La question du Sahara au menu d'entretiens entre le Maroc et la Russie    Le Libéria réaffirme son appui à la marocanité du Sahara    Après la visite d'un député LFI à Alger, Mélenchon s'exprime sur le Sahara    Décès / l'ancien arbitre international M'hammed Larache parti en discrétion forcée, dans l'indifférence et l'ingratitude !    CAN 2024 féminine : Le Maroc est «motivés pour signer une bonne performance» (Jorge Vilda)    Alerta meteorológica en Marruecos: Hasta 46°, ráfagas de viento y tormentas de arena este fin de semana    Liberia reaffirms support for Moroccan sovereignty over Sahara    CAN 2024 femenina: Marruecos está «motivado para lograr un buen desempeño» (Jorge Vilda)    Jazzablanca s'ouvre en beauté avec Seal, Hindi Zahra et l'effervescence du village    Tech : Arrabet Holding muscle son offre data & IA    Sogelease Maroc devient Saham Leasing    Le Libéria en tant que membre non permanent du Conseil de Sécurité continuera à soutenir l'intégrité territoriale et la souveraineté du Maroc, ainsi que l'Initiative d'autonomie comme la seule solution    La Chine et l'Union européenne tiennent le 13e cycle du dialogue stratégique de haut niveau    Li Qiang participe au sommet des BRICS au Brésil et effectue une visite officielle en Egypte    Madrid alloue 380 000 euros à la reconstruction au Maroc après le séisme de 2023    La ministre des Affaires étrangères de l'Equateur entame sa visite officielle au Maroc par un hommage symbolique au Mausolée Mohammed V    Absences répétées des ministres : la Chambre des représentants hausse le ton    À six mois de la CAN 2025, Amine Adli n'écarte pas un départ de Leverkusen    Mondial des clubs : Fluminense écarte Al Hilal et passe en demi-finale    Poivrons marocains : une campagne prometteuse malgré les contraintes climatiques    Belle semaine pour la Bourse de Casablanca    Bourse de Casablanca : clôture en territoire positif    Sécurité routière: De nouvelles mesures strictes bientôt appliquées    Une filière de trafic de migrants marocains démantelée entre l'Europe de l'Ouest et l'Espagne    Etat d'alerte dans les hôtels marocains... à cause du "client mystère" chargé d'évaluer globalement la qualité des services dans les établissements d'hébergement touristique    Explosion des genres: Cubain, blues-berbère, soul… Jazzablanca démarre sur les chapeaux de roue !    Seal et Hindi Zahra magnifient le lever de rideau de Jazzablanca    Liberté d'expression et censure : le débat relancé après le concert de Toto    Casablanca en fête avec Lou Bega et Reel 2 Real au Nostalgia Lovers Festival    ONMT : Une mobilisation collective pour repenser le tourisme marocain    Le monde selon Dominique de Villepin [Par Eric Besson]    Brésil : des ONG soumettent à la COP30 un plan pour préserver l'Amazonie    Les prévisions du vendredi 4 juillet    Couverture sociale : La généralisation toujours hors de portée    «ImagineTaVille » : La Fondation Attijariwafa bank dévoile les lauréats de la 2ème édition    L'ambassade et les consulats généraux du Maroc en France rendent hommage aux pionniers de l'immigration marocaine    SM le Roi félicite Donald Trump à l'occasion de la fête nationale de son pays    Mercato : Nico Williams prolonge officiellement à l'Athletic Bilbao jusqu'en 2035    Fondation Mohammed V : 13 nouveaux centres au service de la cohésion sociale    Tennis/ ITF Men's World Tennis Tour du T.C.M.Tanger: Ce samedi, Dlimi et Bennani en vedettes !    L'usine de Renault au Maroc célèbre la production de son 2000ème Mobilize DUO    L'Humeur : La Nuit des musées et cætera    Les pays sahéliens saluent le rôle central du Maroc dans la renaissance de l'Afrique et sa valorisation de la coopération Sud-Sud    Mohamed Abdennabaoui élu président de l'Ahjucaf lors de l'assemblée de Rabat    La diplomatie marocaine nomme vingt-deux nouveaux consuls généraux dans un large redéploiement stratégique    CAN 2024 féminine : La CAF double la prime du vainqueur et augmente les récompenses    Fouzi Lekjaa intronise Achraf Hakimi en Leader des Lions de l'Atlas    Algérie : L'historien Amine Belghit condamné à 5 ans de prison    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'Istiqlal et le Rif : Baraka réussira-t-il là où d'autres ont échoué ?
Publié dans Yabiladi le 18 - 07 - 2018

Depuis juin dernier, le Parti historique de l'Istiqlal, à travers son nouveau secrétaire général Nizar Baraka, mène une opération visant une «réconciliation partisane avec le Rif». Rappel historique de Maâti Monjib et décryptages des politologues Abdessamad Belkebir, Omar Cherkaoui et Abderrahim El Allam.
Le Parti de l'Istiqlal intensifie ses opérations visant le Rif. Le 6 juin dernier déjà, son nouveau secrétaire général, Nizar Baraka, était à Al Hoceima, où le parti organisait une rencontre partisane pour discuter de plusieurs questions intéressant cette province du nord du Maroc.
Au lendemain des peines prononcées par la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca à l'encontre de 52 détenus du Hirak, Noureddine Mediane, présidnet du groupe parlementaire de la Balance et originaire du Rif, avait effectué une visite aux familles des détenus. Hier encore, Nizar Baraka, accompagné de Chiba Maelaanine, président du Conseil national du parti d'Allal El Fassi, étaient chez Driss El Yazami et Mohamed Sebbar, respectivement président et secrétaire général du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH). Une rencontre qui s'inscrit, à en croire le site officiel de la Balance, dans le cadre d'une récolte d'information destinée à reconstituer la vérité sur l'implication des leaders du Parti de l'Istiqlal dans les événements du Rif de 1958-1959. Le parti compte présenter ses excuses aux Rifains en cas d'implication avérée de ses membres. L'objectif : tourner définitivement la page de ces événements dramatiques, affirme-t-il.
Corriger les erreurs du passé sans en «avoir peur»
Sur les raisons de cette mobilisation, l'historien Maâti Monjib rappelle que «lorsqu'il y a eu la rébellion du Rif en 1958-1959, le Parti de l'Istiqlal était au gouvernement». «Cela a commencé avec le gouvernement de Balafrej au milieu de l'automne de 1958, avant de finir avec la répression militaire de janvier 1959 et le début du gouvernement Abdellah Ibrahim», poursuit-il.
«Le Parti de l'Istiqlal était impliqué, si on peut dire, malgré lui dans cette répression de la rébellion rifaine. Je pense que le parti veut montrer sa réprobation des lourdes peines des détenus du Hirak, qui nous rappelle la rébellion de 1958-1959, et en même temps se réconcilier avec le Rif qui brandissait des slogans critiquant le parti.»
Maâti Mounjib
Le parti créé par Allal El Fassi dans les années 1940 réussira-t-il à réconcilier les Rifains avec l'Etat ? C'est la question que nous avons posée à Abdessamad Belkebir, ancien député parlementaire, politologue et professeur à l'Université Cadi Ayyad de Marrakech. «Notre histoire est confuse puisque la réconciliation devait avoir été faite par l'Instance équité et réconciliation», rappelle-t-il.
Soulèvement du Rif (1958) : Lorsqu'Abdelkrim Khattabi a demandé le soutien de Gamal Abdel Nasser
«Les différents intervenants ont même convenu d'écarter les événements d'avant 1960 de toutes querelles politiques et que ce passé fasse l'objet de recherches scientifiques pour notamment la préservation de la mémoire», poursuit-il.
«Le dossier est ré-abordé encore une fois suite aux événements d'Al Hoceima. Nous retournons cette question à la politique et à l'idéologie. C'est bien de faire des pas dans ce sens, les peuples ne doivent pas avoir peur de leur passé et doivent y faire face comme un miroir, mais ce passé est toujours utilisé comme moyen politique dans le présent.»
Abdessamad Belkebir
Reconstruire son image politique avec la bénédiction de l'Etat ?
Selon le politologue et ancien USFPiste, il est clair que l'Etat «parie» sur le Parti de l'Istiqlal. «Historiquement et socialement, l'Istiqlal a été saisi par l'Etat et selon l'expérience, les partis historiques s'avèrent disposer de capacité à résoudre les problèmes et à faire de la médiation», poursuit Abdessamad Belkebir. Pour lui, «le dossier du Rif doit être résolu par l'Istiqlal et l'Etat va l'assister, puisqu'il doit se débarrasser d'une accusation qui le suit». «Avant tout, c'est une occasion pour la Balance d'intégrer une nouvelle élite rifaine et qu'il fasse une autocritique», conclut notre interlocuteur.
Mais le politologue Omar Cherkaoui considère, de son côté, qu'«actuellement, il ne faut pas remettre en question les initiatives de l'Istiqlal». «Ce qui est fait actuellement par ce parti, abstraction faite des objectifs, est censé être fait par les autres formations politiques», poursuit-il.
«Les partis sont des institutions de médiation, de recherche de solution et de liaison entre le centre et l'extrémité, l'Etat et le peuple. Les démarches du Parti de l'Istiqlal rentrent donc dans le cadre des missions normales des partis politiques, même si d'autres formations ont abandonné ces missions-là.»
Omar Cherkaoui
Le professeur universitaire affirme aussi que «la mobilisation de l'Istiqlal a ses objectifs, tout comme chaque pas des politiques». «Il est vrai que le parti tente de se construire une image politique nouvelle après l'ère de Chabat, tente d'agrandir la base de sa légitimité et essaye de retourner en force sur le devant de la scène», note-t-il. «Mais nous avons besoin de politiques entreprenant ce genre d'initiatives et qui aident à trouver une solution à cette problématique», se rattrape-t-il.
Al Hoceima : L'histoire d'une région entre militarisation et marginalisation
Se réconcilier avec le passé en se focalisant sur le présent
Mais si Abdessamad Belkebir voir qu'il «n'y pas de mal à rallier entre les objectifs partisans et politiques», le professeur de sciences politiques à l'Université Cadi Ayyad de Marrakech, Abderrahim Elaalam, y voit une tentative pour «promouvoir la nouvelle direction de l'Istiqlal tout en réanimant le parti et en se préparant aux prochaines élections». «Une tentative aussi pour présenter une nouvelle direction courageuse, capable de se mêler à l'un des dossiers les plus difficiles», nous explique-t-il.
«C'est vrai que l'Istiqlal avait été accusé de plusieurs choses s'agissant du Rif et des dix jours durant lesquels des villages et des villes ont été bombardés par les avions de Hassan II, alors prince héritier. Mais le parti et Nizar Baraka doit se concentrer sur l'heure actuelle. Il doit plutôt intervenir pour la libération ou le soutien d'une amnistie générale des détenus du Hirak du Rif.»
Abderrahim Elaalam
Pour lui, «l'appel à une amnistie générale doit au moins être soutenu par le Parti de l'Istiqlal et d'autres formations politiques» qui ont déclaré leur dénonciation des verdicts prononcés contre des jeunes du Rif. «Si historiquement, ces partis ont négativement réagi vis-à-vis des revendications des grands-pères des détenus du Hirak, ce que l'Istiqlal peut proposer, c'est son intervention en faveurs des petits-fils pour permettre à la région de sortir de sa misère», nous déclare-t-il. Et Abderrahim Elaalam de conclure : «le Rif vit à nouveau un autre drame et si la réconciliation ne vise que l'ancien drame, je crois qu'elle est carrément déplacée.»


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.