Le Maroc mise aujourd'hui sur l'industrialisation pour améliorer la performance de sa balance commerciale, a souligné, mercredi à Rabat, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, invitant les opérateurs économiques à investir davantage dans le secteur industriel. «Opter pour l'industrie et l'Etat est prêt à vous présenter toutes les facilités» possibles, a-t-il lancé à l'adresse des acteurs économiques, en répondant à une question sur «les accords de libre-échanges: bilan et perspectives», dans le cadre de la session mensuelle de la Chambre des conseillers consacrée à la politique publique. Le gouvernement, a souligné M. Benkirane, accorde une importance particulière à l'accélération de la mise en œuvre des stratégies sectorielles, notamment le Plan national pour l'émergence industrielle. Le chef du gouvernement a affirmé, dans le même contexte, qu'une première évaluation du bilan des accords de libre-échange conclus par le Maroc avec plusieurs partenaires montre que ces instruments ont insufflé une forte dynamique au commerce extérieur durant les dernières années. Les échanges commerciaux opérés dans le cadre de l'accord de partenariat avec l'Union européenne (UE), ont augmenté de 49 milliards de dirhams (MMDH) entre 2008 et 2013, passant de 85 MMDH à 134 MMDH, a précisé M. Benkirane. Cette progression, a-t-il expliqué, a été possible grâce principalement à la hausse des importations, dont la valeur est passée de 66 MMDH à 95 MMDH, enregistrant un taux de croissance annuel de 7,5%, ainsi qu'à celle des exportations, dont la valeur a augmenté de 21 MMDH durant la même période (+15,9%) pour atteindre un total de 40 MMDH. M. Benkirane a ajouté que cette évolution a permis d'améliorer de 13 points le taux de couverture des importations par les exportations qui est passé de 29% en 2008 à 42% en 2013, ajoutant que le déficit de la balance commerciale avec ce groupement a atteint 55 MMDH en 2013, chiffre qui représente 82 % du total du déficit commercial accusé dans le cadre des accords de libre-échange. Selon les mêmes données, le taux de couverture des importations par les exportations par rapport aux Etats-Unis a enregistré un résultat positif durant la même période, passant de 34 % à 53 %. Et de poursuivre que le déficit de la balance commerciale dans le cadre de l'accord de libre-échange entre le Maroc et la Turquie s'est situé aux environs de 4 MMDH entre 2008 et 2013, ajoutant que le taux de couverture des importations par les exportations a enregistré, quant à lui, une évolution positive, en passant de 30 à 50%. Le chef du gouvernement a fait observer que le rythme d'augmentation du déficit commercial dans le cadre des accords de libre-échange (2,7 % en moyenne annuelle durant la période 2008-2013) reste proche de celui enregistré au niveau de l'ensemble des échanges commerciaux avec ces pays (2,6%). M. Benkirane a attribué cette situation à l'incapacité de la production nationale à satisfaire les besoins croissants de la demande intérieure en matières premières et produits de consommation et d'équipement, ainsi qu'aux limites des capacités à mobiliser une offre à l'exportation à forte compétitivité, en raison des limites du tissu entrepreneurial destiné à l'export et le manque d'intégration entre les politiques publiques relatives au commerce extérieur. Il a expliqué également cette situation par d'autres facteurs ayant contribué à l'aggravation du déficit commercial, dont la grande instabilité des prix des matières premières, notamment les produits énergétiques et alimentaires (le prix moyen du baril de pétrole s'est situé à 108 dollars entre 2011 et 2014, contre 75 dollars entre 2006 et 2010), ainsi que la crise économique mondiale qui a eu un impact négatif sur les partenaires commerciaux les plus importants du Maroc. M. Benkirane a relevé, par contre, une amélioration de la balance commerciale notamment en 2014, grâce à la progression des exportations surtout de voitures (39,8 MMDH), dont la valeur a dépassé pour la première fois celle des phosphates (37,3 MMDH). Il a affirmé, dans le même sens, que la réalisation de l'équilibre en matière de commerce extérieur passe par l'adoption d'une approche intégrée et harmonieuse visant la promotion de ce secteur, à travers des politiques sectorielles intégrées de développement et de diversification de l'offre exportable et d'augmentation de la valeur ajoutée des produits. Il a plaidé aussi pour la multiplication des marchés extérieurs et l'adoption d'un plan intégré destiné à la commercialisation de cette offre. Il a ajouté, à ce propos, que le gouvernement œuvre depuis 2014 à la mise en œuvre du Plan national de développement des échanges commerciaux qui comprend des mesures visant la valorisation et la promotion des exportations, la rationalisation des importations, la simplification des mesures relatives au commerce extérieur et l'augmentation de la valeur ajoutée des produits locaux.