Vaudeville médiatique algérien. À peine annoncé, le soutien britannique à la proposition marocaine d'autonomie pour le Sahara occidental, Londres a-t-elle changé de position pour revenir à la neutralité sur le dossier ? C'est ce qu'affirment plusieurs médias algériens en coeur. Une lecture sélective des déclarations britanniques, qui occulte les termes explicites employés par le gouvernement de David Lammy à Rabat… comme à Londres. Désintox. En moins de 72 heures après avoir annoncé son changement de position sur le conflit du Sahara occidental, en soutenant la proposition d'autonomie marocaine de 2007 comme «la base la plus pratique, crédible et réalisable pour une résolution durable», les médias publiques et privés algériens ont affirmé que le Royaume-Uni était revenue à une position de neutralité. Les médias algériens se basent sur une déclaration publiée lundi sur le site officiel du gouvernement britannique, intitulée «Nouveaux partenariats Royaume-Uni - Maroc pour stimuler l'économie britannique». Le site Algérie Nouvelle, affilié à la chaîne nationale, a publié un article intitulé «La Grande-Bretagne se rétracte et soutient la légitimité internationale pour résoudre le conflit du Sahara occidental» (sic). Il ajoute que le gouvernement britannique a clarifié sa position en déclarant : «Le Royaume-Uni cherche à soutenir une résolution durable du conflit du Sahara occidental qui soit convenue par les parties, soutient le processus dirigé par l'ONU et respecte le principe de l'autodétermination.» La chaîne gouvernementale Algérie Internationale a rapporté que «la Grande-Bretagne réaffirme son soutien aux efforts de l'ONU pour trouver une solution durable au conflit qui soit convenue par les deux parties». D'autres médias algériens, tels que El Bilad, Echorouk, Akhbar Al Watan, et Eldjazair Daily, ont publié des articles similaires. David Lammy au parlement britannique / DR David Lammy dit la même chose à Rabat et Londres Les médias algériens ont, par contre, omis de mentionner l'annonce explicite du gouvernement britannique concernant son changement de position sur le conflit du Sahara. La déclaration précisait que «le Royaume-Uni a choisi d'endosser l'autonomie au sein de l'Etat marocain comme la base la plus crédible et pragmatique pour une résolution durable et mutuellement convenue du conflit du Sahara occidental, une solution qui peut remplir nos engagements pour résoudre le différend régional et atteindre l'autonomie pour le peuple du Sahara occidental». Mieux encore, la Grande-Bretagne, «en tant que membre du Conseil de sécurité et amie des pays de la région», cherche «dans sa nouvelle position à soutenir une résolution du conflit qui soit convenue par les parties, soutient le processus dirigé par l'ONU et respecte les principes de l'autonomie. Avec l'approche du 50e anniversaire de ce conflit, il est essentiel de saisir cette opportunité pour sécuriser une résolution durable de ce différend, une solution qui assure un avenir meilleur pour le peuple du Sahara occidental». Il convient de noter que ce n'est pas la première fois que l'Algérie promeut l'idée que des pays ont retiré leur soutien à la proposition d'autonomie. En avril 2024, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a affirmé avoir «forcé» l'Espagne à retirer son soutien à la proposition d'autonomie, et début mai 2025, le ministère algérien des Affaires étrangères a affirmé que le Ghana avait également retiré son soutien à la proposition d'autonomie. Un scénario similaire s'est produit avec la Sierra Leone, un pays qui reconnaît la souveraineté marocaine sur le Sahara, en janvier 2024, et aussi avec la Slovénie en mai de la même année.