L'annonce de la candidature de Flávio Bolsonaro, fils aîné de l'ancien président Jair Bolsonaro, à l'élection présidentielle de 2026 provoque un séisme politique au Brésil, divisant la droite, crispant le centre et renforçant, selon les analystes, la position du président Luiz Inácio Lula da Silva comme favori du prochain scrutin. Âgé de 44 ans, le sénateur avait révélé vendredi que son père, condamné à 27 ans de prison pour tentative de coup d'Etat, l'avait désigné pour représenter son camp lors de la prochaine élection présidentielle. Une décision perçue comme improvisée, dépourvue d'accords internes, et mal accueillie par une partie de la droite et par le Centrao, bloc clé du jeu parlementaire brésilien. Le choix de la famille Bolsonaro d'écarter, pour l'heure, le gouverneur de Sao Paulo, Tarcisio de Freitas (Républicains), jusque-là considéré comme l'option naturelle de la droite, a renforcé l'idée d'un mouvement davantage dicté par la préservation du leadership du bolsonarisme que par une stratégie électorale concertée. Malgré cela, Flávio Bolsonaro affirme avoir obtenu le soutien de M. De Freitas, niant toute « fragmentation » de la droite. Lire aussi : Brésil : Jair Bolsonaro commence à purger sa peine de 27 ans de prison pour tentative de coup d'Etat La réaction des marchés a été immédiate : la Bourse de Sao Paulo a enregistré sa plus forte baisse en quatre ans, tandis que le dollar et les taux d'intérêt se sont tendus, signe d'une inquiétude accrue face à un scénario jugé favorable à une réélection de Lula. Sur le plan politique, la candidature de Flávio Bolsonaro fragilise également les équilibres internes du centre. À ce stade, seul le parti Républicains semble prêt à soutenir le sénateur. Le Parti démocratique travailliste (PDT) et le Mouvement démocratique brésilien (MDB) penchent désormais vers un appui à Lula, affaiblissant l'hypothèse d'une alternative modérée. Le Parti Social Démocrate (PSD) et Uniao Brasil ont indiqué qu'ils préféraient présenter leurs propres candidats, respectivement les gouverneurs Ratinho Júnior (Paraná) et Ronaldo Caiado (Goiás). Le Nouveau Parti (Partido Novo) envisage, lui, la candidature du gouverneur de Minas Gerais, Romeu Zema. Au sein du Parti progressistes (PP), une rupture interne est évoquée, ce qui pourrait conduire une majorité du parti à soutenir Flavio Bolsonaro. Alors que son entrée en campagne a accentué les divisions de la droite, le sénateur a surpris dimanche en affirmant qu'il pourrait renoncer, moyennant un « prix ». « Il est possible que je n'aille pas jusqu'au bout, j'ai un prix pour cela, je vais négocier », a-t-il déclaré à la sortie d'une église évangélique à Brasilia. Flávio Bolsonaro a par ailleurs suggéré que son retrait pourrait être lié à l'adoption d'une amnistie permettant à son père de redevenir éligible en 2026, une hypothèse jugée improbable, y compris par des figures de droite. Les alliés de Jair Bolsonaro tentent depuis des mois, sans succès, de faire avancer au Congrès un projet de loi en ce sens, couvrant également les partisans condamnés pour l'assaut du 8 janvier 2023 contre les institutions à Brasilia. L'épouse de l'ancien président, Michelle Bolsonaro, parfois citée comme possible candidate du camp conservateur, a apporté son soutien à Flávio Bolsonaro. Mais la désignation du sénateur, jugé plus modéré que son père, n'a pas suffi à apaiser les tensions. L'avenir de sa candidature reste incertain. Plusieurs partis du centre estiment que Jair Bolsonaro pourrait revoir sa stratégie d'ici avril. Une chose semble toutefois acquise pour les observateurs : le bolsonarisme peut perdre une élection, mais refuse de perdre son rôle central dans la droite brésilienne.