Du mur virtuel à la critique du monde réel... Halima Zine El Abidine demeure l'une des écrivaines les plus marquantes du militantisme, de l'engagement et de la littérature au Maroc. Cette intellectuelle prolixe, militante de la cause féminine., illustre bien, à travers son écriture, la réalité de notre époque, le réel et le virtuel, la réalité et l'optimisme, tels qu'ils se brassent dans son nouveau roman « Sur le mur », ou dans «Les citadelles de la sérénité», «L'obsession du retour», et bien d'autres textes. La vision abidienne trace son cheminement par le biais d'une écriture réaliste et engagée. Al Bayane : Vous venez de publier votre nouveau roman «Sur le mur», pouvez-vous nous dire de quel mur s'agit-il ? Halima Zine El Abidine : «Sur le mur» est l'intitulé de mon dernier roman. Ce titre est bien choisi dans la mesure où il fait référence au mur du réseau social «Facebook», ainsi que les autres événements du roman qui se déroulent dans d'autres espaces virtuels tels que les forums de chat, Twitter et Google Plus. En outre, on trouve d'autres espaces réels, tels la psychologie des personnages et leur mémoire qui constituent les véritables sources d'inspiration de mon roman. Pourquoi avoir choisi le monde virtuel comme source d'inspiration de votre roman ? Mon roman «Sur le mur» est inspiré de l'internet, des réseaux sociaux, des forums de discussions et journaux électroniques, en particulier le monde de Facebook, cette fenêtre ouverture sur le monde et l'autre qui est essentiellement différente de nous, intellectuellement et géographiquement. Le monde virtuel nous permet de communiquer sans obstacles psychologiques ou sociaux. Nous avouons et exprimons nos maux et nos souffrances que nous n'osons pas nous avouer nous-mêmes dans la réalité. C'est un monde de l'aveu et de la libre expression dans la pensée, la politique, la religion et même la créativité. Un monde qui m'a passionnée à écrire, notamment, tout ce que portent les murs du «Printemps arabe», depuis l'immolation de “Bouazizi" en Tunisie jusqu'aux élections présidentielles au Yémen, ainsi que cet amour virtuel et cette autre vie qui se passe derrière l'écran de l'ordinateur, avec son désir, son plaisir et ses souffrances. Quelles lettres de noblesse souhaitez-vous transmettre aux lecteurs à travers vos personnages virtuels ? Le monde virtuel est une vie que nous vivons derrière l'écran de notre ordinateur et avons chargée de sentiments et d'émotions. Dans cette vie, nous venons tisser des relations amicales, virtuelles, riches en fonctionnalité généreuse et spirituelle, dans un cadre d'échange et de solidarité. Un univers où on élimine tout type de différences au niveau social, culturel et idéologique. C'est à partir de ces relations d'amitiés que j'ai tissé les personnages du roman «Sur le mur», des amis virtuels séparés par des distances géographiques, mais qui se sont rencontrés sur l'idée de l'Homme qui a la capacité de penser et de dialoguer positivement... Que veulent dire le militantisme et l'espoir pour vous ? La lutte est un travail d'abord sur soi qui permet de lutter contre tout sédiment d'état arriéré en lui-même. La lutte ne consiste pas en des slogans et des discours. Elle est une conscience du droit et du devoir. C'est une citoyenneté dont nous sommes conscients. Nous la transformons en un comportement individuel qui s'inscrit dans le même cadre de nos efforts visant à être approuvé dans la société dans laquelle nous aspirons à vivre. C'est une société d'espoir pour moi, de dignité, où la valeur de l'homme est une transcendance. Un dernier mot aux femmes marocaines à l'occasion de la journée nationale de la femme? La femme est la mère, la sœur, la fille, l'amie et la bien-aimée. C'est la vie. Une vie qui n'a pas besoin de tutelle pour nous donner son amour, sa sécurité et ses richesses. Par ailleurs, il faut l'estimer et l'encourager à poursuivre ses efforts. Négliger la femme, c'est tuer tout ce qu'il y'a de plus beau au monde. Un tel aveu, couronné par une journée nationale pour les femmes est une pause de réflexion et de méditation pour savoir qu'est-ce qui a été réalisé pour les femmes marocaines. Cette pause est aussi nécessaire pour booster l'ambition d'aller vers un changement de plus en plus positif...