La situation monétaire d'avril met en lumière une économie à la croisée des chemins. D'un côté, les signaux de confiance se confirment : les investissements reprennent, les crédits progressent et les réserves restent solides. De l'autre, des zones plus grises subsistent : les tensions sur le financement de l'Etat, la montée des créances douteuses et la prudence croissante des entreprises en matière de trésorerie. Le moteur monétaire marque le pas. En avril 2025, la masse monétaire, mesurée par l'agrégat M3, a progressé de 6,9% en glissement annuel, contre 8% un mois plus tôt. Ce tassement reflète un ajustement dans la dynamique de création monétaire, à la faveur, notamment, d'une baisse significative des créances nettes des banques sur l'Etat (-3,4%), là où mars affichait encore une vive hausse de 7,5%. Ce fléchissement intervient dans un contexte de normalisation progressive des flux de financement public, sans pour autant compromettre le soutien global à l'économie. En atteste la hausse continue des avoirs officiels de réserve (+8,9%) et la progression du crédit bancaire au secteur non financier (+4,2%), signe que les banques maintiennent un rythme soutenu de distribution de crédit, en particulier vers le secteur productif. Crédit : les moteurs privés prennent le relais Dans le détail, le crédit au secteur privé affiche une légère accélération, passant de +3,4% à +3,8%, porté par la demande des entreprises privées (+2,3%) et des ménages (+2,6%). Cette reprise, bien que modeste, témoigne d'un climat de confiance mesurée, où l'investissement comme la consommation repartent, mais sans emballement. Le secteur public, quant à lui, enregistre une décélération à 7,3% (après 8,2%), même si les entreprises publiques continuent d'accéder au financement avec une croissance notable de leurs encours (+10,5%). Du côté des usages, les signaux sont plus nets : les crédits à l'équipement bondissent à 11,3%, illustrant un regain d'appétit pour l'investissement, possiblement soutenu par la relance de projets industriels ou les dispositifs incitatifs. Les crédits immobiliers (+3,3%) et à la consommation (+2,6%) poursuivent également leur redressement, traduisant une demande des ménages en lente reconstitution. Seules les facilités de trésorerie connaissent un net ralentissement (+2,1% contre +3,8%). L'un des points d'attention du mois reste la montée des créances en souffrance, en hausse de 4,5% sur un an. Leur taux de sinistralité atteint désormais 8,7%, contre 8,4% un mois plus tôt. Un niveau élevé, qui rappelle que la dynamique du crédit, aussi positive soit-elle, reste exposée à des fragilités structurelles, notamment dans certains segments du tissu productif. L'épargne se repositionne Sur le volet des dépôts, les comportements des agents économiques montrent des signes de réajustement. La progression des dépôts à vue ralentit à 8,4%, après un pic de 11,4% en mars, tandis que la monnaie fiduciaire se maintient à un niveau élevé (+8,4%), confirmant une préférence persistante pour la liquidité immédiate, notamment en dehors des circuits bancaires. En parallèle, les dépôts à terme repartent à la hausse (+4,5%), après une baisse en mars. Ce rebond s'explique surtout par le comportement des entreprises, qui semblent chercher davantage de rendement, avec une hausse de près de 16% de leurs placements à terme. Les ménages, en revanche, restent plus prudents, et allègent légèrement leur épargne placée.