Forte des multiples apports historiques et ethniques ayant fait sa richesse, la ville de Tiznit, naguère fière de son identité de fibule tazarzite , est immanquablement tenue d'opérer sa mue. La province de Tiznit, qui couvre une superficie de plus de 8000 km2, à vue sur l'océan, avec vue sur les montagnes de l'Anti-Atlas et les plaines de l'arrière-pays, est répartie en quatre communes urbaines et 40 rurales et compte 786 mille habitants. Connue pour être une capitale de l'argent, Tiznit peine à assumer un tel surnom que lui procurait, jusqu'à naguère, l'apport des environs, comme Anzi, Lkhsass, Aït Baâmrane, Ida Ou Semlal, entre autres. La fibule, emblème de la ville et bijou le plus caractéristique de la ville, semble vaciller sous les coups de la modernité: Finies les formes épaisses du bijou reliées par des chaînes doubles ou triples qui, jadis, pesaient lourd (entre 0,5 à un kg). Les artisans sont dans l'air du temps. Ils font light. Idem pour les tifoultout, ces parures en argent formées d'une succession de perles ou de monnaies, ou encore pour les parures de tête émaillées et protées en bandeau par des chaînettes sur la tête. La miniaturisation gagne désormais les bracelets comme Tanbelt, ces bijoux à charnière se fermant par des goupilles et dont le décor est composé du nielle et d'appliques émaillées. Il en va de même pour les boucles d'oreilles, composées d'anneaux lourds soutenus par de petites chaînettes et rehaussées d'émaux et de pendeloques, ou des bagues qui, privilégiant jadis une constance massive d'argent, tendent désormais à faire dans l'économie. Côté hommes, le poignard (Ajenwi) n'échappe pas non plus à la règle: Le fourreau en argent avec motifs ciselés, cède sa mission première d'arme à celle de parure masculine ou à une simple affirmation identitaire. Etabli Place Méchouar au cœur de l'ancienne médina, Tiznit abrite actuellement une exposition d'argent à ciel ouvert couvrant e une superficie de près de 5000 m2, regroupant huit ateliers de 20 maîtres (maâllam), qui donnent à voir les divers métiers de l'orfèvrerie d'argent (gravure, ciselure, filigrane, émail cloisonné, moulage, etc...). Placée sous le signe l'orfèvrerie argentée à bijouterie d'argent : identité, créativité et développement, cette exposition, organisée dans le cadre du festival Timizart (25 au 28 courant), vise, selon ses initiateurs, à valoriser l'artisanat local, notamment les bijoux en argent et à contribuer à la promotion du tourisme culturel à Tiznit, une ville qui compte pas moins de 150 boutiques et ateliers de fabrication et de points de vente des bijoux en argent. Bien avant sa fondation en tant que ville sultanienne sous le règne de Moulay Hassan Ier au 19ème siècle, la ville de Tiznit s'est arrogée une réputation de spiritualité doublée d'une propension à l'érudition, où toutes les expressions artistiques, dont celle de la joaillerie, faisaient bon ménage. Située aux portes du désert et à 90 km de l'aéroport international d'Agzdir, Tiznit est aussi le chef-lieu des sommets de Tafraout, des gravures rupestres de Tazekka, d'oasis, vallées luxuriantes et de plaines fleuries, sans omettre une vue imprenable sur mer à Mirleft. La province de Tiznit possède aussi un sous-sol riche en minerais et en roches ornementales (or de la mine d'Iourirne, talc, feldspath, titane...). Autant de richesses, qui font de cette province, une scène enchanteresse, nourrie de traditions séculaires. L'olive, l'amande et la menthe donnent sa notoriété à Tiznit. La pêche, avec son vivier de savoureux poissons, bénéficie de structures d'accueil du port de Sidi Ifni, avec sa capacité de stockage de poissons de 60 mille tonnes, sans compter l'apport des sites de Jbel Sidi Boulfdail, Erkount, Gourirem et Aglou. Autant dire qu'à Tiznit, un festival, aussi d'argent soit-il, mérite un détour pour découvrir l'arrière-pays.