Hormis les événements de la récente TICAD, où le Maroc a claqué la porte de la conférence après l'accueil réservé par le président du pays hôte au secrétaire général du Polisario, le royaume garde une place importante en Afrique pour le Japon. Il est le pays africain qui bénéficie le plus des investissements japonais, selon un Reserach Paper du Policy Center for the New South (PCNS). Le weekend dernier, la 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD), plateforme du soft power nippon, a failli à sa mission à cause du Polisario. A cause de l'Algérie et du Polisario, et avec cette fois la complicité de la Tunisie, le forum s'est transformé d'une plateforme de développement de l'Afrique en un lieu pour aborder les différentes thèses autour de la question du Sahara. Malgré sa place importante dans la stratégie du Japon en Afrique, le Maroc a claqué la porte de la TICAD, annonçant son retrait, tandis que plusieurs pays africains ont exprimé leur soutien au royaume. Le Japon lui-même a dénoncé et exprimé son refus de la participation du Polisario à la 8ème édition de cette conférence, tandis que seuls l'Algérie et le Polisario se sont «félicités» après la fin des travaux du conclave. La place de la coopération économique dans les relations maroco-nippones Dans un Research Paper publié il y a quelques jours, par le Policy Center for the New South (PCNS), le chercheur Redouan Najah a dressé un bilan de l'engagement japonais en Afrique, les différents mécanismes de coopération Japon-Afrique ainsi que les principaux domaines de coopération entre le Japon et le Continent. Son papier insiste sur la place centrale du Maroc pour le Japon. «Le Maroc et le Japon entretiennent des relations marquées par une profonde amitié entre la famille royale marocaine et la famille impériale japonaise depuis l'établissement des relations diplomatiques en 1956» dans lesquelles la coopération économique occupe une place de choix, écrit-il dans son papier. Rappelant la visite du roi au Japon en 2005, il ajoute que «le Maroc et le Japon ont développé et entretenu des rapports substantiels dans divers domaines». «Au cours des dix dernières années, le nombre des entreprises japonaises opérant au Maroc a plus que doublé et atteint 75 contre 35 en 2015, faisant du Royaume la deuxième destination des entreprises nippones en Afrique et du Japon le premier employeur privé étranger au Maroc (50 000 employés, avec 30 000 assurés par les géants automobiles Sumitomo, Fujikura et Yazaki)», poursuit le chercheur. Des entreprises principalement actives dans les secteurs de l'industrie automobile et de l'aéronautique et du câblage, les énergies renouvelables et les banques. De plus, la coopération dans le domaine agricole est «marquée par une dynamique caractérisée par la réalisation de nombreux programmes et projets de développement, liés notamment au conseil et à la formation agricoles, ainsi qu'au développement hydro-agricole», poursuit la même, qui explique que le volume moyen des échanges dans ce secteur s'élève à 200 millions MDH, avec une prédominance des exportations du Maroc (environ 180 MDH en moyenne annuelle). Le Maroc, «pays africain qui bénéficie le plus des investissements japonais» La coopération entre les deux pays porte notamment sur les domaines de la pêche maritime, coopération qui remonte à plus de 40 ans, avec l'accord de pêche toujours en vigueur depuis 1985. Aussi, en 2021, le Japon a lancé un navire de recherche océanographique et halieutique à la pointe de la technologie pour soutenir l'industrie halieutique africaine, dans le cadre du développement de la coopération tripartie entre le Japon, le Maroc et l'Afrique en tant que continent dans les secteurs agricoles, de la pêche et de l'agro-industrie. Pour les financements à travers l'aide publique au Développement (APD), en 2022 l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et le gouvernement marocain ont signé un accord de prêt d'APD d'une valeur de 1,6 milliard de dirhams, visant à améliorer l'environnement d'apprentissage de l'éducation de base. Un autre accord de prêt d'APD a été signé en 2020 dans le cadre du programme de soutien à la lutte contre la Covid-19, énumère-t-il. Au total et depuis 1976, plus de 37 projets de prêts ont été réalisés au Maroc pour un montant de 310 milliards de yens japonais (environ 27 milliards de dirhams) dans différents domaines. «Le Maroc et le Japon se rapprochent davantage dans leur coopération, laquelle a été renforcée par la tenue de la 5ème session de la commission mixte Maroc-Japon à Rabat en 2020, qui a été ponctuée par la signature de deux accords de coopération entrés en vigueur en 2022», souligne le chercheur. Il s'agit, d'une part, de l'Accord pour la promotion des investissements et, d'autre part, de la convention fiscale de non double imposition entre les deux pays. «Le premier incite les entreprises à accroitre leurs investissements au Maroc. Le second encourage l'implantation d'entreprises dans les deux pays en éliminant la double imposition», détaille-t-il. Pour le chercheur, Tout cela démontre «la place du Maroc comme principal partenaire du Japon au Maghreb et en Afrique». D'ailleurs, le Maroc reste «le pays africain qui bénéficie le plus des investissements japonais». Dans le royaume, «les constructeurs automobiles, tels que Yazaki et Sumitomo, ont investi massivement et installé des ateliers», rappelle-t-il, ajoutant que «les entreprises japonaises investissent beaucoup au Maroc», qui se place à la tête du Maghreb avec 75 entreprises japonaises devant l'Egypte (49 sociétés).