Le pays apprend, lui aussi, à vivre au rythme de la pandémie. Et à la combattre. Certains s'y essayent avec les plantes médicinales… Les autorités tunisiennes ont pris des mesures fortes contre la pandémie de Covid-19. Des mesures notamment pour le commerce. Un secteur échappe cependant à cette ambiance maussade : celui des herboristes et des plantes médicinales. Tous les vols internationaux ont ainsi été suspendus, a annoncé le Premier ministre, Elyes Fakhfakh. Plusieurs milliers de touristes étrangers se sont retrouvés bloqués, notamment sur l'île de Djerba (sud). A partir du 18 mars, les rassemblement seront également interdits dans les hammams, les fêtes et dans les marchés. Tandis que le travail devra s'organiser en deux services de cinq heures chacun pour limiter la fréquentation dans les transports. Les heures de service sont notamment réduites dans la Fonction publique. Toutes les manifestations et compétitions sportives sont annulées. Les prières collectives l'avaient déjà été. Les écoles, qui avaient été fermées cette semaine à quelques jours du début des vacances tunisiennes, ne rouvriront pas avant le 28 mars. Résultat : à Tunis, la capitale, les chalands sont moins nombreux à se presser dans les ruelles dallées de la médina. Mais les Tunisiens continuent à venir au souk el-Blat, le quartier des herboristes en plein cœur de la vieille ville. Les plantes médicinales locales et importées sont d'ordinaire prisées pour se prémunir notamment de la grippe hivernale. Pour l'herboriste, « les Tunisiens aiment tout ce qui est traditionnel et naturel : ils font confiance, surtout en ces moments de panique, aux recettes de nos ancêtres ! »Et de poursuivre : « Les gens demandent des choses à préparer à la maison comme le thym, le gingembre, le moringa qui sont très bien pour l'immunité et pour combattre les virus », affirme-t-il. L'herboriste conseille aussi à ses clients de parfumer leurs maisons avec les graines du peganum Harmala, plante vivace qui aurait des vertus désinfectantes, à l'en croire, même contre le nouveau coronavirus. Bien qu'au niveau scientifique, ce ne soit en aucune façon prouvé. Et que représente cette activité traditionnelle en Tunisie ? En 2013 (difficile de trouver des données plus récentes), selon une étude citée par le site Babnet, le secteur des plantes aromatiques et médicinales (PAM) contribuait « en moyenne, à hauteur de 0,8% à la formation de la valeur de la production agricole, de 1% à l'effort d'exportation ». Deux ans plus tôt, la superficie totale des PAM cultivées en Tunisie était estimée à 4 550 hectares, dont 1 396 hectares pour les seules plantes médicinales. On compte plus de 2 000 espèces de plantes, ce qui fait du pays « un véritable réservoir phytogénétique », eu égard à sa nature tant méditerranéenne que saharienne. Selon une autre étude, 225 espèces sont utilisées en médecine traditionnelle, dont 38 pour les huiles essentielles. Parmi les plantes récoltées : la menthe la coriandre, le cumin, le fenouil, la camomille, le jasmin, la marjolaine… Mais aussi le romarin, la fleur d'oranger, le myrte et la rose (les trois derniers transformés en huiles essentielles), appréciés à l'exportation, notamment vers l'Europe.