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Le regard du professeur (14)
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 27 - 11 - 2002

«Un demi-siècle dans les arcanes de la politique», est le livre du professeur et ancien conseiller royal, Abdelhadi Boutaleb. L'auteur nous raconte, dans cet épisode, le coup d'Etat de Kadhafi, qu'il a vecu à Tripoli.
Hatim Betioui : Au cours de la même année, et alors que vous étiez ministre d'Etat, le Roi vous a envoyé en mission auprès du Roi Idriss Senoussi de Libye. Votre présence à Tripoli a coïncidé avec un coup d'Etat dirigé par le colonel Muammar Kadhafi. Quelle était la nature de votre mission ?
Abdelhadi Boutaleb : Je suis allé en Libye dans le cadre de la préparation du Sommet islamique qui devait se tenir au Maroc. Initialement, il était question que le Sommet se réunisse en Arabie Saoudite, mais le Roi Fayçal Ibn Abdulaziz a préféré qu'il se tienne au Maroc et qu'il soit présidé par le Roi Hassan II. J'ai donc porté des messages du Roi aux chefs d'Etat arabes et islamiques, les invitant à venir à Rabat. Je devais terminer ma mission en moins de deux semaines. Le Royaume de libye, dirigé par le Roi Idriss Senoussi, était prévu dans ma tournée. Les lettres adressées aux Rois et aux Présidents étaient cordiales et n'évoquaient pas de sujets politiques.
Elles disaient seulement : « Nous avons chargé notre ministre de vous entretenir au sujet du Sommet. » Le Roi Hassan II estimait, quand il s'agissait d'organiser un Sommet au Maroc, que c'était à lui d'inviter les chefs d'Etat, non par courrier ou par l'intermédiaire du Secrétariat Général de la Ligue arabe, mais par l'envoi d'émissaires spéciaux. Pour lui, en effet, il importait d'honorer l'invité et de lui montrer les égards dignes de son rang. D'ailleurs, cela fait partie des traditions marocaines. Il n'est pas convenable qu'un chef d'Etat invite son homologue par téléphone ou par courrier postal, ou même par l'intermédiaire des ambassadeurs accrédités dans les capitales. Quant à l'ordre du jour, c'est à l'envoyé, porteur du message, de faire appel à son talent pour en parler, et au destinataire d'approfondir éventuellement une des questions soulevées.
Quelle ambiance avez-vous trouvé en arrivant en Libye ?
A mon arrivée à Tripoli, on m'a informé que le Roi Idriss Senoussi se trouvait hors du pays et que le prince héritier Hassan Redha le remplaçait. C'est donc à ce dernier que j'ai remis le message le jour même.
Il m'a dit que le Roi Idriss répondait à l'invitation de son frère le Roi du Maroc en assistant au Sommet, auquel il a souhaité plein succès`.
Je devais rester à Tripoli jusqu'au lendemain avant de prendre l'avion pour Casablanca. Comme vous le savez, Tripoli n'est pas l'unique capitale de la Libye. Le pays a au moins deux capitales : Tripoli et Benghazi. Cependant, le ministre des Affaires étrangères, sachant que j'arrivais à Tripoli, porteur d'un message pour le Roi Idriss, y est revenu pour m'attendre à l'aéroport.
Comme j'allais passer la nuit à Tripoli et que, en hôte du gouvernement libyen j'allais être hébergé à l'hôtel « Al-Waddane », le ministre des Affaires étrangères m'a invité à un dîner organisé en mon honneur dans le même hôtel et auquel ont assisté d'autres ministres. Il m'a annoncé que le lendemain matin il m'accompagnerait à l'aéroport.
Après le dîner, j'ai pris congé des cinq ministres présents et me suis rendu dans ma chambre. Je m'étais endormi depuis peu lorsque– comme cela m'était arrivé en 1962 en Syrie – je me suis trouvé pour la seconde fois témoin d'un coup d'Etat militaire arabe.
Le gardien de nuit de l'hôtel est monté me voir pour me remettre un poste de radio en me disant : « Ecoutez, il y a de la musique militaire qui passe sans cesse ». Il n'a rien dit d'autre.
Effectivement, on passait une musique militaire, ou plutôt une « marche militaire », une succession d'airs musicaux. Il y eut ensuite un back-out total, avec arrêt de la radiodiffusion. Le matin, je me suis levé tôt et ai demandé au gardien de me préparer le petit déjeuner, mais il m'a dit qu'il ne pouvait pas parce que les employés de l'hôtel n'étaient pas encore arrivés. Il n'y avait dans l'établissement que peu de clients. Je suis donc resté dans ma chambre d'où j'entendais des coups de feu sporadiques, mais dont je ne parvenais pas à déterminer l'origine.
Qu'avez-vous fait alors ?
J'ai passé toute la journée à l'hôtel. Je regardais par la fenêtre que j'avais laissée entr'ouverte et qui donnait sur le boulevard désert. Ces coups de feu n'ont pas ébranlé Tripoli. Il me semblait qu'il n'y avait pas de résistance. Peut-être étaient-ce des tirs pour couvrir la progression de l'armée ou de la police. Je me suis donc retrouvé seul toute la journée, avec personne à qui parler, incapable de quitter la chambre, et encore moins l'hôtel. J'ai passé tout ce temps comme frappé d'insomnie dans une nuit noire. La radio libyenne ne donnait aucune information sur ce qui se passait ; et je ne disposais d'aucun élément ou fragment d'information pour m'aider à imaginer ce qui se passait. Vers 16 heures, j'ai vu, à travers la fenêtre que j'avais fermée à moitié par crainte de recevoir une balle perdue, une voiture arborant le drapeau marocain. Quelques instants plus tard, Hassan Masmoudi, le chargé d'affaires à l'ambassade marocaine à Tripoli, a frappé à ma porte. L'ambassadeur Abdellatif Laraki était en congé. Masmoudi a apporté avec lui des sandwiches et de l'eau potable. Il m'a dit : « Je lutte depuis ce matin pour arriver jusqu'à vous. Le pays est sous l'état d'urgence et sous couvre-feu. Quiconque sort dans la rue risque d'être abattu. J'ai pris sur moi de ne pas laisser un ministre du gouvernement de S.M. le Roi dans l'état où, j'imagine, vous êtes. J'ai donc pris le risque. Après avoir placé le fanion marocain sur la voiture, je me suis rendu, en Traversant de multiples barrages, au centre du haut commandement de l'armée libyenne. Puis il a ajouté : «l'armée et la police dressaient les barrières. Je leur disais que je me rendais au haut commandement pour lui communiquer une information importante. Là, j'ai expliqué a deux membres du commandement qu'un ministre marocain était en visite en libye, leur précisant que vous êtes arrivé à Tripoli hier et que vous avez remis un message de S.M le Roi Hassan II au prince Hassan Redha.
Masmoudi demandé aux membres du commandement militaire libyen de permettre à un avion spécial venant du Maroc de me transporter hors Libye. Ils ont d'abord refusé sous prétexte que les aéroports étaient fermés et qu'ils le resteraient pendant une durée indéterminée. Cependant, après s'être consultés, ils ont dit que je pouvais quitter la Libye par la route, le lendemain à 4 heures du matin, en direction de la frontière tunisienne et que je serais escorté par une voiture de sécurité du commandement militaire.
Le soir de ce même jour, Masoudi m'a dit; «L'auteur du coup d'Etat est un colonel nommé Saâd Eddine Bouchwireb ». J'ai appris par la suite que le choix du colonel Bouchwireb était inspiré par la révolution égyptienne de juillet 1952, qui a d'abord mis en avant le général Mohamed Naguib à la place du colonel Gamal Abdennaser, dont le nom n'a été annoncé comme guide de la révolution que lorsque les événements se sont tassés. Effectivement, le nom de Bouchwireb a été mentionné pendant quelques jours, puis on l'a oublié dés qu'on a annoncé le nom du lieutenant Muammar Kadhafi comme leader de la révolution. On a raconté par la suite que le colonel Bouchwireb était à l'étranger et que c'est là qu'il a appris qu'il est l'auteur du coup d'Etat. Pour certains, il a été nommé ambassadeur en Egypte pour rester sous la surveillance des autorités égyptiennes.
Pour d'autres, il s'était réfugié en Egypte, avec le titre d'ambassadeur. D'ailleurs, sa mission d'ambassadeur en Egypte n'a pas duré longtemps, puis on en a plus entendu parler, et je ne sais pas aujourd'hui s'il est encore vivant.
Au terme de cette nuit, j'ai quitté Tripoli à bord d'une voiture du haut commandement, j'étais accompagné par deux jeunes officiers avec lesquels je n'ai pas eu la moindre discussion tout au long de la route. Arrivé à la frontière tunisienne, avant Djerba, j'ai trouvé mon ami Thami Ouazzani, l'ambassadeur du Maroc en Tunisie, qui m'attendait. J'y ai aussi trouvé un envoyé spécial du Président tunisien, Habib Bourguiba, venu pour m'accueillir et me demander de ne pas repartir immédiatement pour le Maroc, car le président m'attendait à Tunis.
IL voulait que je lui raconte le déroulement du coup d'Etat, sujet qui l'intéressait au plus haut point.


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