Ministre de l'Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l'Emploi et des Compétences Réunis au siège de la CGEM, le ministre Younes Sekkouri et les fédérations patronales ont consacré une longue séance de travail aux questions de la formation et au programme Tadaroj. Avec en toile de fond le phénomène de déperdition scolaire qui touche 280.000 jeunes chaque année, le gouvernement veut faire des entreprises un véritable levier de formation, en multipliant les centres intra-entreprises et en mobilisant une enveloppe de 800 millions de dirhams. Vous sortez d'une séance de travail dense avec les fédérations. Comment résumer l'objectif central de cette rencontre autour de l'apprentissage ? Nous sommes très ravis d'avoir coorganisé, avec la CGEM, cette rencontre avec les fédérations autour du programme d'apprentissage. L'apprentissage, comme vous le savez, c'est 20% de théorie et 80% de pratique. Le gouvernement a lancé un programme qui s'appelle Tadaroj – apprentissage en langue arabe – pour former et insérer 100.000 jeunes. Les sujets discutés aujourd'hui sont très pratiques. Quelles ont été précisément les demandes que vous avez formulées aux fédérations et aux entreprises pour accélérer le déploiement de l'apprentissage ? J'ai demandé aux entreprises et aux fédérations trois choses principalement. D'abord, un recensement des métiers que nous n'avons pas parmi les 200 déjà listés, pour permettre aux jeunes, aux fédérations et aux entreprises de bénéficier de ce programme-là. Ensuite, identifier les entreprises qui souhaitent ouvrir de petites écoles, c'est-à-dire des centres d'apprentissage intra-entreprises ou même en inter-entreprises, quand ce sont des PME, pour que ces entreprises-là nous disent clairement où est-ce qu'elles veulent ouvrir ces centres, dans quelles usines, pour quels métiers, afin que nous puissions leur donner les outils, les moyens et les budgets. Nous avons consacré 800 millions de dirhams à ce programme. Le budget se répartit entre les différents secteurs du pays. Pour finir, nous invitons toutes les entreprises qui ne sont pas forcément dans une logique d'ouvrir leur propre centre d'apprentissage pour former les jeunes, mais qui sont dans une logique d'accueillir les jeunes après leur formation théorique dans d'autres centres, à les accueillir à l'intérieur de l'entreprise pour qu'ils prennent les métiers en main et qu'ils puissent travailler, parce que c'est ça le sujet. Comment comptez-vous élargir rapidement le dispositif pour atteindre l'objectif des 100.000 jeunes formés et insérés ? Je voudrais croiser les données qui vont provenir de la CGEM avec un travail précis pour être sûr que les délais de création de ces centres sont hyper-rapides, avec un travail que nous avons effectué au niveau de l'ANAPEC, où nous avons consulté 12.000 entreprises et nous avons identifié 39.000 emplois, pas uniquement pour l'apprentissage, mais pour tous les secteurs confondus. Il faut dire que l'apprentissage est important parce qu'il permet d'attaquer une problématique de fond qui est celle de la déperdition scolaire. Les jeunes candidats aux programmes d'apprentissage dans l'agriculture, dans la pêche, dans l'artisanat, dans le tourisme, mais également dans la jeunesse, dans les métiers de la femme et de l'enfance, sont des gens qui n'ont pas forcément terminé leurs études. Donc l'idée, c'est de prendre ces personnes, leur apporter une aide parce que les entreprises, quand elles les prennent, elles paient également une prime de restauration, une cantine et du transport, en plus d'une rémunération. Ce n'est pas un salaire, parce que l'apprentissage est diplômant. Les opérateurs ont exprimé des besoins pour des secteurs qui ne connaissaient pas forcément ce mode de formation. N'oublions pas que l'objectif, en fin de compte, c'est d'insérer. Je suis très optimiste pour que vers le 15 décembre, on puisse avoir cette liste définitive pour accompagner l'effort qui a déjà démarré avec les secteurs, dans le cadre des conventions que nous avons signées. Vous évoquez une enveloppe de 800 millions de dirhams dédiée au programme. Comment cette ambition s'articule-t-elle avec l'existence des 57 centres de formation par apprentissage déjà opérationnels ? Nous disposons en effet de 57 centres déjà opérationnels, mais nous ambitionnons d'aller beaucoup plus loin, parce que l'apprentissage ne se fait pas qu'à travers les centres de formation par apprentissage intra-entreprise. Il se fait aussi dans les coopératives, dans un certain nombre de secteurs. Les 800 millions de dirhams couvrent tout l'effort de l'apprentissage, mais nous voulons plus d'apprentissage dans les entreprises, parce que c'est le meilleur garant pour un travail décent et à long terme. Parce que, n'oubliez pas, c'est dans le cadre de la feuille de route de l'emploi. Faiza Rhoul / Les Inspirations ECO