Après le réquisitoire du général Said Chengriha dressé, samedi, contre les «organisations subversives», des associations algériennes ont pris le relais pour pointer du doigt la «collusion» entre le Maroc et les mouvements MAK et Rachad. Après une longue absence de la scène politique maghrébine, des associations algériennes exhument les allégations portant sur des «connexions» entre le Maroc et le Mouvement d'Autonomie de la Kabylie et le Mouvement islamiste Rachad, rapporte Echoroukonline. «Nous faisons partie du tissu associatif du pays, très remonté contre les pratiques des mouvements " MAK" et "Rachad", classés organisations terroristes par l'Etat (en mai 2021, ndlr). Nous condamnons la subordination de ces deux entités au Makhzen marocain et aux services spéciaux (Mossad) de l'entité sioniste, qui veulent saper la stabilité de l'Algérie et la mettre à genoux», indiquent-elles dans un communiqué publié lundi 10 avril. «Ces deux mouvements reçoivent des fonds importants des services de renseignement marocains et sionistes pour répandre la haine entre les Algériens et les pousser à se battre entre eux, sur les réseaux sociaux, transformés en un outil pour mener une guerre électronique basée sur la propagation de la haine, les fausses informations et les idées terroristes.» En riposte à «ces manœuvres, les associations ont mis l'accent sur l'unité du peuple algérien et son attachement à son unité nationale et appelé à se hisser à la hauteur du défi auquel est confronté le pays et faire face à toutes les pratiques ignobles visant l'Algérie, son unité et sa cohésion sociale», ajoute la même source. Le général Chengriha a donné le «la» samedi La publication de ce communiqué, signé notamment par des associations installées en Kabylie, n'est pas le fruit du hasard. Elle intervient dans la foulée du discours prononcé, samedi 8 avril, par le chef des armées, le général Said Chengriha, lors de sa visite d'inspection au siège du commandement de la gendarmerie algérienne. A cette occasion et sans citer nommément le Maroc, le militaire a dressé un réquisitoire contre «les organisations subversives qui mettent à profit les moyens technologiques développés à des fins d'espionnage et de subversion et tentent de créer des situations de crise et de chao» en Algérie. Chengriha s'est, par ailleurs, félicité «des résultats encourageants enregistrés dans le domaine de la lutte contre la criminalité électronique, sachant que le cyber espace est devenu le théâtre de crimes organisés et d'attaques contre les sites gouvernementaux». Accuser le MAK et Rachad d'être à la solde du Maroc est devenu un marronnier de la politique en Algérie. En mars 2022, la revue El Djeich avait pointé «la connexion entre le Makhzen et les deux organisations terroristes Rachad er MAK», qualifiant leurs membres d'être une poignée «de traîtres et de mercenaires qui ont bradé leur honneur et leur patrie pour le dirham». Des allégations rejetées en bloc par les deux mouvements d'opposition. Dans son rapport sur le terrorisme au titre de 2021, le département d'Etat américain a réfuté le classement par les autorités algériennes du MAK et Rachad sur la liste des organisations terroristes. «Les Etats-Unis considèrent que ces désignations sont motivées davantage par des considérations politiques que sécuritaires, car les deux mouvements sont très critiques à l'endroit du gouvernement et ne semblent pas avoir commis ce que les Etats-Unis définissent comme actes de terrorisme».