Dans une lettre publique datée du mardi 3 juin, l'ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, a fermement réfuté les accusations récentes le désignant comme conseiller du Rassemblement national (RN) en matière internationale. Il s'élève contre ce qu'il qualifie de «propos mensongers» relayés par plusieurs rédactions tout en soulignant une inquiétante perméabilité de certains journaux français aux narratifs issus, selon plusieurs sources autorisées, des sphères d'influence algériennes. «La question est ouverte», écrit l'ancien diplomate, en introduction à sa mise au point : «Partager ma connaissance et les coulisses des relations franco-algériennes ferait-il de moi une cible politique à abattre, salir ou caricaturer ?» L'un des cas les plus récents visés par l'auteur de France-Algérie, le double aveuglement est un article publié le 22 mai par La Croix et signé Jean-Baptiste François, qui le présente comme «conseiller en 2024 des dirigeants du Rassemblement national sur la politique internationale». Une qualification que M. Driencourt juge infondée : «Je n'ai jamais occupé aucunes fonctions officielles ou officieuses au sein du RN, ni au sein d'un autre parti politique.» Quelques jours plus tôt, le 16 mai, Libération publiait une analyse de Sophie des Déserts évoquant «un militant obsessionnel sur la question migratoire», prêt à «conseiller Marine Le Pen». La journaliste y avance aussi que «le président algérien aurait demandé à Jean-Noël Barrot de museler l'ancien ambassadeur Xavier Driencourt». L'intéressé s'inscrit en faux contre ces affirmations, qu'il qualifie de «totalement fausses», tout en regrettant que d'autres rédactions les aient reprises sans examen. Il rappelle n'avoir jamais entretenu de relation suivie, exclusive ou contractuelle avec le RN et précise n'avoir participé à aucun dispositif institutionnel de conseil auprès d'une quelconque formation politique. Il reconnaît avoir été sollicité à plusieurs reprises pour son expertise sur les relations franco-algériennes : «J'ai bien rencontré Jordan Bardella en 2023, en juillet et en décembre, mais cela ne fait pas de moi le 'conseiller du RN en relations internationales'.» Il mentionne également des échanges avec Marine Le Pen durant la campagne électorale de 2022, tout en insistant sur le fait qu'il répond régulièrement à des sollicitations émanant de responsables de divers horizons : «Edouard Philippe, Eric Ciotti, Arnaud Montebourg, Gabriel Attal, Hubert Védrine, Nicolas Sarkozy, Bruno Retailleau, Julien Dray et bien d'autres.» Dans un glissement révélateur, cette mise en cause récurrente d'un ancien haut fonctionnaire sur fond de controverse algérienne ne saurait être dissociée du regain de tension diplomatique entre Paris et Alger. Certaines plumes françaises semblent désormais reprendre, parfois sans distance critique, les éléments de langage diffusés par les relais médiatiques du régime algérien, notamment ceux destinés à discréditer toute voix française considérée comme rétive à la doctrine officielle d'Alger. M. Driencourt conclut sa lettre par une mise en garde contre la désinvolture éditoriale : «Je me réserve le droit d'agir par d'autres voies pour obtenir réparation. Je suis résolu à agir de cette façon face à tout nouveau propos mensonger à mon encontre.» Et d'ajouter : «Il est plus que jamais nécessaire que les journalistes ne relaient pas de rumeurs ou de fausses informations.»