Journée internationale des personnes âgées Ouardirhi Abdelaziz Le 1er octobre 2022 correspond à la journée internationale des personnes âgées, un évènement qui est passé en silence, et très peu sont ceux qui ont saisi cette occasion pour rendre hommage à leurs parents, grands-parents, et nos concitoyens du troisième âge. Depuis 1990, la Journée internationale pour les personnes âgées, créée à l'initiative de l'Assemblée générale des Nations unies, a pour objectif de sensibiliser le public à la place des personnes âgées dans la société. Le thème de 2022 est : « La résilience des personnes âgées dans un monde en transformation ». Il est très parlant, explicite et se passe de commentaires. Qu'en est-il des personnes âgées au Maroc ? vieillissement inéluctable de la population Le dernier rapport du Haut-Commissariat au Plan (HCP 2021), nous apprend que le nombre de personnes âgées au Maroc augmente en permanence. Ainsi, en 2021, près de 4,3 millions sont âgés de 60 ans et plus représentant 11,7% de la population totale, alors qu'ils n'étaient que 2,4 millions en 2004 et 8% de la population totale. Selon les projections démographiques réalisées par le Haut-Commissariat au Plan, d'ici 2030, l'effectif des aînés de 60 ans et plus atteindrait un peu plus de six millions, soit une augmentation de 42% par rapport à 2021 et représenterait 15,4% de la population. Le HCP prévoit qu'à l'horizon de 2050, l'effectif des personnes âgées au Maroc devrait atteindre 10 millions de personnes. Si actuellement un peu plus de la moitié (51%) des seniors sont des femmes, leur part atteindrait 52,2% en 2030, en raison de l'augmentation plus rapide de l'espérance de vie à la naissance chez le sexe féminin. En effet, le phénomène du vieillissement de notre population est lié à la progression de l'espérance de vie après 60 ans, on a gagné plus de 16 ans de vie en plus. Les femmes ont une espérance de vie à la naissance de 76 ans et les hommes 74 ans Délitement de la solidarité familiale Mais cet allongement de la durée de vie n'est pas réparti d'une manière uniforme dans le corps social, et n'est surtout pas synonyme de joie de vivre, de calme, de sérénité. Cet allongement de vie profite beaucoup plus à ceux qui ont les moyens financiers, quant aux personnes âgées sans soutiens, ni familles ou ceux qui sont abandonnés dans la rue. C'est la confrontation aux dures lois d'une réalité souvent dangereuse, voire même mortelle qui les attend, et la pandémie du Covid est là pour nous rappeler des réalités souvent amères. Des maladies liées au troisième âge Si le fait de vivre plus longtemps sous d'autres cieux est en soi un élément positif, il n'en demeure pas moins vrai aussi que cela peut aussi poser des problèmes. Car il faut avoir présent à l'esprit que les personnes âgées se caractérisent par leur vulnérabilité du fait de leur vieillissement et des maladies liées au troisième âge. Il s'agit de maladies lourdes, de longue durée, handicapantes, qui nécessitent pour leur prise en charge des structures adaptées, un personnel qualifié, formé à ce type de situation, et puis et surtout ces maladies sont onéreuses. Parmi ces maladies, il y a lieu de citer le diabète, les maladies de l'appareil circulatoire, les maladies ostéo-articulaires (rhumatisme et arthrose) et les affections ophtalmologiques. En plus de ces maladies reconnues comme celles du troisième âge, nous signalons des cas de dépression nerveuse. Il existe aussi des handicapés, certains cas de troubles psychiques... Les malades mentaux ne sont acceptés que dans le centre social de Tit Mellil. Ce centre abrite, pour presque la majorité, des personnes âgées abandonnées et représentent plusieurs cas de handicapés et de malades psychiques ... On trouve toutes sortes de pathologies, à coté de personnes saines, mais affaiblies et donc vulnérables. Le personnel dans ces structures n'a pas une formatons adéquate, ni une qualification pour pouvoir prendre en charge ces personnes âgées. Bref, c'est du replâtrage. Il faut savoir que concernant la prise en charge des personnes âgées en situation de dépendance, nous manquons d'unités de gériatrie qui sont les plus habilitées pour faire face à ces patients. Aujourd'hui, c'est l'hôpital qui fait face aux nombreux problèmes de santé inhérents au vieillissement de notre population. A quand des services de gériatrie ? Les personnes âgées se caractérisent par leur vulnérabilité du fait de leur vieillissement, des maladies accumulées au cours des années et des facteurs psychosociaux ayant des répercussions fonctionnelles. Se pose alors le problème de la prise en charge de ces personnes, en milieu spécialisé, adapté disposant de tous les moyens tant humains, que matériels pour pouvoir accomplir dans d'excellentes conditions la prise en charge des personnes âgées malades en situation de dépendance. Il s'agit pour le ministère de la Santé de procéder à la formation de médecins, d'infirmiers et infirmières spécialisés en gériatrie comme cela existe dans les pays qui ont à cœur la santé et le bien-être de leurs citoyens . Au Maroc, il y a près de de 20 médecins gériatres dont la grande majorité exerce dans le secteur privé. Il est aussi du devoir du ministère de la Santé de construire des services spécialisés dans la prise en charge des citoyens âgés. C'est très bien de construire des établissements hospitaliers, des centre de santé de premier et deuxième niveau, de les équiper. Mais dans une vision humaniste, et une approche d'équité dans l'accès aux soins pour tous, il est logique que le Maroc consacre aussi des moyens et des structures adaptées pour nos séniors. C'est-à-dire des hôpitaux de gériatrie . Les structures d'hébergement gériatriques sont des lieux de vie. Leur mission consiste à accueillir des personnes âgées qui ne peuvent plus rentrer au domicile. Cette situation est le fait de différentes problématiques, dont les conséquences d'une maladie. Ainsi, elles se doivent de proposer une prise en charge adaptée à la perte d'autonomie et de mettre en place un projet de vie individualisé permettant de proposer un accompagnement personnalisé adapté. On devine aisément que tout cela demande des moyens énormes. Il s'agit dès à présent d'élaborer des stratégies susceptibles de répondre efficacement et de manière pérenne à la problématique de la prise en charge des personnes âgées vulnérables en situation de précarité. La participation de différents départements ministériels, est de ce fait indispensable, comme doit aussi l'être celle des ONG, des associations, et partant de l'ensemble de notre population. Car le vieillissement nous concerne tous, et qui sait si demain nous-mêmes... Assurément, la tâche demande une volonté de la part de tous. Le Maroc sous la conduite éclairée de sa Majesté le Roi Mohamed VI a relevé bien des défis, nous saurons aussi être au rendez-vous et redonner le sourire à nos séniors qui ont tant donnés. Et comme tout un chacun le sait, gouverner c'est prévoir.