Sur le dossier iranien, le Maroc et Israël entretiennent une convergence de points de vues. Anticipant un éventuel cadeau de Washington à Téhéran, le ministre israélien des Affaires étrangères décoche des flèches en direction de l'administration Biden. Que fera Rabat ? Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, pointe le peu d'enthousiasme de l'administration Biden envers les accords d'Abraham, rapporte lundi un média israélien. «Au début, les Américains étaient hésitants, ils ne savaient pas trop comment approcher la question», a déclaré le chef de la diplomatie. Antony Blinken avait en effet souligné, le 19 janvier 2021 lors de son passage devant la Commission des Affaires étrangères au Sénat pour approbation de sa nomination à la tête de la diplomatie américaine, sa détermination à «examiner attentivement les engagements» pris par son pays dans le cadre de normalisation des relations entre Israël et des Etats arabes. Depuis Lapid a noté qu'«aujourd'hui, ils ont adopté les accords». Néanmoins, il s'est montré sceptique de voir «à court terme» d'autres pays musulmans rejoindre les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan. «Aujourd'hui, le plus important qu'il y a à faire, l'outil le plus déterminant pour convaincre d'autres pays d'intégrer les accords d'Abraham, c'est de transformer ces accords en succès incontestables», a-t-il proposé. Convergence du Maroc et d'Israël sur le dossier iranien Ces critiques exprimées par Lapid interviennent alors que les Etats-Unis se préparent à tendre la main à l'Iran avec un éventuel retrait des Gardiens de la révolution islamique de sa liste des organisations terroristes. Une intégration décidée, en avril 2019, par l'ancien président Donald Trump. L'opposition à l'Iran constitue, par ailleurs, l'un des points de convergence entre Rabat et Tel-Aviv. Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avait condamné, à l'occasion d'un entretien avec le secrétaire général du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), Nayef Falah Al-Hajraf, «l'ingérence flagrante» de Téhéran «dans les affaires intérieures des pays du Golfe, en particulier dans le Royaume frère du Bahreïn». Pour rappel, lors de sa participation, le 5 mai, à la conférence de l'AIPAC, le puissant lobby américain pro-Israël, le chef de la diplomatie marocaine avait accusé l'Iran de «menacer l'intégrité territoriale du Maroc en soutenant le Polisario». De son côté, Yaïr Lapid avait pointé du doigt, le 13 août à Rabat, la «proximité entre l'Algérie et l'Iran». Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'un membre du gouvernement israélien déplore le peu d'engagement de l'administration Biden à consolider les accords d'Abraham. La ministre de l'Intérieur, Ayelet Shaked, avait indiqué, en novembre 2021 dans des déclarations à la presse, qu'«il y a beaucoup de potentiel dans ces accords, mais beaucoup dépend de l'engagement de l'administration [Biden]». «En fin de compte, ces pays font la paix, non seulement parce qu'ils ont intérêt à faire la paix avec Israël, mais aussi parce qu'ils ont un intérêt avec les Etats-Unis», avait-elle déploré. Le Maroc a rompu, le 1er mai 2018, ses relations diplomatiques avec l'Iran. Rabat a signé les accords d'Abraham le 20 décembre 2020. Le 24 novembre 2021, Israël et le Maroc ont signé un accord de coopération militaire.