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Le regard du professeur (11)
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 22 - 11 - 2002

«Un siècle dans les arcanes de la politique» est le livre du professeur Abdelhadi Boutaleb, ancien conseiller royal. L'auteur revient, dans cet épisode, sur le sommet arabe de Rabat (1974) et sur les dividendes politiques de la Marche Verte.
Hatim Betioui :Le Sommet arabe s'est tenu à Rabat en 1974. Au cours de cette Conférence, l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) a été reconnue comme le représentant légitime et unique du peule palestinien. Que vous rappelle ce Sommet?
Abdelhadi Boutaleb : Lorsque le Sommet s'est réuni, je n'étais pas au gouvernement. C'étais juste avant mon départ pour Washington comme ambassadeur. Néanmoins, je savais que c'était une période de coopération entre le Maroc et son voisin, et c'était l'Algérie qui cherchait à se rapprocher du Maroc. C'était avant la Marche verte.
Rapprochement sur quelle base ?
A cette époque, l'Algérie ne croyait plus à l'utilité de poursuivre l'expérience du Maghreb arabe. Elle voulait mettre de son côté le plus grand pays du maghzen arabe, c'est-à-dire le Maroc, surtout depuis que la question des frontières (dont j'ai déjà parlé) a été réglée, à son avantage. On peut assimiler cette période à une lune de miel entre le Président Boumédiene et le Roi Hassan II. En effet, depuis que la question des frontières a été réglée, les relations entre les deux chefs d'Etat n'ont cessé de se renforcer et les consultations de se multiplier par contacts directs, par téléphone ou par l'intermédiaire d'envoyés spéciaux. L'Algérie avait misé sur le Maroc pour former un Maghreb à deux éléments, en attendant le Maghreb à cinq.
Le Sommet s'est tenu à un moment où les palestiniens demandaient au Roi Hassan II d'intervenir auprès du Roi Hussein pour qu'il se retire de la Cisjordanie. Le Roi Hussein avait un point de vue particulier. Pour lui, la résolution 242 du Conseil de sécurité parle du retrait d'Israël des territoires qu'il a occupés en 1967, y compris la Cisjordanie et Jérusalem. Elle concerne, dans son esprit, les territoires appartenant à des Etats membres des nations-Unies :Egypte, Jordanie et Syrie.
Les territoires arabes occupés étaient sous son autorité au moment du déclenchement de la guerre en 1967. Le Roi Hussein ne voulait pas que la question soit évoquée au Sommet. Il tenait à rester l'interlocuteur d'Israël de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Il ne s'est pas engagé officiellement à restituer le territoire aux Palestiniens, mais il se montrait tout à fait disposé à examiner la question une fois qu'il l'aurait lui-même réglée. Car, expliquait-il, c'est à lui que le territoire a été confisquée, et c'est donc à lui qu'il devait retourner, avant de faire l'objet d'un accord avec les Palestiniens.
Ainsi, le Roi Hussein avait ce point de vue que l'on pouvait comprendre : les négociations pouvaient avoir lieu si elles devaient porter sur la récupération de territoires d'un pays et non de territoires d'un peuple qui ne les gouvernait pas avant la guerre de 1967 du fait qu'ils étaient sous l'autorité de la Jordanie.
En effet, Israël a , à maintes reprises, laissé entendre qu'il est en droit de refuser de restituer tous ces territoires à la Palestine, dans la mesure où il les a occupés quand ils étaient sous autorités jordanienne, la résolution 242 ne s'appliquant pas aux territoires.
Cependant, le Roi Hassan II, avec son profond attachement à la cause palestinienne et sa foi en sa justesse, en la libération du peuple palestinien et en son droit d'établir un Etat indépendant où il serait maître de son destin, a épousé le point de vue de l'OLP. Il a alors usé de tout son poids pour amener le Roi Hussein à modifier sa position. C'est donc le Maroc qui a préparé le projet de résolution désignant l'OLP comme le représentant unique et légitime du peuple palestinien. La majorité des pays arabes appuyaient l'OLP parce qu'elle défendait une cause juste. De plus, l'OLP inspirait quelques appréhensions, sa popularité étant telle que certains pays craignaient pour leur pouvoir.
Le Roi Hussein voyait bien que l'ambiance qui prévalait n'était pas favorable à sa thèse. Ainsi, et pour répondre à l'appel de son frère le Roi Hassan II, et aussi après consultations, il a accepté la résolution reconnaissant l'Organisation de Libération de la Palestine comme le représentant unique et légitime du peuple palestinien.
En agissant ainsi, le Roi Hussein a ,comme à son habitude, fait preuve de générosité et de courage. Je voudrais ajouter que, avant qye ce sujet ne soit évoqué au sommet, il y avait une certaine coordination entre le Roi Hassan II et le Président Boumediene, qui tenait à ce que ce Sommet aboutisse à une position claire au sujet des territoires occupés.
Dans ce même contexte, Muhammad Hassanein Haykal a déclaré avoir entendu le Président Anouar Sadate et Henry Kissinger exprimer leur hostilité au projet. Par conséquent, le projet de résolution du Roi Hassan II était une énigme d'autant plus incompréhensible, à l'époque, que ceux qui s'y opposaient étaient ceux-là mêmes avec qui le Roi Hassan II aurait dû se concerter. Qu'en est-il donc ?
Ce que je puis dire à ce propos, c'est qu'au moment où le sujet a été évoqué, l'Egypte ne s'y est pas opposée. Quant au récit de M. Haykal, on n'en voyait pas la trace dans la Conférence. Les propos de l'écrivain égyptien s'appliquaient peut-être à une politique égyptienne antérieure au Sommet. La position de l'Egypte a dû évoluer au cours de la Conférence.
Comment expliquez-vous donc l'ardeur mise par le roi Hassan II à défendre ce projet de résolution, au point qu'il a menacé de quitter la salle de conférence?
Le Roi Hassan II vibrait pour la cause palestinienne. Il a tendu une main sincère à l'OLP et l'a vigoureusement aidée. Il savait que les territoires palestiniens avaient été annexés au Royaume jordanien le 24 avril 1950 sous le règne du Roi Abdullah, le fondateur du Royaume. Il voulait corriger la situation et remettre les pendules de l'histoire à l'heure. On ne peut pas affirmer que le Roi Hassan II a menacé de quitter la salle de conférence alors qu'il était le Président de Sommet et son hôte. Ce n'est pas une attitude digne d'un Président de Sommet, surtout quand cela se passe dans son pays.
Et Hassan II veillait toujours à la réussite des Sommets qui se tiennent au Maroc. Il en dirigeait les séances avec sagesse et pondération et s'adressait à l'assistance dans un style cordial et amical qui lui était propre.
Au lendemain de la Marche verte, le Roi Hassan II a semblé être au faîte de son pouvoir. Dans quelle mesure la marche verte y a-t-elle contribué ?
Il est certain que l'image du Roi a gagné en éclat après la marche verte. Les peuples portent aux nues les dirigeants qui réussissent et vouent aux gémonies les perdants.
Il n'y a pas de doute, le succès de la Marche verte a été un succès personnel pour le Roi, autant qu'il l'a été pour le Maroc. Le charisme du Souverain en est sorti rehaussé. Depuis lors, il est désigné comme le Roi-libérateur du Sahara, ou le Roi-libérateur. Le Roi Hassan II savait pertinemment que s'il échouait dans la Marche verte ou si son action était jugé irréfléchie, il n'aurait d'autre choix que d'abdiquer. Et cela, il nous l'avait répété plusieurs fois. Mais les lauriers de la victoire ont afflué de toutes parts et il a réussi à résoudre le problème conformément à ses plans et de la manière qu'il voulait. Grâce à cela, il a suscité admiration et considération à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Les Marocains aimaient déjà la monarchie, mais leur affection et leur attachement se sont renforcés après la libération du Sahara. Le Roi Hassan II avait, dit-on, consulté d'éminents nationalistes au sujet de la marche verte avant de l'annoncer. Ils ont conseillé au Souverain de ne pas s'aventurer et ont même prédit l'échec du projet. Ceux qui doutaient de l'aptitude du monarque à réaliser ce miracle ont eux-mêmes reconnu, une fois les objectifs atteints, que la Marche n'a pas seulement mené à la restitution du Sahara, mais qu'elle a aussi ouvert une page glorieuse dans l'histoire du Maroc. En effet, dans toute l'histoire de la décolonisation, jamais un territoire n'a été libéré avec autant de brio et de célérité.
Tout cela a, par ailleurs, rassuré le Roi quant à l'attachement de son peuple à a personne et à l'institution monarchique. Le peuple, unanime, était plus que jamais, conscient de la mission essentielle et historique de cette institution. Cependant, la Marche n'était pas une fin en soi. Le Roi voulait, pour le Sahara, un avenir prospère et radieux. C'est pourquoi le Maroc a dépensé sans compter sur son Sahara. Sur des terres, jadis arides et austères, ont poussé des villes où les conditions de vie et les équipements de base n'ont désormais rien à envie à d'autres provinces du Royaume. Le Roi a tenu à créer une réalité nouvelle, porteuse de bonheur pour les Sahraouis, et il y est parvenu.
Vous venez de confirmer la déclaration attribuée au Roi selon laquelle il quitterait le pouvoir en cas d'échec de la Marche. Est-il déjà arrivé au Roi de songer à abandonner le pouvoir en d'autres circonstances inconnues de public ?
Je n'en sais rien, mais je ne le pense pas ! Quand le Roi a parlé d'abandonner le pouvoir en cas d'échec de la Marche, ce n'est pas qu'il y songeait vraiment, mais peut-être avait-il en tête l'adage qui dit que «les perdants ne méritent pas de gouverner». Quand il a réussi,, il était au comble de la quiétude et du bonheur.


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