De plus en plus isolé depuis sa condamnation, en juin dernier, par la justice marocaine à trois mois de prison avec sursis pour avoir manifesté, sans autorisation, contre la présence espagnole à Melilla et Ceuta, Yahya Yahya se saisit de l'incident du yacht royal pour annoncer sa démission de la Chambre des conseillers. C'est sûrement le dernier baroud d'honneur d'un homme qui se refuse d'admettre qu'il est dépassé par la tournure des évènements. Le très controversé sénateur Yahya Yahya tente de surfer, avec plus d'une dizaine de jours de retard, sur la vague de l'interception du yacht royal par une patrouille de la Guardia civil, révélée par le quotidien El Mundo. Dans des déclarations au site Hespress, il vient d'annoncer son intention de démissionner de la Chambre des conseillers en réaction au «silence» des autorités face à la série des «humiliations subies par le Maroc et les Marocaines de la main de responsables espagnoles». Yahya aurait souhaité une session du parlement réservé à l'incident Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Yahya Yahya brandi une telle menace. Dans le sillage de sa condamnation, mi-juin, par le tribunal de première instance de Nador, à trois mois de prison avec sursis pour sa participation à une manifestation, non-autorisée, au passage frontalier de Béni Nsar contre la présence espagnole à Melilla et Ceuta, il avait annoncé sa démission de la présidence du conseil municipal de Ferkhana. Au cours du même procès, son bras droit au sein de la Commission de libération des présides occupés par l'Espagne, Saïd Chramti, avait écopé de 18 mois d'emprisonnement. Silence radio chez des différents partis Le sénateur Yahya Yahya a souligné qu'il s'attendait à ce que l'incident du yacht royal, arraisonné par la Guardia civil le 7 août, déclenche de vives protestations de la classe politique et de la société civile. Or, jusqu'à présent, ni le gouvernement Benkirane ni les partis politiques, majorité et opposition, n'ont fait le moindre communiqué concernant cette affaire. C'est comme si, elle n'avait jamais eu lieu. C'est justement contre ce silence que Yahya s'emporte. Un silence qui contraste avec l'effervescence qui prévalait fin novembre 2010, contre le Partido Popular de Mariano Rajoy, alors dans les rangs de l'opposition. Le parti de droite avait parrainé une résolution du Parlement européen condamnant fermement le démantèlement des forces de l'ordre, trois semaines auparavant, du campement de fortune Gdim Izik à Laâyoune.