Sahara : Londres réaffirme son appui au plan d'autonomie proposé par le Maroc    Réunion jeudi du Conseil de gouvernement    Santé: Tahraoui présente le bilan du Programme de réduction des disparités spatiales et sociales en milieu rural    Programme d'aide au logement : plus de 71 000 bénéficiaires recensés    Le Maroc et le Vietnam scellent deux accords majeurs en matière pénale et d'extradition    Sahara marocain : Washington finalise la résolution avant le vote du Conseil de sécurité    Minerais critiques : entre Europe, Etats-Unis et Chine, le Maroc, futur hub stratégique ?    El Mansouri : « Nous révisons la loi 12.90 sur l'urbanisme en coordination avec l'Intérieur »    AMO : Les prestations de la CNSS dépassent 8 milliards de dirhams en 2024    Wafa Assurance acquiert 63,39 % de Delta Insurance auprès du groupe Egyptian Kuwaiti Holding    La Russie et le Maroc approfondissent leur coopération douanière par la signature de deux protocoles techniques    Conseil de gouvernement : la 5G au menu    Appels d'offres pour les énergies renouvelables : Masen et et des partenaires de haut niveau lancent un programme régional    LGV Kénitra-Marrakech : L'ONCF engage les travaux de 24 nouvelles gares    Le Maroc et l'Espagne renforcent leur coopération face aux effets du changement climatique    Alassane Ouattara réélu président de la Côte d'Ivoire pour un nouveau quinquennat    Cameroun : Paul Biya réélu pour un 8è mandat    Mondial U17 (F) / Soirée de quart de finale : les Lioncelles face au triple champion nord-coréen    L'Arabie saoudite dévoile le « Sky Stadium », suspendu à 350 mètres du sol pour le Mondial 2034    CAN 2026 : Cameroun – Algérie en affiche des éliminatoires, le programme    Youssef En-Nesyri brille et guide Fenerbahçe vers un large succès en Turquie    Ligue des Champions Féminine CAF 2025 : Dotation et programme    1er Championnat mondial de handball U17 : ce soir, Les Lionceaux face aux Pharaons pour un dernier baroude d'honneur !    Football d'entreprise : Le Maroc remporte la 7e édition de la Coupe du monde    Le temps qu'il fera ce mardi 28 octobre 2025    Les températures attendues ce mardi 28 octobre 2025    Réseau routier national : près de 48 000 kilomètres de routes bitumées au Maroc    Ben Yahya : « l'éradication de la mendicité ne se fait pas en un seul mandat »    Italian parliamentary delegation visits Morocco to support Sahara autonomy initiative    Morocco's Ventec wins FIFCO World Corporate Football Cup in Fez    Energy Transition Minister unveils Morocco's preparations for COP30 in Brazil    257 autobus réceptionnés à Casablanca dans le cadre du programme national du transport public urbain    Marrakech brille sur la scène internationale : l'Associated Press célèbre la ville rouge    Bourita s'entretient avec une délégation de l'intergroupe parlementaire italien de « Soutien à l'initiative d'Autonomie au Sahara »    Le Turc Baykar s'apprête à lancer au Maroc la production de drones nouvelle génération    La Fédération royale marocaine de ski et sports de montagne obtient un siège à la direction de l'UIAA    Sénateur américain : "Si j'étais Maduro, je me serais enfui en Russie ou en Chine"    Massad Boulos : Washington optimiste quant à un règlement définitif de la question du Sahara    Guelmim : Le site des gravures rupestres intact mais menacé (CNDH)    Industrie cinématographique : La loi 18-23 a fait son cinéma... et maintenant ?    Jeunesse et culture : Bensaid met en avant le "Pass Jeunes", les députés réclament plus de participation    Invité d'honneur de l'IFJ : Fouad Souiba, funambule entre réel et fiction    Présidentielle ivoirienne. Alassane Ouattara en tête    El Mahjoub Dazza triomphe au Marathon international de Casablanca    Algérie : Le PDG de Sonatrach limogé - Les raisons inavouées    Le Festival du Film Méditerranéen de Tétouan rend hommage à Nabil Ayouch et Eyad Nassar    Cotonou, scène des musiques d'Afrique francophone    Essaouira. Le Festival des Andalousies Atlantiques se rêve en Zyriab des temps modernes    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La bêtise... qui se veut intelligente dans le Rif, par Hicham Rouzzak
Publié dans PanoraPost le 22 - 05 - 2017

Entre nous soit dit… Il faudrait que quelqu'un de raisonnable au sein de l'Etat intervienne avant que la cata ne survienne, et que ce quelqu'un dise simplement que la bêtise n'est pas une solution… Il aurait fallu que ce quelqu'un attire l'attention de l'Etat sur le fait que l'implication des mêmes personnels politiques dans le dossier du Rif revient à envoyer des pompiers éteindre un feu en faisant le plein d'essence au lieu de l'eau…
Il eût, donc, fallu un homme (ou une femme) raisonnable… qui eût dit que la solution ne passait pas par cette brochette de politiques qui vont défiler en petits soldats à la télé pour y déverser ce qu'on leur a dicté… dans des scènes qui nous rappellent ces soldats américains capturés par l'armée irakienne et qui étaient passés sur les écrans télé pour louer la force et la puissance de l'armée de Saddam Hussein, avant que cette armée ne disparaisse quelques heures après la mascarade.
Ce qui arrive dans le Rif est dangereux… et c'est d'autant plus grave que les choses viennent de la nuit des temps, viennent surchargées du poids de l'Histoire, de la malédiction de la géographie, de la douleur procurée par toute cette hogra accumulée, cette hogra dont la simple évocation dans le Rif fait remonter à la surface tant et tant de choses…
Il y avait tellement de manières de réagir à ce qui se produit dans le Rif… Il y avait tellement de façons de réparer les fautes… Et toutes ces voies choisies pour cicatriser les plaies auraient pu, finalement, être erronées, mais pas forcément stupides. Mais cette réaction du ministre de l'Intérieur, qui a réuni les responsables des partis dits de la majorité, a dépassé ce qui aurait pu sortir de l'intelligence du plus idiot des crétins.
Et la stupidité ne consistait pas seulement pour ces dirigeants de partis de l'autoproclamée majorité à accuser les Rifains de haute trahison et de travail pour le compte de puissances étrangères, contre monnaie sonnante et trébuchante… Non. Pour être sincère, ceci n'est pas de l'imbécilité. Définitivement pas.
Dire cela et accuser ceux-là de ceci est un crime. Un de ces crimes que le Code pénal réprime car accabler les gens, sans preuve, sans jugement, à la télé publique, de l'accusation la plus grave qui soit, en l'occurrence la trahison contre son pays, est un crime… Et dans le cas où nous supposerions avoir une justice aussi transparente qu'indépendante, les chefs de la majorité devraient comparaître devant un juge, ou plusieurs, pour exposer leurs accusations, soumettre leurs preuves et étayer leurs propos par des faits… ou pour être, eux-mêmes, mis en accusation pour les charges qui seraient retenues contre eux et que le Code pénal sanctionne.
Le plus idiot dans cette histoire est que l'Etat chez nous prenne l'allure de quelqu'un qui projette d'effectuer une opération cardiologique à cœur ouvert et qui accepte l'assistance d'un vendeur d'onguents.
Le plus stupide dans cette histoire toujours est de voir notre Etat appelé à réagir aux revendications sociales dans le Rif… et qu'il ne trouve pour ce faire que des gens, des gueux, des gars dont la simple vue est suffisante pour étendre les manifestations à tous les coins et recoins du pays, et non plus seulement dans les montagnes du nord.
En fait… je me dis qu'aujourd'hui il y a quand même une grande éventualité de voir descendre dans les rues des gens qui, jusque-là, restaient chez eux, voire même qui contestaient les contestataires dans le Rif.
… Et donc, pour calmer les esprits à al Hoceima, pour inciter les manifestants à savoir raison garder, à négocier ce qu'ils exigent, à ne plus vouloir imposer leurs propositions et à écouter les contre-propositions, il eût fallu agir autrement… en actionnant bien d'autres manettes…
N'importe quelle autre manette que celle, par exemple, de leur envoyer Rachid Talbi Alami qui a lancé que « ces gens sont à la solde de l'étranger, et rien ne sert de leur causer ou d'essayer de les convaincre »… Las. Il existe tout un tas de gens qui ne se sentaient pas concernés par le mouvement social et qui, aujourd'hui seraient susceptibles de se joindre aux contestataires, non pas pour rejeter les idiotes accusations de Talbi Alami, mais contre l'existence même de Talbi Alami !
Tenir le discours de la loi et de l'Etat de droit, n'importe qui aurait été à même de le faire, à l'exception de Talbi Alami, cet homme qui traîne les casseroles, de l'évasion fiscale pour 16 millions de DH à l'atelier « clandestin » de cuir qui employait une centaine de personnes, dans les années 90, que leur patron ne déclarait pas à la CNSS pas plus qu'il ne payait ses impôts à l'Etat…
Dans le Rif, les manifestants auraient pu être bien plus réceptifs si on leur avait envoyé quelqu'un d'autre que Driss Lachgar… ce Lachgar qui a affirmé que « nous sommes unanimes à considérer que nous sommes dans un Etat de droit ; les demandes et autres revendications s'opèrent dans un cadre institutionnel défini et délimité par les pouvoirs publics, au moyen d'intermédiaires soumis à la loi ».
Lachgar, donc, considère que nous sommes ici dans un marché de bestiaux, un marché où n'existent que les intermédiaires… et les escrocs qui vont avec, aussi, peut-être…
Il aurait fallu envoyer quelqu'un d'autre pour s'adresser aux populations rifaines que Driss Lachgar, qui a ajouté que « toute expression qui viole la loi, qui porte atteinte aux biens publics ou aux libertés des autres, n'entre absolument pas dans le cadre de l'Etat de droit qui protège tout et tous, sous couvert de la loi »…
Lachgar est-il ainsi tellement préoccupé par les biens publics ? Cet homme qui a bénéficié d'un terrain des mêmes biens publics, obtenu à vil prix, craint-il donc tant pour le domaine public ? Avec ce genre de déclarations, pourriez-vous vous attendre à ce qu'il reste une seule personne dans le Rif, et ailleurs, qui condamne les protestations dans le Rif ?
Continuons… Il aurait été possible d'entamer des discussions avec nos compatriotes dans le Rif sans pour autant déléguer un Khalid Naciri qui a assuré la main sur le cœur que « cette fable de revendications sociales ne tient plus une seule seconde car ces demandes et contestations ont franchi la ligne rouge »…
Mais les gens du Rif, et l'ensemble des Marocains avec eux, ne connaissent pas d'autre ligne rouge que l'on franchirait allégrement que celle qui avait fait que, jadis, Khalid Naciri ministre de la Communication avait bénéficié de sa position pour tirer d'affaires son rejeton en délicatesse avec la loi et en pugilat avec un citoyen. Naciri l'avait alors « exfiltré » dans son véhicule de fonction…
Et donc, la seule chose à retenir des propos de Khalid Naciri sur le Rif est que… Khalid Naciri parle.
On aurait pu trouver bien des moyens pour circonscrire la crise dans le Rif autrement qu'en y envoyant Saadeddine El Otmani et ce qu'il signifie aujourd'hui, lui et son parti, dans l'esprit des Marocains. On aurait pu se passer également d'Ameskane, illustre inconnu dans le Rif, mais pas du côté d'Ouarzazate où les populations se rappellsouviennent encore de son histoire avec une compagnie pétrolière.
Il n'était pas nécessaire de diligenter Laftit, qui rappelle cruellement qu'au Maroc prospèrent des serviteurs de l'Etat vernis, qui s'accaparent des terres à prix insignifiant.
Au final, il n'était pas vraiment obligatoire d'envoyer à nos compatriotes du Rif ce message qui leur dit que seule la bêtise est la solution de ce qui se produit au Nord, et qui leur rappelle que parmi les causes de l'échec de l'Etat, de la démocratie et du droit figurent ceux-là mêmes qui disent vouloir défendre l'Etat, la démocratie et le droit.
Il y aurait eu bien de mauvaises façons certes de traiter le problème du Rif, mais était-il vraiment nécessaire de retenir la plus abjecte pour montrer à nos chers compatriotes du Rif que tout est fait pour… durcir encore plus la situation.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.