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Voir Sharm El Cheikh et mourir
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 16 - 01 - 2004

Vivant en France depuis l'âge de 7 ans, la Marocaine Fatima Hjiaj, 47 ans, figurait parmi les passagers du vol FSH 604 qui s'est “crashé“ samedi 3 janvier en mer Rouge à Sharm El Cheikh en Egypte. Histoire d'une tragédie.
Aïcha Brik n'arrête pas de pleurer. Et de gémir. Cette femme de Taza âgée de 78 ans, qui souffre d'hypertension artérielle, est inconsolable de la disparition tragique de sa fille. Fatima Hjiaj figurait parmi les 133 passagers français du vol FSH 604 qui a “crashé“ samedi 3 janvier en mer Rouge à Charm El Cheikh. Aucun survivant. Une grande tragédie. L'avion, un Boeing 737-300 de la compagnie égyptienne Flash Airlines, n'arrivera jamais à destination : l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle, le terminal des vols charters, où il était attendu en fin de matinée. La victime marocaine, qui habitait à Paris, était âgée de 47 ans. Cette épreuve a profondément endeuillé la famille de la défunte. Elle a fait quitter en catastrophe à Brik Aïcha son Taza natal pour la région parisienne (précisément à Chelles) où vit une de ses filles Nezha avec ses enfants. C'est S.M le Roi Mohammed VI qui a pris en charge les frais du voyage de la mère et donné ses Hautes instructions pour lui faciliter les démarches d'obtention du visa auprès des autorités consulaires françaises au Maroc. “ Que Dieu aide Sidna et le couvre de ses bienfaits“, dit-elle sans cesse en guise de reconnaissance du geste royal. Éplorée et à bout de force, Aïcha a fait malgré elle l'impasse sur le voyage de Charm El Cheikh où se sont rendus jeudi 8 janvier les familles des victimes pour faire le deuil des leurs. Seront présents, le frère aîné de Fatima et les enfants de cette dernière.
Terrible coup du sort. Fatima, morte dans le crash de Flash Airlines, n'aurait peut-être jamais passé les fêtes de fin d'année dans la station balnéaire égyptienne si un drame n'avait pas frappé sa famille quelques jours plutôt. La mort d'un être très cher pour elle. Il s'agit de sa tante Brik Zahra. Celle-ci était décédée d'une crise cardiaque le 27 décembre dernier à l'âge de 72 ans dans son domicile à Livry Gargon dans la région parisienne où elle est tenancière depuis quarante ans d'un café restaurant. “Fatima Hjiaj s'en veut terriblement car elle n'était pas à Paris au moment du décès de notre tante avec laquelle elle était fâchée, explique un membre de la famille. Elle se trouvait alors au Maroc et précisément dans sa ville natale de Taza où elle a passé les fêtes de Aïd Sghir avec sa mère”. Le corps de la défunte sera convoyé au Maroc pour être enterré dans la ville d'Oujda. Fatima assistera à l'enterrement mais elle n'avait pas la conscience tranquille. Elle aurait fallu qu'elle, Fatima, se rabiboche avec sa tante et soit à ses côtés à Paris au moment où elle se mourrait…C'est pour tenter d'oublier qu'elle achète un séjour à Charm El Cheikh. Le destin a voulu que son voyage d'agrément soit sans retour…
Les Hjiaj sont une famille modeste d'immigrés marocains issus de Taza et installés de longue date en France. Le père, Mohamed Hjiaj Ibn Touhami, décédé en 1983, était aide-soignant à l'hôpital Ibn Bahja dans cette ville de l'Est du pays. Bon père de famille, il éleva dans des conditions difficiles ses 8 enfants jusqu'à ce que Brik Zahra prenne le relais… À cette tante dont la mort de Brik Zahra a été durement ressentie par les membres de la famille Hjiaj, ces derniers doivent beaucoup. C'est elle qui les a emmenés l'un après l'autre en France. C'est elle qui les a élevés en les aidant à faire leurs premiers pas dans ce pays. C'est encore elle qui les a mariés . En un mot, cette tante courage, a été pour eux une seconde mère très attentionnée…
Installée en France depuis plusieurs décennies, Brik Zahra n'avait pas d'enfants pour cause de stérilité. De toute sa vie, elle s'est mariée à deux reprises. Mais à chaque fois le mari la quitte dès qu'il constate le défaut de procréation de sa conjointe. C'est pour cela qu'elle a reporté toute son affection et son amour sur les enfants de sa sœur Brik Aïcha. Fatima, celle qui est morte dans l'avion de Flash Airlines, Brik Zahra l'a prise à l'âge de 7 ans. De Taza à Paris.
La tante fera la même chose avec les autres frères et sœurs de Fatima qui pour la plupart n'ont pas terminé leur scolarité. Le premier à être expatrié à Paris par la tante est le frère aîné, Hjiaj Brik. Père de 3 garçons et de 2 filles tous mariés et installés en France, il gagne sa vie comme chef de chantier dans la peinture de bâtiment. Puis vient le tour de Abdesslam, père de 4 enfants, qui fait office de goudronneur dans une entreprise de Travaux. Allait suivre Abdenbi . Mais celui-ci reviendra en 1975 d'où il est venu. La tante avait peur qu'il lui crée des ennuis car l'intéressé n'était pas ce que l'on appelle une personne disciplinée. Agé aujourd'hui de 50 ans et sans emploi, Abdenbi languit à Taza comme ses deux jeunes frères Ahmed et Mustapha, diplômés chômeurs, que la tante projetait de faire venir en France.
En 1984, une autre sœur, Nezha, 40 ans débarque à Paris suivie plus tard de Zhor, 45 ans. L'une et l'autre, mariées avec des enfants, travailleront dans comme femmes de ménage chez des familles françaises.
Fatima Hjiaj, divorcée d'avec un Marocain vivant à Lille, fait le même boulot que ses deux sœurs jusqu'à il y a 8 ans. Elle devient alors concierge dans un immeuble de Villiers dans le 17ème arrondissement. Fatima ne savait ni lire, ni écrire. Sa tante qui l'a prise toute petite n'a pas pensé de la mettre à l'école en France. Mais Fatima ne manquait pas d'ambition. Elle décida sur le tard de suivre des cours d'alphabétisation à la mairie. Cette mise à niveau lui permit d'améliorer un peu sa condition sociale et de gagner en stabilité familiale. “ C'était une femme sympathique et énergique, qui aime voyager. Avant son dernier voyage en Égypte, elle avait séjourné à Agadir et Marrakech et visité des pays comme la Turquie“, témoigne sa sœur Nezha.
Doublement orphelins, les Hjiaj, leur mère et ses petits-fils sont inconsolables de la mort de Fatima et de leur tante.
Quant à Brik Aïcha, elle se trouve toujours chez sa fille du quartier Chelles. Chaque matin, paumes tournées vers le ciel, elle implore Dieu de lui donner la force nécessaire pour accomplir le plus vite possible le voyage de Charm El Cheikh à la mémoire de sa fille aînée…


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