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Un grand du cinéma marocain n'est plus
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 19 - 09 - 2016

En hommage à Abdellah Mesbahi, ALM publie son interview parue en juillet 2015
ALM : Dites-nous d'abord comment est venue l'idée de réaliser le film «Afghanistan, pourquoi ?»…
Abdellah Mesbahi : Cette idée est considérée comme étant la première idée courageuse dans le cinéma marocain. Mon film a été le premier film réalisé sur l'Afghanistan. Et personnellement, je suivais l'histoire de ce pays qui venait d'être occupé par les forces russes et qui combattait bec et ongles pour sa libération.
A l'époque j'avais également prédit que l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) disparaîtrait systématiquement après qu'elle eut retiré ses troupes d'Afghanistan. Les gens m'ont pointé du doigt en me traitant de fou. Qui pouvait croire à la dissolution d'une grande force comme celle des Soviétiques. Personne. Mais moi j'y croyais. Car je considère que le cinéaste est à la fois écrivain, politique et visionnaire.
Un petit synopsis du film ?
Il s'agit d'un professeur exerçant dans l'université de Kaboul et qui était contre l'occupation d'Afghanistan. Il condamnait haut et fort cette colonisation vile, la considérant comme une atteinte à la liberté d'un peuple pacifiste. Son acharnement lui a valu la grogne des occupants. Ces derniers n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère. Ils ont usé de toute leur ingéniosité machiavélique pour tyranniser un peuple croyant, notamment en brûlant le Coran. Devant cette indignation, le professeur rassemble les citoyens en leur demandant de quitter le pays. Ils prennent le chemin pour Peshawar qui est la ville frontalière avec le Pakistan. Cette petite minorité a fini par devenir une grande force rassemblant 3 millions de personnes qui vont s'unir pour chasser les occupants.
Néanmoins, les guerres c'est comme les clous, une en chasse l'autre et c'en est une nouvelle qui éclate mettant aux prises cette fois les Afghans entre eux-mêmes. Chacun voulait s'approprier le pouvoir. Et c'est ce conflit interne qui a facilité par la suite la pénétration des forces américaines.
Ce film représente la production la plus chère du cinéma marocain. Et si vous nous dévoiliez quelques chiffres?
C'est une production qui a nécessité une enveloppe de 25 millions de dollars, financée par les Saoudiens qui étaient eux aussi contre l'occupation des forces soviétiques.
Une si grosse production devrait normalement ravir tout le monde. Pourquoi votre film a-t-il subi la censure ?
Quand j'ai présenté ce film au congrès des Etats musulmans qui était présidé à l'époque par le Tunisien Chadli Qlibi, je n'ai pas reçu l'appui escompté et j'ai dû retirer mon film de chez Kacem Zairi, l'ajoint du président. En revérifiant mon dossier, je suis tombé sur une lettre qui a malencontreusement atterri dedans et dont le contenu m'a laissé sans voix. Cette lettre, écrite par le président, était destinée à son adjoint. Je vous résume le contenu. «J'ai lu le scénario de Abdellah Mesbahi mais nous ne pourrons pas donner notre accord pour ce film car nous sommes appelés à collaborer avec l'URSS». Je n'en revenais pas. Cette lettre je la garde précieusement chez moi et je peux vous en fournir une copie.
C'est donc pour cette raison-là que le film a été censuré pour un peu plus de 32 ans?
Il y a toujours une prise de risque à faire un film historique, le réalisateur s'exposant aux critiques dès qu'il décide de relater les faits. S'inspirer des récits religieux ou des faits historiques est donc encore plus osé. Et il y a eu d'autres raisons qui ont avorté mon film.
Certaines personnes ont eu du mal à croire que dans les années 80 un Marocain puisse rentrer avec la somme de 25 millions de dollars. Elles ont cherché à me soudoyer par différents moyens pour que je me livre à leur projet et abandonner le mien. Mais moi j'ai voulu jouer la carte du peuple au lieu de jouer celle du business.
J'ai tenu à exécuter mon projet et à tourner le film. Je me suis dirigé vers Tétouan où j'ai recruté beaucoup de gens là-bas avec des salaires qu'ils n'avaient jamais touchés auparavant, au point que cela avait frustré le gouverneur de la ville à l'époque, qui m'a téléphoné pour me dire qu'à cause du salaire que je versais aux figurants et aux autres personnes qui travaillaient avec moi (500 DH par jour) une oisiveté ou une colère risquaient de se produire à la fin du tournage. Il m'arrivait de faire participer jusqu'à 1.000 figurants par scène. Je vous laisse multiplier ce nombre par le salaire quotidien pour savoir combien cela coûtait, tout en sachant que le tournage a duré une belle année entière.
Au-delà du scénario qui me tenait à cœur, l'envie d'aider mes frères marocains en leur apportant du boulot bien payé, même temporaire, m'animait.
D'ailleurs, les Saoudiens m'avaient suggéré au départ de tourner ce film au Pakistan en me garantissant de me fournir tout ce dont j'aurais besoin mais j'ai refusé, préférant que mes concitoyens en profitent.
Cela comme je vous l'ai dit m'a attiré la haine de plusieurs personnes qui sont même allées se plaindre auprès de feu SM Hassan II en lui disant que Abdellah Mesbahi était un escroc qui a arnaqué les Saoudiens. On m'avait traité de tous les noms et Feu Hassan II, en grand justicier, leur avait répondu que les Saoudiens n'avaient qu'à recourir à la justice. Les choses ont traîné par la suite. Oui, j'ai récupéré mon film, mais j'ai perdu plus de 20 ans.
En interdisant le film, quelle est la raison qu'on vous a donnée ?
Il y a un conflit autour de ce film, on le garde jusqu'au moment où nous jugerons utile de le diffuser. Voilà la réponse qu'on me donnait. Il ne faut surtout pas omettre l'impact de la Russie qui ne voulait pas que ce film voie le jour. La Russie avait même invité le directeur du CCM à l'époque, Kouider Bennani, pour assister à un grand festival russe à Tachkent et lui demander de geler la production de ce film.
Vous avez tourné ce film en 1983 avec de grandes stars internationales et cela a nécessité un budget faramineux. Est-ce que vous ne serez pas quelque part frappé par la folie des grandeurs ?
Je dirais plutôt que je suis frappé et obsédé par le fait de donner le meilleur au public marocain. Ce public raffiné est toujours à l'affût du meilleur et il le mérite bien. Et des sept stars internationales qui y ont participé, Giuliano Gemma, Chuck Connors, Marcel Bozzuffi, Abdallah Ghaït, Souad Hosni, Amidou, seule Irène Papas est encore en vie.
Aujourd'hui, où en êtes-vous dans votre combat ?
Après acharnement, j'ai remporté mon combat. Je réalise enfin un grand rêve, celui de faire renaître «Afghanistan, pourquoi?» de ses cendres mais sous d'autres formes. Vu le temps écoulé, le film est dans l'obligation de s'adapter au nouveau contexte historique et politique. Le film a donc subi logiquement des opérations de lifting. Les temps ont changé et dans la nouvelle version du film je ne vais évidemment plus parler de l'occupation russe et des forces soviétiques qui n'existent plus aujourd'hui.
Allez-vous garder le même titre pour la nouvelle version ?
Vu le contexte et les événements qui se sont produits durant ces 20 dernières années, j'ai décidé de modifier le titre. Ainsi, le film s'intitulera «Afghanistan, Dieu et ses ennemis». Je garde les anciennes scènes et j'en rajoute de nouvelles.
Le film est donc fin prêt pour la projection ?
Effectivement. Je viens de terminer le tournage des scènes que j'ai rajoutées au film et il sortira dans les prochains mois dans les salles obscures. Quelques dernières retouches pour parfaire mon film obligent.
Aujourd'hui quelle est la nature de la relation que vous entretenez avec le CCM ?
Aujourd'hui le CCM est dirigé par Sarim Fassi Fihri qui est une magnifique personne doublée d'un sens d'ouverture unique. Nous avons discuté sur un très grand projet ensemble qui va voir la naissance d'une nouvelle création dans le monde du cinéma. Je souhaite que le cinéma devienne vecteur de message et apporte des enseignements. Je veux que le spectateur, en regardant un film, ne regrette pas le temps qu'il a passé allongé sur son canapé ou assis sur son sofa. Je veux que le spectateur se sente à la fin de chaque film comme s'il sortait d'une thérapie.


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