A Ceuta, Pedro Sánchez appelle à renforcer la coopération avec le Maroc    Le Parti populaire espagnol à Gran Canaria soutient le Polisario    Le Maroc inclus dans un nouveau contrat américain de soutien aux F-16 de 304 millions de dollars    Conjoncture : l'inflation recule, la vie chère demeure    Climat : ces initiatives du Maroc à la COP30    Banques : Le déficit de liquidité se creuse à 137,7 MMDH    La CNSS lance son opération annuelle de contrôle de scolarité    Le Maroc élu à la présidence du Conseil oléicole international pour 2026    Protection des données : Barid Al-Maghrib mise jusqu'à 18,4 MDH pour bétonner sa cryptographie    France : Un chef du renseignement nie tout lien entre LFI et islamistes mais pointe l'ultradroite    Morocco shines with three medals at Islamic Solidarity Games in Riyadh    CAF Awards 2025 : razzia marocaine !    Saint-Gilles : Vers un départ de Sofiane Boufal cet hiver    JSI Riyad 25 / Jeudi : trois nouvelles médailles mais une place perdue au tableau du classement    1⁄4 de finale CDM U17 /Jour J pour '' Maroc–Brésil'' : Horaire ? Chaînes ?    CDM (f) Futsal / ''Maroc-Argentine'' : le score passe à 6-0 après la reprise pour l'Albicéleste    Marruecos: La SGTM presenta su oferta pública en la bolsa de Casablanca    Grippe aviaire : premier foyer dans un élevage de poulets dans l'Ouest français    Températures prévues pour samedi 22 novembre 2025    Morocco–EU deal : Labeling of Sahara products fails to convince MEPs    Morocco pursues diplomatic outreach to Tanzania, despite its recognition of the «SADR»    ONU Maroc lance un concours de rap et de slam pour sensibiliser les jeunes sur les violences numériques    Expo : «Les origines de la vie» ou le Big Bang du vivant    Cours des devises du vendredi 21 novembre 2025    Aquaculture marine : 300 fermes autorisées (M.Baita    Australie: Meta va bloquer l'accès des moins de 16 ans à Facebook et Instagram le 4 décembre    Trump va rencontrer vendredi le maire élu de New York, le socialiste Zohran Mamdani    Sahara : La Sierra Leone réaffirme son soutien au Maroc et salue la résolution 2797    Mr. ID dévoile ASKI, une immersion artistique au cœur des musiques du Sud marocain    Le Bloc-Notes de Hassan Alaoui    Achraf Hakimi sacré, Chebbak entre dans l'Histoire : une soirée marocaine triomphale aux CAF Awards 2025    L'armée pakistanaise annonce avoir tué 23 insurgés à la frontière afghane    Trump signe la loi pour rendre le dossier Epstein public    Le Niger inscrit sa position dans l'Histoire : Le Sahara est marocain et l'autonomie constitue la solution définitive    Bourita appelle à l'élaboration d'un instrument juridique pour lutter contre les « enfants soldats »    Bourita reçoit le président de l'Assemblée nationale de Tanzanie    Chambre des conseillers : Le développement territorial au menu de la séance mensuelle    Guelmim : Un total de 117 ans de prison après les émeutes suivant les manifestations de GenZ    Santé maternelle : Une Plateforme nationale au service de la vie    Près d'une femme sur trois a subi des violences conjugales ou sexuelles dans sa vie, selon l'OMS    Moroccan athlete Anass Essayi wins gold at Islamic Solidarity Games in Riyadh    Indice mondial du savoir 2025 : le Maroc face au défi du capital intellectuel    Rabat accueille la 12e édition du Festival Visa for Music    « Santa Claus, le lutin et le bonhomme de neige » : un spectacle féerique pour toute la famille au cœur du pôle Nord    Patrimoine : le caftan marocain en route vers l'UNESCO    Attaques jihadistes. Alerte maximale au Nigeria    Be Magazine : Rabat se fait une place méritée dans les grandes tendances du voyage    Festival International du Film de Marrakech: la composition du jury de la 22e édition dévoilée    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



(Billet 724) – Schizophrénie linguistique
Publié dans PanoraPost le 14 - 07 - 2022

Quelle langue parler, et quelles langues utilisons-nous pour nos échanges ? Telles sont les deux questions qui continuent, de temps en temps, de loin en loin, d'animer nos conversations, menées dans une quelconque langue… Arabe, français, amazigh, et depuis récemment, anglais ? Le débat n'est pas encore tranché, en dépit des lois et autres grandes envolées oratoires des uns et des autres.
Selon la constitution, nous sommes un peu de tout, ce qui est vrai, considérant la position géographique du royaume qui brasse et embrasse tellement de cultures ; ainsi, nous sommes arabes, imazighen, africains, andalous, hébraïques, hassanis... Soit, mais ce sont les deux premières cultures qui nous donnent nos deux langues officielles.
Et c'est là que le trouble commence… la langue amazigh, très riche, doit encore être « travaillée », peut-être plus codifiée, enrichie des mots et désignations des technologies nouvelles, sans doute unifiée à travers toutes ses déclinaisons… Quant à l'arabe, et si on suppose que nous parlons ici d'arabe littéraire, et bien personne ne le parle au quotidien. L'arabe est une langue plutôt écrite puisque, supposée être utilisée dans une vingtaine de pays (qui forment, forcément, la Ligue arabe), elle ne l'est qu'à l'écrit car chacun de ces pays a développé un dialecte, certes plus ou moins approchant de l'arabe, mais un dialecte.
Au Maroc, tout le monde s'exprime en darija, et chaque région a « sa » darija, Oujda, Casablanca, Tanger, Marrakech, Dakhla… Et même, parmi nos politiques, les chantres les plus farouches de l'arabe emploient souvent la darija pour solliciter les votes des populations. L'un des défenseurs les plus acharnés de cette belle langue arabe, en l'occurrence Abdelilah Benkirane, ne doit ses succès électoraux qu'à sa puissance verbale, laquelle se fonde sur l'usage très maîtrisé qu'il fait de la darija… Et même chose pour cet ancien cacique de l'Istiqlal, Moulay Mhamed el Khalifa, qui doit sa riche carrière politique à son bagout en darija.
Et cette même darija gagne du terrain car pour l'écrasante majorité des campagnes de sensibilisation contre les fléaux de la société, c'est elle qui prime… pour la sécurité routière, pour la lutte contre la violence faite aux femmes, ou encore contre la corruption, les messages sont souvent, très souvent, de plus en plus souvent émis en darija. Mieux encore, depuis qu'Aziz Akhannouch est chef du gouvernement, lui qui n'est pas spécialement connu pour son polyglottisme, nous avons droit à des messages sur les réseaux sociaux mêlant la darija à l'arabe littéraire, et même à des responsables ignorant tout ou presque de l'arabe littéraire et de l'amazigh, langues nationales s'il en est !...
Résumons : Nous avons deux langues officielles qui ne sont pas utilisées, soit par confort soit en raison d'une inadaptation. Cela offusquera plus d'un, mais c'est ainsi. Il reste alors les langues étrangères… Français ou anglais ? Le français appartient à notre histoire, mais l'anglais est notre avenir. Et là aussi, les mauvaises décisions sont prises, puisque quand il était question d'introduire les langues étrangères dans nos cursus éducatifs, que pensez-vous qu'il arriva ? Ce fut le français qui prima, alors même que le français est de moins en moins employé dans les grandes écoles et les universités françaises.
Alors voilà à quoi ressemblerait dans vingt ans un enfant marocain né aujourd'hui. Bébé, il écoutera de la darija, du hassani, du rifain ou autre, langues en usage dans nos maisonnées, avant d'aller à l'école, où il sera reçu en arabe littéraire, certes mâtiné de darija, mais de l'arabe littéraire quand même. Prévisible complication : si cet enfant a un enseignant venant d'une autre région que la sienne, il devra apprendre d'autres mots, la darija étant en effet très riche ! Quelques années plus tard, cette jeune personne arrive au collège et, à supposer qu'elle appartienne aux 30% sachant lire et écrire à ce niveau, et elle commencera ses balbutiements en français, cette splendide mais très complexe langue qui, une fois au lycée, sera progressivement remplacée par l'anglais, langue internationale pour à peu près tout.
Enfin, à l'âge adulte, cet ex-enfant exposé à tant de langues et de déclinaisons dans son dialecte sera confronté à des administrations fonctionnant en arabe littéraire (justice, services communaux de proximité…), en français (organismes économiques publics ou privés. …), en anglais dans un nombre croissant d'entreprises et dans certains ministères… Et dans tous les cas, les contacts et échanges se feront en darija.
On dit les Marocains, de par leur histoire et leur géographie, ouverts sur les cultures et donc les langues. Et c'est probablement exact. Mais cette richesse ne doit pas être laissée en jachère, comme tant d'autres, en négligeant le facteur linguistique dans l'éducation.
On y pense et on en discute toujours… en plusieurs langues !!


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.