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La mort de l'arbre
Publié dans Albayane le 01 - 08 - 2012

“ Tafarnout" est une boulangerie/pâtisserie/salon de thé, sise avenue Hassan II, bien connue de tous les gadiris et des étrangers. “Tafarnout" signifie en langue amazighe “le petit four". cet espace de détente, de rencontre, de rendez-vous, de loisirs et de passe-temps, était mon café de prédilection quotidien durant les années quatre-vingt. J'étais le client de chaque jour, respecté et estimé des serveurs, du cireur et du patron. J'avais mes habitudes et ma place préférée. Avant même de m'attabler, mon café était servi! Dans ce café, je faisais tout et avais toutes les libertés: je lisais, j'écrivais, je corrigeais les copies de mes élèves, je préparais mes cours, je jouais aux mots croisés. ma table était mon bureau! Je fumais en sirotant mon bon café, fait spécialement comme je le désirais, je rêvassais en regardant les gens passer sans m'en lasser. Je m'extasiais admirant l'anatomie appétissante des créatures féminines attirantes, alléchantes et envoûtantes, à l'instar de tout citoyen marocain adulte et vacciné, de sexe masculin, digne et fier de son appartenance identitaire! “Tafarnout" était mon deuxième chez moi où je passais chaque jour un temps considérable, à l'abri de tout ennui ou monotonie. et les années passaient paisibles comme un long fleuve tranquille! Ce qui a fait de ce café mon café préféré, avant la qualité de son café, la bonne ambiance qui y régnait et la sympathie de ses employés, c'était...son arbre!...sur la terrasse trônait en maître absolu, seigneur du temps et de l'espace, un arbre superbe; un beau ficus géant, verdoyant, bien portant, vaillant, élégant, au tronc énorme et impressionnant. Il était très grand et très haut et ses innombrables branches tellement longues et pleines de feuilles, couvraient toute la terrasse prodiguant ombre et fraîcheur et protégeant nos crânes vulnérables du soleil impitoyable d'Agadir. A cette époque," Tafarnout" n'avait nullement besoin de parasols: l'arbre, à lui seul, donnait l'ombre nécessaire et suffisante à toutes les tables de la terrasse. D'après sa présence majestueuse et imposante et sa taille fabuleuse et impressionnante, j'ose prétendre qu'il était largement centenaire, peut-être plus ! Prendre son petit déjeuner dans l'ombre de cet arbre généreux était un délice rare et un plaisir de tous les sens dont ne jouissaient que ceux qui avaient l'art et la manière de savoir déguster et savourer la volupté de la vie... Je restais de longs moments à observer les oiseaux de l'arbre qui venaient picorer sur les tables, se gavant de miettes et sautillant d'une table à l'autre en quête de pitance matinale. au moindre geste suspect considéré comme un danger imminent, ils allaient se réfugier sur les branches protectrices de leur arbre de vie... Il m'arrivait souvent de converser avec le chat du café qui venait effleurer mon pied en ronronnant, signe d'amitié et complicité. Nous parlions du temps et des gens. Il était charmant et élégant et savait ne point être ennuyeux ni pesant comme ces gens qui ne se gênaient nullement en venant vous importuner vous imposant leurs sujets de discussion barbants et lassants!...siroter son café, un soir d'été, dans la fraîcheur bienfaisante de l'arbre, m'était un moment d'euphorie et de paix, de quiétude et de sérénité sans égal. Quel régal !... Vraiment, cet arbre béni était l'âme et l'essence même de ce café et personne n'évoquait “ tafarnout" sans avoir à l'esprit son arbre digne et fier!
Hélas, ce bel arbre magnifique allait connaître un sort tragique: monsieur le président du conseil municipal de cette époque (devinez qui! moi, j'ai complètement oublié son nom!) eut l'idée saugrenue, sûrement chuchotée par l'un de ses conseillers d'une intelligence et érudition inouïes, d'élargir la route qui passait tout près de notre café. Pour réaliser ce fameux projet de bitume et de goudron, ennemis de toute végétation, il fallait amputer la terrasse de la moitié et sacrifier son arbre: en le coupant tout simplement. Ce n'était pas un arbre insignifiant, même pas capable de donner des fruits comestibles, qui allait empêcher notre auguste président de notre honorable commune de concrétiser son projet urbain dans l'intérêt urgent de tous les citadins. Allez, au travail! et on s'est acharné conte cet arbre sans défense avec une férocité inhumaine: en un clin d'œil et grâce aux armes modernes de destruction, notre pauvre ficus fut étêté, égorgé, amputé, blessé, déchiqueté, écartelé, déraciné, mis en pièces! on a dû creuser profondément pour venir à bout de ses racines, si longues et tellement ancrées dans leur terre natale depuis de longues années. Voilà, plus d'arbre! bien fait pour ses branches; il n'avait qu'à ne pas pousser dans une ville!
je n'ai eu ni la force ni le courage d'aller assister à l'assassinat de mon ami l'arbre. Durant la durée des “travaux", j'évitais de passer par là. Après la rénovation du café devenu plus moderne et plus chic, j'ai essayé d'y retrouver mes habitudes, mais le cœur n'y était plus; quelque chose était brisée à jamais. La joie et le plaisir, l'ombre et la fraîcheur, le chat et les moineaux, la sérénité et la paix, sont partis, disparus avec mon arbre adoré! Alors, j'ai cessé de fréquenter le café “tafarnout".
Des années ont passé et on a oublié le bel arbre de “ tafarnout". A présent, beaucoup de gadiris ne savent même pas qu'il y avait là, à cet endroit où passe cette route, un arbre superbe, un beau ficus géant, verdoyant,... A quoi cela leur servira-t-il? Un arbre de plus ou de moins n'empêchera pas le monde de tourner, le temps de passer et les hommes de construire des routes pour leurs voitures, quitte à tuer les arbres. vive le progrès!


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