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Immigration : Plusieurs centaines de Subsahariens raflés au nord du Maroc
Publié dans Yabiladi le 25 - 07 - 2013

Hier, mardi 24 juillet, la police et les militaires marocains ont raflés des centaines d'hommes et de femmes subsahariens dans les villes du nord du pays pour les expulser. Hommes, femmes enceintes, enfants et blessés ont été indifféremment embarqués dans des bus à destination d'Oujda. Un Congolais de 40 ans, grièvement blessé est peut être mort après avoir été propulsé hors d'un bus lancé à pleine vitesse.
«Ce genre de chose est monnaie courante, mais hier c'était vraiment exceptionnel : ils ont cassé toutes les maisons des Africains», raconte Mohamadou*, encore sous le choc, alors que son épouse gémit derrière lui. «Les policiers ont frappé ma femme et depuis ce matin elle n'arrête pas de vomir, elle est sous le choc», explique-t-il. Hier, mercredi 24 juillet, à l'aube, la police marocaine a effectué des rafles dans les quartiers où habitent les Subsahariens à Tanger, mais aussi «Nador, El Hoceima, Taourirt et Ksar El Kebir», précise Saïd Tbel, membre de l'AMDH. Selon Mohamadou, 700 personnes ont été interpelées dans le seul quartier de Boukhalef à Tanger.
Mohamadou raconte que les policiers ont défoncé sa porte et lui ont demandé de se lever, avec sa femme, immédiatement «en donnant un coup de pied dans le lit», se rappelle-t-il. Les hommes voulaient inspecter la chambre et leur ont demandé d'aller au salon. «Je leur ai dit de me dire ce qu'ils cherchaient et que je leur donnerai, mais ils n'ont pas voulu. Ils nous ont frappé et nous ont tirés dans le salon pendant qu'ils fouillaient la chambre. Ils ont trouvé la cachette où l'on plaçait nos objets de valeurs et notre argent, ils ont tout pris, même l'alliance de ma femme», dit-il excédé. Sans demander s'ils étaient en situation régulière, ils les ont obligés à descendre dans la rue. Là, le couple a découvert des dizaines d'habitants du quartier expulsés eux aussi par la force et prêts à être emmenés par la police.
«Il est passé par la fenêtre»
L'opération était vaste et bien organisée. «Des bus attendaient les gens en bas de leurs quartiers. Tous le monde était embarqué : les femmes, les enfants, les blessés», ajoute Aminata Tagni, chargée de suivi juridique au GADEM, association de défense des droits des migrants. «Quand on a compris que le bus ne nous emmenait pas au commissariat, mais que nous allions à Oujda, alors nous nous sommes énervés violemment. Il y avait des femmes enceintes et deux petites jumelles. La police et les militaires ont arrêté le bus, on est sorti, on se battait contre les militaires. Ils nous ont frappé et certains ont pu s'échapper», raconte Haïdara*. La jeune femme a profité de la bagarre pour s'enfuir avec d'autres. «Nous étions dans un petit village, on se savait pas où l'on était», explique-t-elle. Puis, ils ont pu héler un taxi et sont finalement revenu à Tanger.
Prévenus dès le début des rafles les associations ont pu intervenir dans certains cas. «Près de Fès, Nous avons fait descendre les femmes et les 3 mineurs de l'un des bus en provenance de Tanger et à destination d'Oujda», précise Saïd Tbel. De la même façon, un groupe de 14 Congolais et de Sénégalais, interpelé à Tanger a été emmené en bus banalisé en direction d'Oujda. «Ils nous ont frappé pour nous faire entrer dans le bus», indique Moussa*, l'un des Congolais. Pendant le trajet, les immigrés furieux se révoltent et des coups sont échangés avec les policiers. «Pendant la bagarre, sur l'autoroute au niveau d'Asilah, un policier est venu à côté d'un Congolais et l'a poussé, il est passé par la fenêtre et il est tombé sur la route alors que le bus roulait à pleine vitesse !», raconte-t-il. Le conducteur ne voulait pas s'arrêté «mais on s'est mis à crier et un Sénégalais a glissé son pied sur le frein. Nous avons vu notre frère : du sang lui sortait des oreilles, des yeux de la bouche.»
Finalement, ce Congolais, 40 ans, père de deux enfants, détenteur d'une carte de résidence en règle, habitant à Rabat, est transporté à l'hôpital Mohammed V de Rabat en ambulance et ses compagnons prennent la fuite. Moussa et ses amis ont pu le voir aujourd'hui, dans un état critique aux soins intensifs mais ne sont pas sûrs de croire les médecins, ils pensent que l'homme est mort. Selon Moussa, il était venu à Tanger pour aider un ami malade et sans argent, il avait prévu de repartir à Rabat, hier, le jour du drame.
Représailles ?
«Nous ne savons pas encore pourquoi le ministère de l'Intérieur a subitement décidé cette vaste opération d'arrestation, mais il est facile de faire le lien avec les centaines de migrants Subsahariens qui ont tenté de franchir la frontière de Mélilia, en début de semaine», note Aminata Tagni. Hier, déjà, le secrétaire d'Etat espagnol à l'Intérieur, Francisco Martinez, a annoncé des investissements immédiats sur les frontières de Sebta et Mélilia pour résister aux tentatives de passages massives des migrants. Il a affirmé nécessaire «d'agir avec une grande prudence, en attaquant le phénomène de la traite des êtres humains en étroite coopération avec le Maroc.» Les rafles sont-elles la réponse par anticipation du Maroc à l'appel de l'Espagne à une collaboration toujours plus intense en la matière ?
«Nous souffrons trop. Il y a des gens qui sont en train de fuir Tanger, soupire Mohamadou. Je suis un père de famille, est-ce qu'ils vont me frapper comme un enfant ? Est-ce que je vais pleurer devant ma fille ?» «Nous acceptons que les migrants en situation irrégulière soit expulsés, mais pas de cette façon. Il faut respecter le droit : chacun d'eux doit passer devant le procureur qui prendra une décision. Il est impossible de les renvoyer à la frontière par bus entier», assure Saïd Tbel. «Nous acceptons que l'on fouille nos maisons. S'ils trouvent des moteurs, des rames ou des zodiacs, alors, oui, ils peuvent les emporter, mais ils ne peuvent pas nous voler notre argent, ils ne peuvent pas nous frapper. Les Marocains en Afrique Subsaharienne sont respectés !», s'indigne Mohamadou.
* les noms ont été changés


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