Alors que le Maroc s'apprête à accueillir la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), les modalités de déplacement des supporters algériens alimentent un débat soutenu. Au-delà des controverses, les éléments factuels mettent en évidence une organisation conforme aux standards internationaux, traduisant la volonté affirmée du Royaume d'ouvrir la compétition à l'ensemble des supporters, dans le respect des règles et de l'esprit sportif. À l'approche de la CAN 2025 organisée au Maroc, un débat s'est imposé dans une partie de l'espace médiatique algérien autour des conditions de déplacement des supporters des Fennecs souhaitant assister à la compétition. Présenté comme un « parcours du combattant », ce voyage est décrit à travers le prisme des escales multiples, des arnaques liées aux visas, des coûts élevés et de procédures d'entrée jugées contraignantes. Or, l'examen attentif des faits, des décisions officielles et du cadre organisationnel de la CAN permet de replacer les responsabilités et de mettre en lumière la position du Maroc, fondée sur l'accueil, la coopération sportive et le respect des standards internationaux. D'abord, la question logistique constitue le principal facteur des difficultés évoquées. Depuis le 22 septembre 2021, l'Algérie a décidé de fermer son espace aérien à tous les avions marocains ainsi qu'aux appareils immatriculés au Maroc. Cette décision unilatérale a eu pour effet immédiat la suppression de toute liaison aérienne directe entre les deux pays. Concrètement, un supporter algérien ne peut plus rejoindre Casablanca, Rabat ou Marrakech par un vol direct depuis Alger, une possibilité qui existait auparavant et dont la durée n'excédait pas deux heures. Les voyageurs sont désormais contraints de transiter par des hubs tiers comme Tunis, Madrid, Rome ou Paris, avec des escales longues et des tarifs déterminés par des compagnies étrangères (Le coût total peut grimper jusqu'à 1 460 €). Lire aussi : CAN 2025 : l'ONCF met les supporters sur les rails Les coûts dénoncés s'expliquent ainsi par une réalité structurelle liée à l'absence de vols directs, et non par une politique tarifaire marocaine ciblant un public précis. À cela s'ajoute la fermeture persistante de la frontière terrestre, décidée par l'Algérie en 1994 et jamais levée depuis, malgré les appels répétés du Maroc à la réouverture. Ce verrou prive les supporters du moyen de transport le plus accessible, à savoir la voiture ou le bus. Si cette frontière était opérationnelle, un déplacement entre l'ouest algérien et l'Oriental marocain se ferait en quelques heures et à coût réduit. L'enclavement actuel résulte donc d'un choix politique ancien, qui pèse directement sur la mobilité des supporters, sans que le Maroc n'en soit l'initiateur. La question des visas a également fait l'objet de confusions entretenues. En septembre 2024, l'Algérie a rétabli l'obligation de visa pour les ressortissants marocains. Le Maroc, pour sa part, n'a pas instauré de mesure équivalente à l'encontre des citoyens algériens dans le cadre du droit commun. Ce que disent réellement les décisions officielles Pour la CAN, les autorités marocaines, en coordination avec la Confédération africaine de football, ont mis en place une autorisation électronique temporaire liée à l'événement ; e-Visa, via l'application YALLA. Ce dispositif, comparable aux Fan ID utilisés lors de précédentes compétitions continentales et internationales, vise à gérer les flux massifs de supporters, à lutter contre les faux billets et à renforcer la sécurité autour des stades. Il ne s'agit ni d'un visa consulaire classique ni d'une mesure permanente. Profitant de la méconnaissance de ce mécanisme, certaines agences de voyages ont proposé, en Algérie, des services payants pour « faciliter » l'obtention de cette autorisation, à des tarifs élevés. Face à cette situation, la CAF et le comité d'organisation ont rappelé que la procédure officielle était gratuite. Le 11 novembre 2025, le Maroc a d'ailleurs annoncé la gratuité totale de cette autorisation électronique pour la CAN, confirmant que l'objectif poursuivi relevait de l'organisation et de la sécurité, et non d'un quelconque gain financier ou d'une volonté d'exclusion. Dans ce contexte, certains refus d'entrée ont été médiatisés et présentés comme la preuve d'un rejet généralisé. En pratique, les autorités marocaines ont fait usage d'une prérogative souveraine reconnue à tout pays hôte, en refusant l'entrée à certaines personnes en raison de positions jugées incompatibles avec les principes de respect et de non-incitation à la haine, dans une démarche visant à préserver l'ordre public, la sécurité et le bon déroulement de l'événement. Ces décisions ciblées ont ensuite été amplifiées pour nourrir l'idée d'une fermeture globale, alors qu'elles concernaient un nombre limité de personnes considérées comme susceptibles de troubler l'ordre public. La fraternité inquiète certains acteurs L'analyse du discours médiatique montre que la dramatisation du voyage répond aussi à un enjeu narratif. Une présence importante de supporters algériens au Maroc, dans un climat convivial souvent observé lors des compétitions sportives, viendrait contredire le récit d'une rupture totale entre les deux peuples. En présentant le déplacement comme dissuasif, certains acteurs cherchent à décourager cette dynamique. Or, du point de vue marocain, l'intérêt est clair. Le Royaume investit massivement dans les infrastructures sportives et logistiques afin de faire de cette CAN une vitrine continentale, dans la continuité de ses ambitions en vue de la Coupe du monde 2030. Des stades pleins et une fête africaine partagée illustrent pleinement cette vision.