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Les élections législatives en Algérie: Un non-événement?
Publié dans Albayane le 04 - 05 - 2017

Ce jeudi 4 mai, les électeurs algériens sont appelés à élire leurs députés. Une consultation presque en catimini et qui reste néanmoins frappante par les chiffres. Plus de 23 millions d'électeurs appelés à choisir entre 11 334 candidats indépendants ou encartés, 63 partis politiques. Un record depuis l'avènement du pluralisme, en 1989, qui a mis un terme, formellement, à l'ère de l'Etat-FLN.
Alors que les médias sont majoritairement focalisés sur les présidentielles françaises, il nous semble opportun de jeter un regard sur ce qui se passe chez nos voisins de l'est. Pas seulement parce que dans les écoles de journalisme on apprend à juger de la valeur d'une information par ce que l'on appelle cyniquement «la loi du mort-kilomètre» mais aussi par une certaine éthique politique. Le président du gouvernement nous a appris lors de son passage, réussi, chez nos confrères de Medi-Afrique qu'il avait rendu visite à Si Abderrahmane Youssouifi. Relancé par le journaliste, M. Othmani a révélé que le père de l'alternance consensuelle lui a prodigué des conseils, et il a cité en particulier l'importance à accorder aux relations avec «nos voisins»... comme le Portugal (sic).
Dans ce sens, la vie politique chez nos voisins mérite une attention soutenue. D'aucuns diraient que l'opacité du Système rend les méandres de la vie politique inutiles...l'essentiel se passe ailleurs. Par exemple, la dimension institutionnelle de la démocratie illustrée par le rituel électoral se réduit à un simple exercice formel qui a fini par lasser les premiers concernés, les Algériens eux-mêmes. Sauf que l'exercice s'avère utile, dans sa dimension anthropologique si j'ose dire. On append toujours, y compris par défaut. Un tour d'horizon de la presse algérienne, «indépendante» constitue ainsi un gisement qui offre plusieurs couches de signification. Non pas sur les enjeux du débat politique mais sur la sociologie électorale algérienne que l'un de nos confrères n'a pas hésité de qualifier de processus de «désertification». A force de tourner à vide, le système a fini par susciter une désaffection totale du peuple d'en bas. «Que je vote ou non, ma voix ne changera en rien la situation», dit Rym, une jeune algéroise en surveillant du coin de l'œil son compte Facebook. «Le niveau de la campagne est médiocre, les slogans sont creux, et les affiches, hideuses, servent plutôt de repoussoir. À la radio, un candidat expliquait que la femme doit se comporter avec ce vote comme elle se comporte à la maison. C'est presque humiliant pour les Algériens». Le 4 mai, Rym ira pique-niquer en montagne avec ses amis, très loin des bureaux de vote».
Alors, les législatives algériennes, un non événement ?
Rafik Abdelkrim
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La désertification politique
La campagne électorale pour les législatives s'est achevée...Elle a pris fin comme elle a commencé : dans l'indifférence quasi générale du public, même si les médias ont tenté d'en rapporter, tout au long de ces vingt derniers jours, ce qui pouvait être considéré comme politiquement intelligible, ce qui fut, disons-le, extrêmement rare.
Il est vrai, toutefois, que l'indigence de cette campagne suffit, à elle seule, pour mettre en évidence à la fois le fossé qui sépare le gouvernement et ceux qui font office d'"élites politiques", d'une part, et la société, d'autre part.
Cette indigence, conjuguée, au désintérêt quasi absolu affiché par les Algériens tout au long de ces trois semaines de campagne, achève aussi de mettre en relief la désertification politique que le régime, à coups d'agissements liberticides, de décisions populistes, de gestion clanique de la cité et de recrutement et d'embrigadement de clientèles, a fini par générer dans ce pays.
C'est donc dans un désert que les animateurs d'une campagne électorale inédite auront officié. Si le public les a boudés la plupart du temps, eux-mêmes n'ont pas été capables, au fil des jours, de faire preuve d'imagination ou d'innover pour susciter chez les citoyens ne serait-ce qu'un léger regain de curiosité. C'est dire que la classe politique elle-même est globalement très affectée par toutes ces années de léthargie qui, à vrai dire, n'ont rien envier à celles, de plomb, vécues du temps du parti unique.
Au fond, il ne conviendrait pas d'accabler les animateurs de cette campagne sourde et muette : c'était trop leur demander de mobiliser un public que le régime s'est employé avec assiduité et abnégation à sevrer du débat politique. Car, tout compte fait, une campagne électorale est d'abord un débat politique auquel se greffe, inévitablement, un peu de politique spectacle.
Qu'à cela ne tienne : le régime l'apprendra à ses dépens lorsque, au soir du 4 mai, ses adeptes auront sous les yeux le taux d'abstention, le vrai qui, peut-être, ne sera pas, encore une fois, celui que le ministre de l'Intérieur annoncera le lendemain. Cette élection ne vaudra d'ailleurs que par ce chiffre-là qui, le moment venu, devra être lu et analysé comme un verdict sans appel à l'encontre du régime.
Par Saïd Chekri
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SalimaGhezali, une candidate venue de loin
Une surprise ? C'en est vraiment une. Personne n'aurait parié un jour sur la participation de Salima Ghezali, tête de liste du Front des forces socialistes (FFS) à Alger, à une élection.
L'ancienne directrice du journal La Nation a bien changé. La décennie noire ne serait-elle plus qu'un mauvais souvenir ? Le régime qu'elle avait tant pourfendu est-il devenu fréquentable ? Vingt-quatre ans sont passés, depuis 1993. L'Algérie entamait, sans doute à cette époque-là, l'un des moments les plus difficiles de son histoire avec un cycle infernal de violences. L'entrée surprenante et inattendue dans la compétition électorale de l'égérie du «qui-tue-qui» durant la période sanglante qu'a vécue le pays mérite sans doute de revisiter ces années de braise.
Un devoir de mémoire pour rappeler le regard que celle-ci portait sur le drame national. Le cheminement du parcours de Salima Ghezali est des plus singuliers. Il a cette particularité d'être tracé durant les années 1990, quand le pays était à feu et à sang. Dans les villages les plus reculés, appelés du service national, militaires actifs ou à la retraite, anciens maquisards, journalistes, médecins, enseignants tombaient sous les balles assassines des groupes terroristes islamistes. La candidate du FFS n'était pas encore journaliste à La Nation puisqu'elle ne rejoindra la rédaction qu'en décembre 1993. Elle était plutôt partie pour faire carrière dans le secteur de l'éducation. Elle enseignera la langue française à Khemis El Khechna de 1983 à 1990, selon un portrait publié en 1995 et écrit par la correspondante du journal français L'Express Dalila Kherchouche.
Fin 1993, Sanhadri, cadre au ministère du Travail, Djillali Liabès, sociologue et ancien ministre de l'Enseignement supérieur, M'hamed Boukhobza, sociologue, Dr El Hadi Flici, Mahfoudh Boucebci, figure emblématique de la psychiatrie algérienne, Tahar Djaout, journaliste écrivain et poète, étaient déjà assassinés. Cette année-là était une année maudite. Celles qui suivront le seront encore plus. Une hécatombe pour l'intelligentsia algérienne, victime d'une terrifiante purge. Les terroristes exécutaient tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec leur projet d'Etat théocratique et livraient une guerre totale contre le peuple algérien : femmes, enfants, vieux, jeunes et moins jeunes. Et Salima Ghezali était de ceux qui observaient avec une distance bien affichée la tragédie algérienne.
Elle avait cette capacité, ou ce choix faussement «lucide» de se complaire dans une sorte de coquetterie intellectuelle tintée d'angélisme à l'époque où les hordes sauvages ne choisissaient pas leurs victimes ? Promue directrice du journal La Nation où elle est restée jusqu'à sa fermeture en 1996, officiellement pour des raisons économiques, elle avait cette préférence tranchée de ne pas choisir son camp. «Choisir son camp c'est choisir ses victimes», confiait-elle à la journaliste qui s'étonnait d'ailleurs du fait que «Salima vit au cœur de ce drame algérien qui nourrit sa colère mais la tient éloignée des affrontements». Ayant acquis le statut de victime expiatoire de la censure, après l'interdiction du journal La Nation, elle disparaîtra du paysage médiatique algérien pendant de longues années. Elle emportera avec elle l'image d'une femme persécutée, censurée dans son pays.
«La Nation a cessé de paraître, je me suis intéressée à d'autres choses. J'ai beaucoup voyagé, j'ai publié des articles dans la presse internationale, fait des conférences et je tiens toujours ma chronique sur Radio Méditerranée internationale», répondait Salima Ghezali au site Algeriawatch en 2001. Prise sous l'aile protectrice du défunt leader du FFS, Hocine Aït Ahmed, qu'elle accompagnait dans plusieurs manifestations internationales, en tant que conseillère diplomatique, elle deviendra l'icône du «qui-tue-qui». Salima Ghezali décrochera le prestigieux prix Sakharov en 1997.
«Où trouver la force d'écrire, quand des jeunes de 15 ans meurent dans les ratissages effectués par les services de sécurité dont disposent des despotes qui ne savent même pas, la veille, ce qu'ils vont faire le lendemain ?» écrivait-elle à l'époque. Dans un autre article publié dans le journal Libération en 1997, qui affectionnait les amalgames sur l'identité de ceux qui tuaient en Algérie, la candidate du FFS était cette voix à laquelle les colonnes du journal étaient généreusement ouvertes.
Relisons-la. A propos des têtes des terroristes mises à prix, elle livrait ce commentaire dans un reportage réalisé dans les rues d'Alger : «La mort de ces hommes peut rapporter gros. Entre un million et 4 millions de dinars (de 100 000 à 400 000 francs). La plupart des passants accélèrent le pas. Peut-être ont-ils peur, en les regardant, d'imaginer qu'il s'agit là des auteurs de ces assassinats ou de ces massacres qui font frissonner de terreur ? Ou alors ils ont peur de penser que ces hommes pourraient être innocents, ils redoutent d'imaginer ce qui leur est arrivé, ce qu'ils ont subi.» Salima Ghezali est la candidate du FFS aux législatives du 4 mai 2017, dans un pays qu'elle compare, dans l'une de ses dernières tribunes, à la série télévisée «Westworld dont les personnages sont des androïdes qu'un scénariste pervers soumet à sa guise dans un univers pourri de jeux de manipulations et de violences proches de ce que veut dire chez nous l'expression Bled Miki...».
Saïd Rabia


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