Dans la nuit du lundi au mardi, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans. 121 pays ont voté pour, dont le Maroc, instaurant ainsi un mécanisme international pour protéger ces travailleurs ruraux. La 73e session de l'Assemblée générale des Nations unies aura été marquée par l'adoption d'un texte inédit. La Déclaration de l'ONU sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales est désormais adoptée, bénéficiant de l'appui de 121 pays, contre 54 abstentions et 8 votes opposés. «Maintenant que la déclaration constitue un instrument juridique international, La Via Campesina (LVC) et ses alliés se mobilisent pour soutenir les processus de sa mise en œuvre au niveau régional et national», lit-on dans un communiqué où cette coordination paysanne internationale, qui a porté le texte, annonce son approbation. En effet, ce vote final «représente l'aboutissement d'un processus historique pour les communautés rurales» et inaugure «un nouveau chapitre prometteur dans la lutte pour les droits des paysan(e)s et autres communautés rurales à travers le monde», souligne La Via Campesina. Ce travail aura duré 17 ans, à l'initiative d'associations et d'organisations syndicales regroupées au sein de ce mouvement international. Un texte qui consacre la souveraineté alimentaire Ce texte devient désormais un outil efficace «en vue d'une recherche de la justice et de politiques nationales favorables à l'alimentation, aux semences et aux terres», tout en tenant compte des intérêts des producteurs ruraux. Il en est de même au Maroc, qui a voté pour cette déclaration. Mohamed Hakach, coordinateur de la section MENA de La Via Campesina et membre de la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA / UMT), a précédemment expliqué à Yabiladi que ce texte permettrait d'«améliorer les moyens de subsistance dans les zones rurales». Faïçal Ouchen, secrétaire général du Syndicat national des paysans (SNP), a précisé pour sa part que selon les statistiques officielles, les petits paysans au Maroc seraient au nombre d'«un million et demi de personnes, sans compter les petits professionnels de l'industrie liée à ces activités». Ce texte leur garantit désormais leurs droits, en plus de «les protéger des expropriations aléatoires, notamment celles opérées par les mafias immobilières, pour le cas du Maroc, en plus des grosses industries des graines qui produisent des semences non reproductibles, contraignant ces agriculteurs à dépendre de ces structures». De son côté, Elizabeth Mpofu, paysanne au Zimbabwe et coordonnatrice générale de La Via Campesina, estime que ce texte «est un outil important» pour garantir les droits des paysans et des petits agriculteurs à travers le monde. «Nous exhortons tous les Etats à mettre en œuvre la déclaration avec diligence et transparence, en garantissant aux paysan(e)s et aux communautés rurales l'accès et le contrôle des terres, des semences paysannes, de l'eau et autres ressources naturelles», ajoute-t-elle sur le site de la coordination. La responsable au sein de La Via Campesina indique que des actions de mobilisations seront envisagées dans chaque pays respectifs «en vue de faire pression pour l'élaboration de politiques et de stratégies visant à reconnaître et à appliquer» les droits de ces travailleurs, notamment celui des propriété terriennes agricoles. En septembre dernier, le Conseil des droits de l'Homme (CDH) à Genève a adopté la Déclaration à la majorité, avec 33 pays votant pour, 3 contre et 11 abstentions. Membre de La Via Campesina, Ramona Duminicioiu, a estimé dans le temps que les votes négatifs et les abstentions étaient un signe inquiétant, car «ils signifient que ces pays (…) sont contre une situation plus vaste : l'éradication de la pauvreté, la souveraineté alimentaire et la réduction des inégalités». Deux mois plus tard, en novembre dernier, le texte a été approuvé en Troisième commission de l'ONU, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles.