Niger. L'audience de levée d'immunité de Mohamed Bazoum renvoyée au 7 juin    Tunisie. La politique d'intimidation des journalistes se poursuit    Tunisie. Les avocats décrètent une grève générale    Création du Polisario : Le regard critique porté par un jeune sahraoui    PAM : Fatiha Layadi, Younes Maammar, Ali Belhaj et Samir Belfkih au bureau politique    Organisation mondiale des agrumes : le Maroc tient désormais les rênes    Sebta et Mellilia : les travailleurs transfrontaliers percevront des allocations chômage    Aleph et le Groupement des Annonceurs du Maroc Réinventent la Publicité Digitale    Tourisme : les arrivées au Maroc devraient atteindre des sommets en 2024    Exclusif. Son Excellence Kuramitsu Hideaki : "Le Maroc, un partenaire important de la diplomatie japonaise"    Internet. 7,7 millions de guinéens connectés en 2023    Nigeria. La croissance reprend mais timidement    Gabon. Le ministère de l'Intérieur organisera les prochaines élections    Niger. La frontière avec le Bénin reste fermée    Côte d'Ivoire. Laurent Gbagbo inéligible mais candidat pour la présidentielle de 2025    Israël détruit l'aéroport de Gaza construit par le Maroc    Tennis: Le Maroc champion d'Afrique des U14 ans garçons et filles, qualifié pour le Mondial    Tunisie. Le président se révolte contre l'Agence mondiale antidopage    Coupe de la CAF (finale aller) : La Renaissance de Berkane bat le Zamalek    Tennis : La Marocaine Aya El Aouni gagnante du W15 à Antalya    Yassine Bounou champion d'Arabie Saoudite avec Al Hilal    French police halt pro-Polisario rally over clash fears    Morocco Foreign Minister holds phone call with French counterpart    Italie : 17 marocains tentent de fuir à l'aéroport de Rome    Visa : le Portugal se tourne vers BLS    Les températures attendues ce lundi 13 mai 2024    Le temps qu'il fera ce lundi 13 mai 2024    SIEL 2024 : La SNRT révèle les rôles historiques et enjeux futurs de ses chaînes amazighes    FICAK 2024: Regards croisés sur le cinéma et l'esthétique en Afrique    SIEL 2024: Hommage au Sénégalais Souleymane Bachir Diagne, figure emblématique de la philosophie en Afrique    «Marrakech fait son cirque» se tient du 22 au 25 mai 2024    Le FICAM célèbre l'excellence de l'animation avec un programme captivant    Cours des devises du lundi 13 mai 2024    Russie : Le ministre de la Défense limogé    PSG : Mbappé quitte le Parc dans le froid et l'indifférence !    Feux de forêt dans l'ouest du Canada: des milliers de personnes évacuées    Premier League : Vainqueur de Manchester United, Arsenal toujours dans la course au titre !    Mondial féminin U17: Maroc-Zambie, probable duel du dernier tour !    Soudan du Sud: 1,33 million de réfugiés rentrés chez eux en six ans    Les géants bancaires mondiaux continuent de soutenir les énergies fossiles    Brahim Benjelloun-Touimi éclaire les perspectives de l'Initiative Atlantique à travers le prisme du Partenariat Public-Privé    « Déserts » de Faouzi Bensaïdi : La flagrance du calvaire infligé par le capitalisme    Jazz au Chellah : Un mariage musical réussi entre le Maroc et l'Union européenne    À la veille de l'exercice African Lion, les FAR participent aux manœuvres "Eager Lion" en Jordanie    CDM 2030 : L'Alliance ferroviaire ibérique prévoit un service direct Lisbonne-Madrid en 2025    Tunisie: retour de près de 2500 migrants subsahariens dans leurs pays depuis le début de l'année    Khouribga : lever de rideau sur le 24e Festival international du cinéma africain    Prévisions météorologiques pour le dimanche 12 mai 2024    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Comment faire du blé au Maroc
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 21 - 07 - 2004

La compensation du blé au Maroc coûte aux caisses de l'État la bagatelle de 2 milliards de Dhs par an. Une manne qui profite plus aux minotiers qu'à la population-cible que sont le consommateur et le producteur local. Cette subvention n'a pas lieu d'être puisque la filière céréalière a été libéralisée depuis plusieurs années. Cet effort financier colossal permet aux agriculteurs de faire face aux importations massives et bon marché du blé étranger.
La politique marocaine du blé se résume en un chiffre : 180 milliards de centimes. Une débauche financière nécessaire chaque année pour maintenir le quintal de blé tendre au prix de référence de 250 dirhams.
Chaque année, le ministère de l'Agriculture, celui de l'Economie, des Finances, l'ONICL, les producteurs et les minotiers, doivent, au terme d'un véritable exercice d'équilibriste, arriver à ce compromis social.
L'argent dépensé est destiné à aider les couches défavorisées. «En fait, souligne un négociant en céréales, la subvention profite à tout le monde, sauf à ces couches sociales, puisqu'on n'est jamais arrivé à écouler le kilogramme de farine nationale de blé tendre (la fameuse FNBT) à son prix théorique de 2 dirhams, mais souvent à 2,8 dhs voire 3 dirhams ». Où va donc l'argent de la subvention ?
Dans les mains des minotiers à raison de 140 dirhams par quintal. Peut-être ailleurs aussi. Le blé s'égare parfois en chemin. Cela a été vérifié en 1990, suite à la découverte d'un détournement par les responsables de l'Association professionnelle des minoteries d'un montant de 19,7 milliards de dirhams, versés sur le compte de l'APM par le biais de l'ONICL.
L'affaire devenue «le scandale des minotiers » n'a pas encore révélé tous ses secrets. Mais c'est l'électrochoc qui a rendu nécessaire la réforme de toute la filière. Tous les changements opérés jusque-là se heurtent naturellement sur l'enjeu financier.
Il était question au printemps dernier de revoir toute la machine de la subvention. A l'époque, ALM s'était fait l'écho des réunions tenues entre les différentes parties évoquées ci-dessus au sujet du redéploiement de la subvention vers le producteur. Il était question de soutenir directement le blé, le producteur et non la farine. Etait également attendue, la baisse la subvention de moitié à l'horizon 2006. Aujourd'hui, c'est le statu quo.
On ne parle plus de la réforme qui était prévue entrer en vigueur le premier juillet. Mais en revanche, la même politique de protection de la production nationale a été reconduite. Dès le premier juin en effet, les droits de douane ont été revus à la hausse avec, pour la première tranche, un taux de 100%. De même, l'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) a émis son communiqué traditionnel, précédant la période de réception des quantités offertes jusqu'au 1er septembre avec des primes de magasinage de 2 dirhams par quintal et par quinzaine et une marge de rétrocession de 8,8 dirhams par quintal. L'appel d'offres continuant à régir les contingents tarifaires.
Mais, même au taux maximal de 100%, la tonne de blé en provenance de l'étranger arrive au Maroc avec un prix de 260 dirhams, assez voisin en fin de compte au quintal. En France, le prix moyen du blé tendre se négociait courant juillet à 15 dollars le quintal, nettement en deçà des coûts de production au Maroc.
Le dossier du blé marocain pèse lourd sur les finances de l'Etat, mais, comme on le murmure dans les parages du ministère de l'Agriculture, «il s'agit d'un problème social ». On ne peut du jour au lendemain mettre fin à l'activité d'un million d'exploitants. Pourtant, la logique actuelle est mise à mal. L ‘accord de libre-échange conclu avec les USA est implicite sur la question de l'Agriculture appelée à se mettre à niveau. Le secteur du blé dispose de 15 à 20 ans pour se mettre au pas. Au-delà, il devra affronter les cargaisons américaines qui seront introduites au Maroc avec un droit à taux nul.
D'où d'ailleurs, la multiplication au printemps dernier des réunions sur la réforme de la subvention. «En subventionnant le blé, déclare un cadre du ministère de l'Agriculture, on encourage la production de plusieurs catégories de farines, de manière à toucher toutes les couches de la population ». Sauf que, en guise de réforme aujourd'hui, c'est un silence radio qui s'est imposé. Les fortes tendances baissières du marché international ne profiteront donc à personne.
Le Maroc disposant à l'intérieur de blé en quantité suffisante pour le consommateur mais pas par les moulins qui, après une phase d'investissements motivée par l'attractivité (de la subvention ?) vit aujourd'hui un retour de bâton sévère, ne fonctionnant qu'à 50% de son potentiel. En 2002, environ 20 moulins avaient mis la clé sous le paillasson et une dizaine étaient en redressement judiciaire. La réforme prévue sera donc d'autant plus douloureuse qu'elle risque de priver au secteur des minotiers (très social aussi), les moyens d'écraser leur blé. Dans tous les cas, minotiers et agriculteurs ne devront à la longue compter que sur eux-mêmes pour survivre. A moins que la réforme n'emprunte d'autres chemins.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.