Le ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l'innovation, Azzedine El Midaoui, a dévoilé une nouvelle stratégie visant à restructurer les facultés pluridisciplinaires. Lors d'une séance à la Chambre des conseillers, mardi, il a abordé aussi l'intégration de l'intelligence artificielle dans les universités, tout en appuyant la recherche via des institutions spécialisées. Le ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l'innovation, Azzedine El Midaoui, a déclaré que les facultés pluridisciplinaires créées depuis 2003 ont perdu leur essence. Lors d'une séance de questions orales à la Chambre des conseillers, hier, il a expliqué que ces établissements étaient alignés sur un modèle américain qui veut que les étudiants y passent «deux ou trois ans avant de rejoindre les grandes universités». Cependant, elles «ont perdu de leur identité au fil du temps et ont commencé à proposer des programmes de master et de doctorat». El Midaoui a souligné que ces institutions englobaient désormais divers domaines de connaissance et que «leur taille est devenue importante, certaines regroupant jusqu'à 30 000 étudiants, devenant ainsi un fardeau». Il a ajouté que, dans le cadre de la stratégie du ministère et sur la base des recommandations du Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) dans son rapport de 2022, «nous reconsidérons maintenant l'organisation et la structuration de ces institutions pour répondre à la justice spatiale, rapprocher l'enseignement supérieur des citoyens, répondre aux besoins régionaux et nationaux». Le ministre a souligné qu'«il doit y avoir une vision pour les défis futurs du Maroc concernant les professions de demain». «Aujourd'hui, il n'y a plus de professions locales, régionales ou nationales ; elles sont devenues internationales», a-t-il dit. Par ailleurs, il a souligné que son département disposait «d'une vision complète pour la carte universitaire, liée à un projet de loi en cours d'examen». «Une fois que le texte sera approuvé, le ministère accélérera la mise en œuvre», a-t-il encore déclaré. L'intégration de l'intelligence artificielle Concernant l'intégration de l'intelligence artificielle, Azzedine El Midaoui a déclaré que ce domaine avait «pris de court tout le monde». «Hier encore, nous parlions de numérisation. Aujourd'hui, nous parlons d'intelligence artificielle et demain, nous parlerons d'autres choses», a-t-il constaté. Dans ce sens, le ministre a souligné que l'intelligence artificielle ne remettait pas seulement en question «les universités marocaines, mais aussi toutes les universités internationales, que ce soit au niveau pédagogique ou de la recherche». Azzedine El Midaoui : «Personne ne touchera à la gratuité de l'enseignement supérieur public» En l'espèce, Azzedine El Midaoui a révélé des défis majeurs de recherche ayant émergé, en raison de cette évolution. Il note notamment qu'«une université chinoise a annulé la thèse et l'a remplacée par une ou deux innovations, et il y a des universités qui ne veulent pas de 300 ou 400 pages dans la thèse mais souhaitent deux ou trois publications évaluées par des pairs». Il a expliqué que le ministère avait mis en place un organisme pour réfléchir au sujet selon les normes internationales, ajoutant : «Nous avons mis en œuvre une pédagogie innovante axée sur la diversification des méthodes d'enseignement… l'élargissement de la formation en intelligence artificielle, en science des données et en numérisation, outre la préparation d'une nouvelle génération de compétences capables de suivre les technologies futures.» Il a également annoncé la création d'un centre d'innovation en cybersécurité en partenariat avec l'Administration de la défense nationale et le ministère des Finances, ainsi que l'intégration d'unités spéciales pour l'IA dans la formation, avec «au moins deux unités dans le parcours de licence, trois ou quatre dans le master». Azzedine El Midaoui a confirmé que 550 parcours dans les domaines de la numérisation et 65 parcours en intelligence artificielle ont été approuvés, en parallèle avec la formation de 600 professeurs dans ce cadre. Des centres de données dans le cadre de partenariats internationaux, notamment avec la Chine, devraient voir le jour. La recherche scientifique Concernant la recherche scientifique, le ministre a considéré que le domaine n'était actuellement «pas fondamental mais plutôt superficiel, car les universités marocaines n'adhèrent pas aux normes internationales». Face à ce constat, il a fait savoir que le département avait créé «des structures dédiées qui seront institutionnalisées». Il a ajouté que équipes de «chercheurs postdoctoraux, chercheurs affiliés, professeurs ou chercheurs non-marocains, des ingénieurs de recherche et des administrateurs de recherche» avaient été constitués. Il a également annoncé la création d'«institutions de recherche spécialisées non certifiantes, mais travaillent sur des sujets stratégiques et spécialisés pour renforcer la souveraineté nationale» en la matière.