L'acteur comparaissait à Aix après une rixe devant une boîte de nuit. On lui enlève ses menottes, il a l'air fatigué, un peu largué. Samy Naceri, 45 ans, réclame un délai pour sa défense. Le procès n'aura donc lieu que le 8 février. Devant le tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence, l'acteur des Taxi joue sa liberté. Couteau à steak. «L'incarcération, ça fait une pièce de théâtre et quatre films qui sont arrêtés», explique-t-il . Le débit est haché, il a du mal à parler, la gueule de travers, les dents cassées. «Ça fait huit mois que je ne bois plus d'alcool... J'ai perdu ma mère y a pas longtemps... Je suis venu à Marseille pour courir et prendre l'air... Puis j'ai reçu un mauvais coup de fil, deux mauvais coups de fil. Je suis sorti, ça m'a fait du mal...» Il est difficilement audible. «J'ai un petit garçon de 12 ans... Je vais faire en sorte de me battre pour ne plus boire d'alcool... Je l'ai fait avec la drogue. Je vais habiter à la campagne... Je vais courir... Je vous jure sur mon honneur, sur ma mère qui est décédée, que c'est la dernière fois que vous me verrez devant un tribunal...» Hélas, son histoire dit autre chose (lire ci-contre). Sept condamnations au casier judiciaire, et une huitième, pas encore inscrite, car trop récente : six mois ferme, le 14 décembre, à Nanterre. Et un autre procès à venir, en avril, à Paris. Des histoires d'alcool, de conduite sans permis, de menaces, d'outrages. Et maintenant, ce couteau brandi devant un vigile, à l'entrée d'une boîte aixoise, le 3 janvier, qui lui vaut ces poursuites en comparution immédiate pour «violence avec arme n'ayant pas entraîné d'interruption de temps de travail». C'était un couteau à steak, manche plastique, lame acier inox, qui n'a touché personne, et dont un vigile a brisé la lame. «Impulsivité, réaction agressive, facilité du passage à l'acte», déplore la procureure. Isabelle Pouey requiert le maintien du mandat de dépôt prononcé jeudi, «pour prévenir le renouvellement des faits, qui est à craindre». Elle évoque ses «addictions anciennes», «cette dépendance qui ne lui permet pas de se maîtriser». Suivant ses arguments, le tribunal prononce le maintien en détention. Et ordonne une expertise médico-psychologique, comme le réclamait la défense. «Histoire minable». L'avocate de Naceri parle d'un «casier judiciaire d'alcoolique» et déplore : «Nous n'arriverons pas à sortir la tête hors de l'eau.» Me Françoise Cotta ironise sur les bancs de la presse bien remplis derrière elle, témoins de cette «poursuite médiatique» qui frappe l'acteur d'Indigènes : «Les journaux préfèrent s'occuper d'une comparution minable plutôt que des grands problèmes de la société.» Naceri, comparaît pour une «histoire minable, même pas une rixe, un incident comme malheureusement les boîtes en connaissent beaucoup». Un refus d'entrée, un couteau sorti, des vigiles qui s'activent et au finale, Samy Naceri avec «quatre dents cassées», le crâne «fracassé sur un capot de voiture». L'acteur écoute, un peu ailleurs. «On est sortis de la cocaïne, on est encore un peu dans l'alcool», décrit l'avocate. 1,37 g d'alcool dans le sang, mercredi matin. Et un mois de prison, avant le procès, qui tombe six jours avant la sortie de Taxi 4.