Le projet de loi de Finances 2023 tiendra compte exceptionnellement de la hausse du billet vert face à la monnaie européenne Toute appréciation du dollar US par rapport à la monnaie de la zone euro a automatiquement des répercussions sur l'économie marocaine. Et pour cause. La majorité des rentrées de devise marocaine se fait en euro. C'est plutôt rare. Le ministère de l'économie et des finances adapte ses prévisions pour l'exercice budgétaire prochain au taux de change du dollar américain face à l'euro. Depuis quelques semaines, la monnaie européenne enregistre pour la première fois, depuis des décennies, un recul face au billet vert. Quel rapport avec le Maroc ? Il existe en effet un lien étroit entre les deux. Toute appréciation du dollar US par rapport à la monnaie de la zone euro a automatiquement des répercussions sur l'économie marocaine. Et pour cause. La majorité des rentrées de devise marocaine se fait en euro. Il y a bien évidemment les transferts des MRE (Marocains résidant à l'étranger) mais également et surtout les exportations marocaines vers l'Europe payées bien évidemment contre de la monnaie européenne à quelques exceptions près. Car l'Union européenne est le premier partenaire économique et commercial du Royaume et la majorité des exportations et des commandes se fait à partir du Vieux Continent. A contrario, la majorité des sorties de devise marocaine et des importations se fait en dollar. C'est le cas pour les hydrocarbures, les céréales et une multitude d'autres produits. Un dollar plus cher que l'euro génère un coût supplémentaire pour les importations marocaines sachant que la conjoncture internationale et les hausses répétées du taux d'inflation ont déjà mis les trésoreries des entreprises et les bourses des ménages à rude épreuve. Face à cette situation, le département des finances va bâtir ses prévisions et hypothèses pour l'année prochaine non seulement en tenant compte du taux de change de la monnaie nationale, le dirham face aux devises étrangères, mais également et surtout du taux de change du dollar face à l'euro. Dans sa présentation devant les parlementaires, la ministre de l'économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, a signalé dans le cadre des hypothèses du projet de loi de Finances 2023 un taux de change de l'euro face au dollar de 1,044 €. Un dollar fort face à la monnaie unique risque de perdurer encore un peu selon les pronostics des analystes. Il faut dire que depuis le début 2022, deux événements font vaciller la monnaie unique. Il y a premièrement les tensions entre l'Ukraine et la Russie depuis février 2022, puis l'annonce, aux Etats-Unis, d'un plan de relance massif de l'administration Biden (nouvelle fenêtre) en mars 2022, certes réduit depuis. L'euro, proche de 1,2 dollar à ce moment, entre dans une dynamique baissière et franchit un premier palier à 1,13 dollar. Sur fond de perspectives des perturbations des livraisons de gaz sur le Vieux Continent et de la remontée des taux américains pour lutter contre l'inflation durant les mois d'été 2022, les places financières atteignent une relative stabilisation autour d'un euro pour un dollar en septembre 2022. Une situation inédite durant les 20 dernières années. La dépréciation de l'euro rend les importations d'énergie (gaz et pétrole) encore plus chères et contribue à l'accélération du taux d'inflation. Panier de devises En date du 13 avril 2015, le ministère de l'économie et des finances et Bank Al-Maghrib ont décidé d'actualiser les pondérations des devises du panier de cotation du dirham afin de refléter la structure actuelle des échanges extérieurs de notre pays. Les nouvelles pondérations sont désormais fixées à 60% pour l'euro et 40% pour le dollar US contre respectivement 80% et 20% auparavant. Lors de ce changement, l'actualisation des pondérations du panier est sans impact sur la valeur du dirham qui est globalement en ligne avec les fondamentaux de notre économie, comme en témoigne la dernière évaluation du FMI au titre de l'article IV pour l'année 2014. L'actualisation du panier du dirham devrait constituer un premier pas dans le processus de transition vers un régime de change plus flexible visant à renforcer la compétitivité de notre pays et la résilience de notre économie face aux chocs exogènes.