mondial de l'Eau de 2027, appelé à renforcer le lien entre action climatique et gouvernance de l'eau, ainsi qu'aux prochaines conférences internationales sur le climat et la biodiversité. En établissant des passerelles avec ces échéances, l'événement vise à enrichir le dialogue global sur l'eau et à consolider les bases d'une coopération durable face aux enjeux majeurs que sont la sécurité hydrique, l'adaptation climatique, l'accès équitable à la ressource et la préservation des écosystèmes.