Ouardirhi abdelaziz L'infection urinaire est un sujet dont on parle peu. Et pourtant, c'est une affection qui concerne des centaines de milliers de personnes, avec une nette prédominance chez les femmes qui souffrent de cystites. L'infection urinaire est l'un des principaux motifs de consultation chez le médecin généraliste ou spécialiste. Surtout pas de panique, car aussi désagréable soit-elle, l'infection urinaire est une infection que les médecins soignent très bien, pour peu que le patient s'adresse rapidement à son médecin traitant pour éviter des complications. Le système urinaire, dans son ensemble ou en partie, peut être sujet à des attaques bactériennes que l'on appelle plus communément des infections urinaires. Ces dernières peuvent être divisées en infections des voies urinaires supérieures, impliquant les reins (pyélonéphrite), et en infections des voies inférieures qui impliquent la vessie (cystite), l'urètre (urétrite) et la prostate (prostatite). L'infection peut se propager d'un site à l'autre. Un problème majeur de santé publique L‘infection urinaire est une des infections bactériennes les plus fréquentes et constitue un problème majeur de santé publique. La fréquence des infections urinaires est estimée à 150 millions de cas qui sont recensés annuellement dans le monde. Elles sont, après les infections respiratoires, au second rang des motifs de consultation et de prescription d'antibiotiques. Au Maroc, Elles restent fréquentes et se situent au premier rang d'infections en milieu hospitalier. Il est utile de rappeler que l'infection urinaire est une pathologie extrêmement courante chez la femme, on estime que 50% des femmes souffriront d'au moins un épisode symptomatique au cours de leur vie. Elle est aussi rencontrée chez les enfants, les personnes âgées ou immunodéprimées, les personnes ayant une malformation urinaire ou celles qui portent une sonde urinaire. Par contre chez l'homme, l'infection urinaire est plus rare, mais les conséquences sur l'organisme sont telles qu'une prise en charge médicale précoce est vivement recommandée. Signes évocateurs de l'infection urinaire chez l'homme L'infection urinaire se développe différemment chez l'homme et chez la femme. La forme la plus courante est la cystite (Inflammation de la vessie). Il peut s'agir aussi d'une urétrite qui, chez une large majorité de jeunes hommes, s'avère être le symptôme d'une maladie sexuellement transmissible (IST). Les brûlures en urinant constituent l'un des symptômes les plus caractéristiques d'une infection urinaire chez l'homme. Ces brûlures peuvent provoquer des douleurs intenses au moment d'uriner. Par ailleurs, l'émission d'urine se fait de manière plus fréquente et généralement en petites quantités. L'infection urinaire peut également causer des douleurs dans le bas-ventre. Parfois, du sang peut apparaître dans l'urine. Une fois constatée chez l'homme, ce dernier doit être agir rapidement. L'infection doit être prise très au sérieux car elle peut entrainer une infection des tissus de la prostate et des testicules. Si elle n'est pas correctement soignée, elle peut entrainer l'infection d'un rein. Il faut bannir l'automédication face à une cystite. Il faut éviter de prendre des médicaments qui ne sont pas prescrits par votre médecin traitant. Les femmes sont plus concernées que les hommes Cette affection fréquente touche 50 fois plus souvent les femmes que les hommespour des raisons anatomiques. L'urètre est très court chez la femme et débouche à proximité́ de l'orifice vaginal, tout près de l'anus, dans une zone où sont présentes des bactéries de la flore intestinale. Certaines de ces bactéries parviennent à remonter de la vulve jusqu'à la vessie par l'urètre et déclenchent une cystite aiguë, ou infection urinaire basse. La plupart du temps, il s'agit de la bactérie Escherichia Coli (des bactéries intestinales se trouvent naturellement en grand nombre au niveau de l'anus).Cette cystite chez la femme va se manifester par des signes ou on note une pollakiurie ou envie fréquente d'uriner, de jour comme de nuit, limitée parfois à quelques gouttes, des douleurs ou pesanteur sous-pubiennes, des brûlures mictionnelles survenant au moment d'uriner, pas de fièvre ou fièvre inférieure à 38,4C. L'urine peut être trouble et dégager une mauvaise odeur, voire contenir un peu de sang (hématurie). Une forte fièvre et une douleur dans les flancs font suspecter une pyélonéphrite aiguë. C'est la raison pour laquelle le médecin demande un ECBU (Examen CytoBactériologique des Urines) lorsque vous rencontrez des symptômes. Bien traitée et correctement pris en charge, l'évolution est favorable et la guérison est assurée. Mais si l'infection urinaire est négligée ou mal traitée, elle va évoluer vers des complications graves. De graves complications Lorsqu'une infection urinaire n'est pas traitée à temps ou avec un antibiotique non adapté, les bactéries résistantes peuvent remonter de la vessie vers les reins. En effet, si la cystite n'est pas traitée, elle peut remonter jusqu'au rein et provoquer une septicémie, qui signifie le passage de germes dans la circulation sanguine avec un risque de choc septique (défaillance des organes vitaux) qui nécessite une prise en charge du malade en milieu hospitalier dans un service de réanimation. L'infection peut provoquer un abcès du rein voire sa destruction. Ces infections sont d'autant plus graves que le patient est fragile (diabète, déficit immunitaire, âge avancé...). Le risque ultime est l'insuffisance rénale terminale dont le traitement est l'hémodialyse (rein artificiel) voire la greffe rénale. C'est dire toute la gravité de la cystite non traitée. Chez l'homme, il y a lieu de souligner les problèmes que pose la prostatite, qui possède des complications particulières qui sont la rétention aiguë d'urine (blocage complet de la vessie) et la dissémination de l'infection aux testicules (orchite). Importance de l'hygiène intime A l'évidence, c'est une question à ne pas poser, mais que de problèmes, que de maladies sont directement lies à un manque d'hygiène. Surtout quand il s'agit d'une zone aussi sensible que le vagin. Le vagin est compose de la flore vaginale, c'est à dire que de nombreux germes vivent en harmonie. L'équilibre de la flore vaginale est très fragile, et doit être conservé. Il constitue une barrière protectrice des germes venus de l'extérieur et pouvant provoquer des affections plus ou moins graves. Pour ces raisons, il est important de respecter certaines règles pour sa toilette intime. Utilisez la main, plutôt qu'un gant de toilette, qui peut garder et propager des germes. Insistez sur les plis entre les lèvres en les écartant, mais n'allez pas trop profond dans le vagin, cela risquerait de modifier l'acidité vaginale. Préférez la douche aux bains qui peuvent dessécher la peau. Lavez-vous toujours d'avant en arrière (le vagin puis la zone de l'anus) de façon à ne pas ramener les germes vers le vagin. Rincez-vous soigneusement. Séchez avec une serviette propre afin d'éliminer toute trace d'humidité. Tous ces conseils sont destinés à vous servir dans un but purement préventif, éducatif. Il ne faut pas prendre à la légère une cystite, car la non prise en charge par le médecin de cette affection peut évoluer vers des complications sévères, vers la chronicité.... Il n'est pas de trop d'insister une fois de plus sur la sensibilisation de la population qui est fondamentale afin d'éviter l'automédication qui constitue un risque des échecs thérapeutiques et facilite l'émergence des résistances bactériennes (un grave problème). L'amélioration de l'hygiène hospitalière est aussi un paramètre à prendre en compte pour éviter l'éclosion d'épidémies hospitalières, car il faut avoir à présent a l'esprit que l'infection urinaire en milieu hospitalier est souvent inhérente à une infection nosocomiale acquise qui représente 37 % des infections nosocomiales.