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Maroc : Joseph Ouechen, de Sidi Moumen à Elle Magazine
Publié dans Yabiladi le 15 - 12 - 2012

S'il y a un Marocain qui mérite qu'on s'arrête sur son parcours, c'est bien Youssef Ouechen, jeune photographe de 30 ans. Ayant grandi dans un bidonville du quartier de Sidi Moumen, il travaille aujourd'hui pour les plus grands magazines de mode du Maroc et du monde. Portrait d'un homme au parcours plus qu'exceptionnel.
Habitué à sillonner les rues de Casablanca pour photographier les personnes qui portent une tenue vestimentaire originale, colorée et hors du commun, c'était au tour, mercredi dernier, à Youssef Ouechen, âgé de 30 ans de passer sous les projecteurs et de monter sur la scène du TedxCasablanca pour parler de son parcours en tant que photographe professionnel. Une présentation qui lui a valu une ovation auprès du public qui s'est levé pour l'applaudir chaleureusement.
Sans eau ni électricité
Et le parcours de Youssef, il est exceptionnel. Une réelle leçon de vie. Youssef Ouechen est né dans un bidonville du quartier populaire casablancais de Sidi Moumen où il a passé une grande partie de son enfance et adolescence. Mais le jeune homme s'ennuie à l'école. La seule matière qui l'intéresse vraiment est l'art plastique. Youssef planifie de décrocher son bac et ensuite d'intégrer une école des beaux-arts. Chose qu'il ne fera jamais puisqu'il arrête ses études alors qu'il est en première. «A l'école, c'était la monotonie. Le professeur venait et il donnait son cours sans passionner réellement ses élèves», regrette-t-il. «Tout ce que j'ai appris aujourd'hui, je le dois à ma persévérance et à la télévision française et notamment France Télévision où je regardais des émissions comme Envoyé Spécial et regardais aussi beaucoup Arte. D'ailleurs je séchais des cours pour pouvoir regarder des émissions sur le cinéma et l'art», ajoute-t-il.
Cependant, ses parents, tous les deux ouvriers dans une usine de textile à l'époque, ne le grondaient pas de le voir rester à la maison. «Ils me faisaient confiance. Et comme nous vivions dans un bidonville, ils ne voulaient pas que je traîne dans les rues, au milieu de la saleté et des poubelles», lâche-t-il. En plus de grandir dans un environnement difficile, la famille de Youssef n'avait ni électricité, ni eau potable dans leur maison. Pour regarder la télévision, l'électricité provenait d'une batterie de voiture reliée à la maison. Il avoue également apprendre à parler le français grâce aux émissions françaises qu'il regarde à volonté.
Il commence sa carrière avec 20 dirhams en poche
Lorsque Youssef ne passait pas de longues heures cloitré entre 4 mûrs à regarder la télévision, il «voyageait», comme il dit, en se rendant au centre ville de Casablanca. «Ma mère me donnait comme argent de poche 20 dirhams, ce qui était énorme pour mes parents et je prenais le bus pour aller au centre de ville de Casa. Le prix du bus était de 3.5 dirhams. Ensuite j'achetais des magazines ou me rendais dans des instituts culturels pour assister à des vernissages et des expositions. A l'époque, je ne savais même pas ce que c'était que des vernissages», explique-t-il. Youssef faisait bien attention à ne pas dépenser plus de 10 dirhams dans son voyage à Casablanca. Le reste des 20 dirhams lui payait une heure de connexion à internet dans un cyber-café. «J'allais sur You Tube et je regardais en boucle des tutoriaux de photographie. J'ai appris à utiliser un appareil photo avant même d'en avoir un entre les mains», lance-t-il en riant.
C'est à ce moment qu'il décide de lancer son propre blog de photographie. Néanmoins, le hic est qu'il n'avait pas d'appareil photo. Il décide donc d'économiser l'argent de poche que sa mère et sa famille lui donne lors des fêtes de l'Aïd pour se payer son premier appareil photo. «Mon premier appareil était un Pentax compact que j'ai réussi à dénicher à Derb Ghalef, le quartier des bons plans», explique-t-il. Puis, il s'exerce en photographiant sa famille, ses amis et son entourage. «Je suis devenu le photographe officiel de la famille et c'est comme ça que j'ai pris vraiment goût à la photographie», ajoute-t-il.
Ensuite, Youssef passe à la vitesse supérieure. Après avoir économisé, il vend son Pentax pour s'acheter un autre appareil photo plus performant à 4000 dirhams. Il descend dans la rue et commence à prendre des photos de «street style», c'est-à-dire des clichés des gens dans la rue portant des tenues originales. «Ce n'était pas des photos volées. Je leur demandais de poser pour moi et de me donner les détails de leurs vêtements que je postais ensuite sur mon blog», précise-t-il.
D'Elite à Elle
A force de photographier les tenues originales des Casablancais et de les poster sur son blog, l'agence Elite Maroc remarque son travail et l'appelle pour un rendez-vous. Elle lui propose de photographier les castings des jeunes Marocaines se présentant au célèbre concours. Le jeune photographe ne se fait pas payer mais cette expérience lui ouvre les portes de l'univers de la mode où il rencontre par la suite les dirigeants des magazines de mode marocains qui lui proposent de prendre des photos pour eux. Il commence avec le magazine Officiel. Son nom circule à vitesse grand V et on s'intéresse de plus en plus à lui. Après Tendance et Shopping ou encore Rebelle Mag, une revue aujourd'hui disparue, ce sont les magazines à l'étranger qui font appel à lui, intéressés par ses photos de street style au Maroc. Les missions s'enchaînent : Elle USA et Elle Belgique, Easy Jet Mag, Blonde [revue allemande], le site internet d'Harvard University ou encore le prestigieux New York Mag. «Mon rêve, c'est de faire des photos pour Vogue», s'exclame-t-il. Parmi toutes ces missions, le plus gros cachet qu'il reçoit est de 30 000 dirhams. Une somme qu'il va réinvestir pour se payer un Mac Book Pro et une caméra. En plus de vendre ses photos à ces prestigieux magazines, Youssef expose ses clichés aux Etats-Unis.
Pas de grosse tête mais les pieds bien sur terre
Cette nouvelle vie aurait pu lui donner très vite la grosse tête. Mais non. Au lieu de cela, il garde les pieds bien sur terre. Il continue de vivre dans la simplicité. «Aujourd'hui je vis toujours dans le foyer familial. Mon père étant décédé il y a plusieurs années, je vis avec ma mère et mes deux sœurs dans le quartier populaire d'Al Qods. Je n'ai rien contre le milieu de la mode mais je ne veux pas perdre le contrôle de ma vie. Je ne veux pas perdre mes repères et mes valeurs. Le monde de la mode est très dur et superficiel. On ne va pas t'accepter lorsque tu viens d'un quartier populaire et si j'ai réussi à m'imposer dans cet univers c'est grâce à mon talent de photographe, rien d'autre», poursuit-il. Youssef n'a pas néanmoins hésité à remplacer «Youssef» par «Joseph», son prénom d'artiste, pour mieux s'imposer dans le milieu.
L'autre élèment qui permet aussi à Youssef de garder les pieds sur terre est la religion. «Je suis croyant et ma famille est pratiquante. Lorsque je suis sous les projecteurs comme je l'ai été lors du TedX et que je sens que je stresse, je lis le Coran. Mon repère c'est le Coran. Je pense à Dieu tout le temps. Je prie pour que je ne déraille pas et que je reste toujours le même, que je n'oublie pas d'où je viens. Je demande souvent à mes amis si j'ai changé et ils me répondent que oui mais en bien. C'est pour cela que j'ai besoin de rester au sein d'un cercle fermé avec des gens avec qui je me sens bien», avoue-t-il.
En plus de rêver de faire des photographies pour Vogue et d'avoir son propre studio photo, il souhaite également réaliser le rêve de sa mère. «Je voudrais l'envoyer au Hajj. On ne communique pas beaucoup entre nous, par pudeur, mais je voudrais lui offrir ce voyage pour lui montrer à quel point je suis fière d'elle», conclut-il. Des éditeurs se sont d'ores et déjà intéressés à son parcours pour en faire un livre mais Youssef sent qu'il n'a pas encore accompli assez de choses pour les raconter dans un livre.


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