Près de 80% des TPME affectées et plus de 400.000 emplois perdus en 2020 «En 2020, la crise a entraîné la perte de 432.000 emplois selon le rapport du Haut-Commissariat au Plan sur l'emploi (janvier 2021), et a provoqué une hausse de la précarité de l'emploi, en particulier chez les jeunes, les femmes et les populations les plus vulnérables». Le diagnostic de la Banque africaine de développement et l'Organisation internationale du travail est sans appel. Les deux institutions internationales viennent, en effet, de dresser un bilan de la crise et tracent les perspectives d'une relance inclusive. Les chiffres sont édifiants. Près de 80% des TPME affectées et plus de 400.000 emplois ont été perdus en 2020. Dans une note d'orientation politique intitulée «Impact de la crise Covid-19 sur l'emploi et les TPME au Maroc», publiée le 31 mai 2021, la Banque africaine de développement et l'Organisation internationale du travail (OIT) livrent leur diagnostic. Et les résultats sont édifiants. «En 2020, la crise a entraîné la perte de 432.000 emplois selon le rapport du Haut-Commissariat au Plan sur l'emploi (janvier 2021), et a provoqué une hausse de la précarité de l'emploi, en particulier chez les jeunes, les femmes et les populations les plus vulnérables. On note également une baisse de 26% du volume horaire travaillé par semaine, équivalant à près de deux millions d'emplois», apprend-on auprès des auteurs de la note. «Les TPME, qui concentrent 73% des emplois, ont été particulièrement affectées par la crise. Près de 80% d'entre elles ont accusé une baisse de plus de 15% de leur chiffre d'affaires, conséquence du premier confinement. L'enquête réalisée a ainsi révélé un besoin d'accompagnement technique exprimé par plus de 77 % de ces entreprises», poursuit la même source qui précise cependant que les mesures publiques ont substantiellement amorti le choc de la crise. «Les résultats du modèle de simulation utilisé pour cette étude démontrent l'effet amortisseur du soutien public. Les mesures d'indemnisation des travailleurs prises par le gouvernement et les facilités accordées aux TPME ont contribué à préserver 71% des emplois menacés à la suite du premier confinement. Ces efforts ont aussi permis d'éviter une décélération plus importante de la croissance du PIB, avec une baisse supplémentaire d'environ six points de pourcentage», précisent les responsables. Informel et relance Par ailleurs, les auteurs de la note expliquent qu'avant la crise, les TPME marocaines faisaient face à des difficultés d'accès au financement, ne recevant que 15,6% du total des crédits bancaires. Ce tissu économique est aussi caractérisé par un faible niveau de qualification qui limite les gains de productivité. Le document révèle, par ailleurs, la prédominance du secteur informel qui concerne 81% des TPME et 60% des emplois du secteur privé. En outre, près de deux tiers des salariés ne disposent pas de couverture sociale. La note relève les avancées réalisées dans le cadre du plan de relance économique pour faciliter notamment l'accès au financement des entreprises et renforcer le socle de protection sociale. Elle souligne les importants progrès du programme «Intelaka» relatif au déploiement d'instruments financiers adaptés aux besoins des TPME. Le document préconise, à cet effet, le renforcement, à court terme, des dispositifs d'accompagnement technique destinés aux entrepreneurs. Il appelle notamment à adopter une vision holistique et intégrée de la promotion de l'entrepreneuriat et des TPME afin de lever les contraintes structurelles. Pour soutenir la reprise, les institutions proposent d'inclure, dans chaque plan sectoriel de relance, des projets et programmes à fort potentiel d'impact sur la création d'emplois et de réaliser une revue à mi-parcours de la Stratégie nationale de l'emploi. Recommandations La note de la BAD et de l'OIT comporte de nombreuses recommandations pour atténuer les effets négatifs de la crise pandémique de Covid-19 et favoriser la relance de l'économie marocaine. Il s'agit, selon les responsables de deux institutions, de mesures additionnelles à celles qui ont été d'ores et déjà décidées. Dans le détail, il est question notamment d'activer le comité de veille du marché du travail au niveau national et créer des comités de veille du marché du travail aux niveaux régional et provincial en plus de la mise à jour de la Stratégie nationale de l'emploi et des plans régionaux de l'emploi. Les responsables recommandent également d'identifier avec les CRI, l'INDH, les départements sectoriels et les collectivités territoriales les niches porteuses pour la création d'emplois et d'entreprises par secteur. Dans le domaine de l'emploi, il est recommandé d'élargir l'offre de services d'intermédiation de l'emploi de l'Anapec en coopération avec les collectivités territoriales et dans les périphéries urbaines et les souks ruraux.