Dans une étude, trois chercheurs ont souligné le recours, durant les premiers mois de la pandémie au Maroc, à une vingtaine d'espèces végétales, fréquemment utilisées par des herboristes pour «la prévention et le traitement du Covid-19». Bien que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré qu'aucun médicament n'a démontré qu'il prévient ou guérit le Covid-19, le recours aux plantes médicinales pour «prévenir» du coronavirus ou «soigner» ses symptômes, encouragé par les conseils de certains nutritionnistes et d'autres charlatans, a été constaté au Maroc. Ainsi, dans une étude intitulée «Covid-19, prevention and treatment with herbal medicine in the herbal markets of Salé Prefecture, North-Western Morocco», publiée dans l'European Journal of Integrative Medicine, Noureddine Chaachouay de l'Université Hassan 1er et Allal Douira et Lahcen Zidane de l'Université Ibn Tofail se sont penchés sur la question. Ils ont ainsi mené des enquêtes dans la préfecture de Salé, du 1er mars 2020 au 31 mai 2020, auprès de 30 herboristes (24 hommes et 6 femmes) de cette ville. L'étude a démontré la place qu'occupent les plantes médicinales dans le système de santé fondamental de la population. Ses résultats montrent comment un total de 20 espèces végétales, issues de 20 genres et 14 familles, ont été le plus fréquemment utilisées par ces herboristes pour «la prévention et le traitement du Covid-19». Des herboristes sans certificat ou de diplôme spécialisé «De façon anecdotique, les herboristes ont revendiqué que des médicaments à base de plantes les auraient maintenus en bonne santé ou auraient amélioré leurs symptômes», indiquent les trois chercheurs, en précisant que «la plupart des recherches sur ces herbes utilisées ne sont pas concluantes». En outre, ces herboristes «pensaient que le traitement avec des remèdes à base de plantes pendant 7 jours conduirait à une amélioration marquée du taux de rémission en rapportant que «des capsules à base de plantes réduiraient la durée de la fièvre de trois jours et les symptômes de fatigue», par exemple. L'étude, qui dresse le profil de ces herboristes, précise que la majorité ont plus de 50 ans (22), que 17 d'entre eux ont entre 30 et 50 ans alors qu'un seul a moins de 30 ans. De plus, en ce qui concerne le niveau académique, les résultats ont montré que plus de la moitié des herboristes (53,33%) ont une éducation secondaire, 26,67% ont une éducation primaire, 16,67% étaient analphabètes. Ainsi, «seulement 3,33% des herboristes avaient un diplôme d'études supérieures», indiquent les trois chercheurs. Le constat le plus marquant est le fait qu'«aucun des herboristes participant à l'enquête n'a de certificat ou de diplôme en herboristerie». L'étude rappelle, à cet égard, que l'article 17 du Dahir du 19 février 1960 énonce que pour détenir et vendre les plantes ou parties de plantes médicinales, qu'elle soit fraîche ou sèche, à l'exception des plantes classées dans les différents tableaux de substances toxiques, l'intéressé doit être muni du certificat d'herboriste et autorisé dans les conditions prévues à l'article 2 du même Dahir. Des remèdes qui «peuvent augmenter les risques liés à la Covid-19» Tout en rappelant que les pays en développement, comme le Maroc, ont un penchant pour la médecine traditionnelle, en raison de la pénurie du personnel médical et des dispositions et les difficultés d'accès à la médecine fondamentale, l'étude met en garde contre ces préparations utilisées contre le coronavirus. «Même si les remèdes à base de plantes peuvent sembler inoffensifs, ils peuvent augmenter les risques liés à la Covid-19, s'ils sont mal utilisés», alerte-t-elle. De plus, bien que certaines herbes semblent «efficaces pour prévenir et traiter les symptômes du Covid-19 chez certaines personnes», les chercheurs soulignent qu'il «n'y a actuellement pas suffisamment de données concernant l'utilisation de remèdes à base de plantes pour le nouveau coronavirus». L'étude recommande, dans ce sens, à ce que la procédure scientifique soit ajoutée aux connaissances autochtones et suggère des recherches supplémentaires sur l'utilisation durable et la conservation des espèces médicinales. «Des recherches pharmacologiques, phytochimiques et toxicologiques sur les espèces de plantes médicinales ayant des effets possibles anti-Covid-19 doivent être menées pour la validation en laboratoire des usages ancestraux de ces plantes», plaident les trois chercheurs. Bilan Coronavirus dans le monde 259 465 151 Contaminations 5 174 661 Décès 235 366 205 Guérisons 53.8% de la population mondiale vaccinée