Nabil EL BOUSAADI Il ressort d'un communiqué conjoint en date du dimanche 28 Janvier 2024, que les autorités militaires, désormais, au pouvoir au Burkina Faso, au Mali et au Niger, « prenant toutes leurs responsabilités devant l'histoire », « répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations », et constatant « avec beaucoup de regret, d'amertume et une grande déception » que l'organisation régionale à laquelle ils appartenaient, depuis 49 ans, « s'est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme », ont décidé, en toute souveraineté, du retrait, sans délai, de leurs pays, de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui, « sous l'influence de puissances étrangères, trahissant ses principes fondateurs, est devenue une menace pour ses états membres et ses populations ». Les trois pays sahéliens précités reprochent d'une part, à cette organisation régionale de ne pas les avoir aidés face au jihadisme qui, en sévissant, dans la région depuis 2012, a fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de millions de personnes et, d'autre part, d'avoir adopté « une posture irrationnelle et inacceptable » en décidant de leur infliger des sanctions après qu'en déplorant les problèmes d'insécurité et de pauvreté auxquels leurs pays devaient faire face, leurs armées aient « décidé de prendre leur destin en main » en s'emparant des commandes du Mali en 2020, du Burkina Faso en 2022 et du Niger en 2023. Mais en récusant ces coups de force à l'issu desquels elle n'est jamais parvenue à se mettre d'accord avec les nouvelles autorités militaires de Ouagadougou, Bamako et Niamey sur les périodes de transition avant la restitution du pouvoir aux civils, la CEDEAO avait pris de lourdes sanctions à leur encontre. Ainsi, après avoir menacé de recourir à la force contre les nouvelles autorités militaires de ces trois pays sahéliens, l'organisation régionale précitée les avait suspendu de ses organes. Or, toutes ces mesures de rétorsion sont restées sans effet puisqu'elles n'ont pas permis le retour des civils aux commandes des Etats précités. Aussi, en dénonçant l'instrumentalisation faite de la CEDEAO par l'ancienne puissance coloniale française, ces 3 pays décidèrent, le 16 Septembre dernier, de former l' «Alliance des Etats du Sahel » (AES) et de signer une charte établissant une alliance défensive qui leur permettrait de fonder une architecture de défense collective et d'assistance mutuelle en cas d'agression. Mais en étant soucieuse de trouver « une solution négociée à l'impasse politique » à laquelle donne lieu le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger qui sont « des membres importants de la Communauté », cette dernière a déclaré qu'elle reste, néanmoins, dans l'attente de « la notification formelle et directe » de cette décision. En agissant ainsi, la CEDEAO ne chercherait-elle qu'à s'accorder un délai supplémentaire avant d'entériner une décision prise à ses dépens ? Attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI