Le milliardaire Donald Trump, candidat en tête à l'investiture républicaine pour l'élection à la présidence des Etats-Unis, a émis une proposition radicale, qui se veut décisive mais qui est surtout stupide contre le radicalisme de certains musulmans. Son idée est – excusez du peu – d'interdire le territoire américain aux musulmans, tous les musulmans… « Nous devons déterminer d'où vient cette haine et pourquoi elle existe. Jusqu'à ce que nous soyons en mesure de comprendre ce problème et la dangereuse menace qu'il représente, notre pays ne peut être victime d'horribles attaques par des gens qui ne croient qu'au djihad, et n'ont aucun sentiment de raison ou de respect pour la vie humaine (…). La haine dépasse l'entendement. Cela ne fait qu'empirer, et on va avoir un autre World Trade Center », a martelé Trump hier lundi 7 décembre. Il va falloir attendre longtemps alors pour qu'il « comprenne » l'islam et les musulmans… Priée de dire si cette proposition devait s'appliquer à tous les immigrés, étudiants, touristes désirant entrer aux Etats-Unis, sa porte-parole Corey Lewandowski a répondu : « Tous ». Faudra-t-il donc, aussi, expulser les diplomates, sportifs, étudiants, chercheurs, entrepreneurs, médecins et autres ? Personne n'a la réponse… Mais Trump est un homme qui a des relations, et des amitiés, donc il sait ce qu'il dit… « J'ai des amis musulmans, ce sont des gens très bien, mais ils savent qu'il y a un problème, et on ne peut plus le tolérer », a-t-il expliqué, ne fournissant aucune indication concernant la mise en place d'une telle interdiction. Après les attentats du 13 novembre en France, Donald Trump avait déjà proposé de ficher tous les musulmans vivant aux Etats-Unis, une mesure comparée par ses adversaires aux fichiers de juifs établis par les nazis, et d' « éliminer toutes les familles » des djihadistes. Réactions Lancée en réaction à la tuerie de San Bernardino, cette énième sortie aussi savamment pensée que puissamment stupide a attiré à son auteur un flot de déclarations de réprobation, dans son camp et chez les démocrates. En effet, même comparée aux propos incendiaires du milliardaire, la proposition est extraordinaire, et a déclenché des réactions politiques à la mesure d'une idée qui semble directement enfreindre la Constitution américaine et l'interdiction des discriminations religieuses. « Donald Trump est fou. Ses propositions politiques ne sont pas sérieuses », a réagi Jeb Bush, qui brigue lui aussi l'investiture républicaine… Si même Bush le dit… Pour sa part, la bien plus intelligente et cultivée Hillary Clinton, candidate à l'investiture démocrate, a estimé la proposition « répréhensible, préjudiciable et sources de division ». Quant à Nihad Awad, directeur du Conseil des relations américano-islamiques, il a répondu, très fortement indigné, que « c'est scandaleux de la part de quelqu'un qui prétend assumer les plus hautes fonctions dans ce pays (...) Donald Trump parle plus comme le chef d'une bande de lyncheurs que comme celui d'une grande nation telle que la nôtre ». Et même l'ancien vice-président Dick Cheney, membre du camp conservateur et très peu suspect d'amitiés pro-arabes, a affirmé que l'idée de Trump « va à l'encontre de tout ce que nous défendons et de tout ce en quoi nous croyons ». Le problème est que les Américains, dans leur grande majorité, sont enclins à croire ce genre de propos démesurés, eux qui ne savent ni ne mesurent que l'islam, c'est 1,2 milliard de personnes, dont seulement quelques milliers sont des radicaux prêts à commettre des actes de violence.
