La diplomatie marocaine, tant officielle que partisane, s'est récemment tournée vers certains pays d'Amérique du Sud qui reconnaissent la «république arabe sahraouie démocratique (RASD)». Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a accueilli ce vendredi 23 mai à Rabat, Marta Lucía Ramírez, ancienne vice-présidente et ministre des Affaires étrangères de la Colombie. Membre du parti conservateur, aujourd'hui dans l'opposition, Mme Ramírez a également rencontré le même jour Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l'Istiqlal et ministre de l'Equipement et de l'Eau. «J'ai partagé avec le ministre Nizar Baraka notre expérience en matière de développement réussi de concessions d'infrastructures, permettant des constructions inédites depuis 50 ans», a-t-elle écrit sur la plateforme X. Cette visite intervient dans un contexte de tensions au sein du gouvernement colombien de gauche, en place depuis le 7 août 2022. La vice-présidente, Francia Márquez, issue de la communauté afro-colombienne, a publiquement accusé le gouvernement du président Gustavo Petro de «racisme» et de «patriarcat». Le président Petro avait rétabli la reconnaissance de la «RASD» par la Colombie trois jours après son investiture, une décision critiquée par la Chambre haute. En effet, le 25 octobre 2022, une majorité de sénateurs colombiens a adopté une résolution exprimant leur «profond rejet et total désaccord» avec la décision du ministère des Affaires étrangères de renouer avec ce qu'ils appellent un «mouvement séparatiste», prétendant être un «Etat», alors que «la grande majorité des pays, y compris les Nations unies, ne le reconnaissent pas». La Colombie se prépare à des élections présidentielles à l'été 2026. «Le pays a besoin d'un candidat fort de centre-droit en 2026», avait déclaré Marta Lucía Ramírez en mars dernier à un média colombien. La visite de l'ancienne vice-présidente de Colombie au Maroc coïncide avec le départ du secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) vers le Venezuela et Cuba, deux pays qui reconnaissent également la «RASD». À Caracas et La Havane, Nabil Benabdellah doit rencontrer des responsables du Parti socialiste unifié du Venezuela et du Parti communiste cubain. Le PPS a su maintenir des relations cordiales avec ces deux formations de gauche, actuellement au pouvoir au Venezuela et à Cuba. Cette mobilisation en direction des Etats reconnaissant la «RASD» a été précédée par une campagne marocaine menée il y a trois mois au Mexique. Celle-ci a été marquée par deux moments forts : le discours du président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, au Parlement mexicain, et la visite du premier secrétaire de l'USFP, Driss Lachgar, à Mexico.