Alors que le journal marocain Libération est revenu lundi sur les opérations d'arrestations et de refoulements de migrants subsahariens ont eu lieu à Nador et Tanger depuis vendredi, l'association internationale Human Rights Watch (HRW) revient lundi sur l'affaire avec le témoignage de trois immigrés subsahariens. Ceux-ci, présents au Maroc, tente à chaque fois de franchir la frontière et atteindre Ceuta. Toutefois, «la police marocaine vise régulièrement les camps, détruit les tentes et les biens, et rassemble tous ceux qu'elle peut attraper pour les transférer dans une autre partie du Maroc, loin des enclaves et de la côte», rapporte l'ONG. «Nous devions nous lever à 4 heures du matin pour éviter la police. Ils m'ont attrapé cinq ou six fois. Ils m'ont battu avec leurs matraques. Chaque fois, ils m'ont envoyé à Tanger, Casablanca ou ailleurs», témoigne Emmanuel, âgée de 18 ans. Yaya, Guinéen âgé de 16 ans, a tenté neuf fois de franchir les clôtures entourant Ceuta. «Chaque fois, il a été rapidement renvoyé au Maroc même s'il est un mineur et a donc le droit à une protection spéciale», poursuit HRW. Foday, un jeune de 20 ans venant de Sierra Leone, a été arrêté trois fois alors qu'il tentait de franchir les triples barrières qui entourent Melilla. Lui aussi fait état de l'«abus» et les «coups de matraque» de la police marocaine. Pour l'ONG, «la situation illustre un problème clé avec la coopération migratoire de l'UE avec d'autres pays : la dépendance au Maroc pour empêcher les immigrés clandestins donne à l'Espagne et à l'UE une incitation à tolérer les abus de migrants au royaume». «L'Espagne et le Maroc ont le droit de contrôler leurs frontières, mais pas avec une telle brutalité et aucune considération pour les droits humains», poursuit-elle. Elle appelle notamment le royaume à «mettre un terme aux raids abusifs et non annoncés dans les camps de migrants et enquêter sur toutes les allégations d'usage excessif de la force par la police et les forces auxiliaires marocaines lors de ces raids».